Haro sur les retraités: Un mensonge cent fois répété devient il une vérité ?
Qu’un premier ministre aux abois prenne des libertés avec la vérité dans la présentation d’un plan d’austérité, même si on le réprouve, s’explique. Qu’un responsable de l’Office français des conjonctures économiques, l’OFC- Sciences Po, s’y prête est moins admissible.
Au matin du 16 août, à France culture, Mathieu Plane, pour justifier le projet Bayrou de suppression de l’abattement fiscal de 10% sur les retraites, a repris l’antienne des “frais professionnels”. Et effectivement on peut penser que revendiquer des frais professionnels pour les retraités est anormal.
Oui mais ces 10% —un éminent économiste devrait le savoir— n’ont rien à voir avec des frais professionnels ; ils ont été concédés, en 1978, par Raymond Barre alors qu’il avait modifié, au détriment des retraités, le calcul de leur retraite.
Mais un rapprochement a été fait avec les 10%, eux pour frais professionnels, des salariés. D’un rapprochement, on est passé à une assimilation, et aujourd’hui, passez muscade, on revient à l’antienne pour justifier un nouveau recul social !
Ce n’est pas la seule contre-vérité de ce “moment de vérité” revendiqué par le premier ministre dont on peut seulement relever que l’obsession de la dette est, il est vrai, très ancienne. Son évocation de la Grèce serait grotesque, si elle n’avait été motivée par une attaque hors de propos d’un gouvernement “de gauche et d’extrême-gauche”.
Le premier ministre, Churchill aux petits pieds, affirme que tout le monde se doit de participer à réduire cette dette obsédante. Pour autant il se refuse à toucher, d’une quelconque manière, les grandes entreprises et leurs actionnaires, s’enfonçant dans une désastreuse politique de l’offre, celle-là même qui a creusé cette dette et dont Joseph Stiglitz relève qu’elle agit au service des marchés financiers.
Dans ces conditions, s’attaquer aux retraités et aux plus démunis — avec l’année blanche sur les dispositifs sociaux— en se réclamant de la “vérité” montre une politique misérable. Ceci intervient à l’heure où on apprend que le taux de pauvreté a “gagné” près de 1% ; selon les économistes distingués, 1% ce n’est pas grand chose, mais cela représente des centaines de milliers de vies précaires, de familles brisées, d’enfants privés.
Rappelons, ici et maintenant, et pour ne prendre que deux exemples, le récent rapport sénatorial sur les 211 milliards d’aides aux entreprises, sans que l’essentiel en soit jamais justifié ; rappelons aussi la proposition de la CGT de rétablir les comptes sociaux par une stricte application de l’égalité des salaires hommes/femmes qui générerait de considérables cotisations.
Il faut espérer qu’une mobilisation sociale viendra se mettre en travers de cette politique désastreuse.