Organisations
Parallélisme de la situation sociale de France Telecom et de Canal+ : une hérésie ?
« ... L'ére de la réduction des coûts à courte vue est terminée... »
Non, cette citation n'est pas de Bertrand Méheut, elle n'a pas été prononcée lors d'un récent comité d'entreprise de l'UES de Canal+ ou d'une réunion de négociation syndicale. Cette citation, c'est celle de Stéphane Richard le nouveau patron de France Télécom !
Prononcée dans une interview publiée vendredi 26 février par le journal Le Monde, Stéphane Richard évoque la situation du groupe dont il vient de prendre la direction et il réalise un premier diagnostic du malaise que traverse cette entreprise depuis plusieurs mois, après de nombreux suicides de salariés.
Que souhaite mettre en place le nouveau PDG de FT pour remédier à cette situation ?
D'abord, une réhabilitation du rôle des syndicats, avec l'ouverture de négocations sur le stress mais aussi des négociations sur l'organisation du travail, la fin des mobilités forcées etc.
Puis il poursuit en indiquant qu'il faut « redonner des marges de manoeuvre aux managers » et « renforcer la filière ressources humaines ».
Autre sujet abordé : les rémunérations
Changement total de paradigme sur le sujet, contrairement à ce que soutient mordicus une grande partie des dirigeants des entreprises françaises, il souhaite « remettre du collectif dans les rémunérations », « indexer la part variable des cadres, y compris celle des cadres dirigeants, sur les performances sociales de l'entreprise » et précisant : « Celle ci sera le reflet de la satisfaction des salariés dans leur travail... »
Si nous pouvions remplacer le nom de France Télécom par celui Canal+ et appliquer ces orientations dans notre groupe, nous pourrions considérer qu'un pas serait franchi dans la reconnaissance des difficultés sociales que rencontrent les 4 000 salariés de Canal+ dans l'exercice de leurs missions.
Aux mêmes maux, les mêmes remèdes
Sur le plan social, le parallélisme peut être troublant. Organisation sous tension, réduction des coûts, volonté d'accélérer les mobilités, gestion de court terme, manque de perspectives claires et partagées, management dubitatif, stress en augmentation sensible... Tous ces maux que la CFE CGC ne cesse de porter au devant de la scène sociale depuis des mois et qui participe de la dégradation du climat social.
Nous savons combien de salariés souffrent de cette situation. Nous en accompagnons suffisamment pour le savoir, pour toucher de près l'incompréhension, le désarroi, parfois la détresse !
Cette situation n'est pas irrémédiable !
Nous demandons l'assouplissement des politiques drastiques de réduction des coûts au profit de l'investissement et du recrutement, nous demandons le respect des salariés dans leur volonté de gérer leur mobilité, d'accompagner sereinement leur gestion de carrière. Nous revendiquons la reconnaissance de la compétence et pas le seul asservissement au résultat financier. Nous revendiquons le retour du manager comme élément central de l'organisation, en lui redonnant le pouvoir qu'il n'aurait pas dû perdre dans la gestion des équipes et des business. Nous réclamons, dans certains secteurs d'activités de CANAL+, le retour à leur rôles premier des services supports, notamment de la DR(H), celui qui leur est normalement dévolu, comme le soutien au management, le soutien aux salariés, la médiation lorsque cela s'avère nécessaire etc plutôt que l'ingérence permanente et contre-productive dans la production !
Rien de tout cela ne semble être à l'ordre du jour en ce début d'année 2010, et nous le regrettons. Dans ces conditions, nous considérons que la situation sociale des salariés de Canal+, notamment la position de l'encadrement, va continuer de se dégrader !
+ 30 millions d'euros !
Lorsque l'on sait que le résultat financier va devoir progresser de 30 millions d'euros en 2010, on reste songeur, mais aussi inquiet sur les conséquences humaines et sociales de ces choix !
Bertrand, vos salariés, vos cadres attendent une explication de texte franche et limpide. Ils attendent une clarification sur les choix et la stratégie de notre entreprise pour les 3 à 5 ans à venir, à l'heure des grands bouleversements technologiques qui nous concernent en priorité, alors que le marché de la Pay TV française se complique et se ramifie à vue d'oeil, alors que les développements internationaux balbutient, alors que des choix stratégiques d'envergures sont à l'oeuvre chez Vivendi !