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Paris Habitat : un bailleur de moins en moins social
Au vu du peu de réponses apportées par la direction générale, nous comptons bien réitérer.
Paris Habitat est, en quelque sorte, le dernier grand bailleur social parisien auprès duquel les demandeurs de logement ouvriers, précaires, chômeurs, les familles nombreuses et les familles monoparentales ont une chance de trouver un logement dont le montant du loyer ne plombe pas trop leurs maigres ressources.
Or, demandeurs de logement et locataires peuvent constater que la situation est en train de se dégrader.
Le nombre d'attributions est ridicule par rapport à la demande. Les logements proposés sont de plus en petits : par exemple, les mères isolées se voient systématiquement attribuer des deux pièces, et donc pas de chambre pour elles, tandis que les enfants majeurs, même à charge, sont de moins en moins pris en compte dans la taille du logement attribué. De plus en plus souvent, les logements sont livrés avec d'importants travaux de rénovation intérieure à la charge du nouveau locataire. Il devient quasi impossible d'obtenir un changement de logement, lorsque la famille s'agrandit.
- Encore une fois, la crise du logement a bon dos : nous le dénonçons depuis longtemps, et cela se confirme, Paris-Habitat OPH, comme d'autres bailleurs, s'oriente vers une politique qui diminue l'offre de nouveaux logements, et l'argent du bailleur est utilisé pour des intérêts qui ne sont pas ceux de ses usagers.
Deux exemples permettent de se faire une idée de la situation et de la politique menée par la direction de Paris-Habitat OPH, sous l'égide de la Ville de Paris, qui contrôle le bailleur.
- Depuis trois ans, nous avons multiplié les actions concernant le nouveau siège social : jamais Paris Habitat n'a pu justifier le rapport entre le coût énorme de l'opération et son utilité. Aujourd'hui, un rapport de la Cour régionale des Comptes vient clore définitivement le débat : l'argument « écologique » ne tient pas, il n'y aura finalement pas d'économie d'énergie. L'argument de l'espace nécessaire aux salariés non plus, puisque Paris-Habitat OPH est obligé de recourir à la location de bureaux supplémentaires. Et ce ne sont pas les quelques logements sociaux construits sur l'ancien siège qui peuvent cacher la facture finale comprise entre 45 et 55 millions d'euros, lesquels auraient pu permettre bien des opérations de logements à bas prix.
Ce qui est fait est fait, mais les demandeurs de logement n'ont désormais aucune raison d'accepter les sempiternelles justifications de leur bailleur social qui voudrait bien faire plus en matière de logement, mais n'en aurait pas les moyens.
Ces moyens vont effectivement se raréfier dans les années à venir, mais parce que les caisses du bailleur, alimentées par les loyers et les fonds public sont siphonnées par la Ville de Paris.
En 2005, la SAGI, autre bailleur parisien, est démantelée en plusieurs morceaux : les logements sociaux proprement dits reviennent à la RIVP, la SNI devient majoritaire dans le capital et gère l'immobilier d'entreprise et les bureaux. Paris-Habitat OPH devient gestionnaire pour le compte de la Ville de Paris de 16 000 logements « intermédiaires », inaccessibles aux classes populaires.
- En résumé, Paris-Habitat OPH perçoit les loyers mais reverse de l'argent directement à la Ville de Paris.
Or, c'est une très mauvaise affaire pour Paris-Habitat OPH: en effet, celui-ci récupère un patrimoine au sein duquel des travaux très importants doivent être faits, notamment en ce qui concerne la rénovation des installations électriques. Et la convention signée avec la Ville de Paris implique tout simplement que les loyers perçus par Paris-Habitat OPH pour ces logements seront, à terme, inférieurs à ce que le bailleur social devra dépenser, entre le versement d'argent à la Ville et les travaux d'entretien !
Le résultat global de cette politique est simple : petit à petit, Paris-Habitat PH dispose de moins en moins de fonds propres pour la mise sur le marché de nouveaux logements, et pour pratiquer des loyers à bas prix.
La situation était déjà catastrophique. Le premier bailleur social ne répondait déjà pas aux besoins des demandeurs de logements, 120 000 au moins : elle va empirer.
Nous ne comptons pas laisser faire. Nous ne comptons pas laisser détruire le dernier grand bailleur social adapté à nos besoins !