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12 / 09 / 2008 | 16 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Non à Edvige : le succès d’une pétition en ligne et d’un maillage serré de l’information

Avec plus de 150.000 signatures enregistrées en l’espace de deux mois, le site du collectif « Non à Edvige » se révèle être un excellent catalyseur de l’opposition au décret du 27 juin actant la création de ce fichier global géré par la direction centrale de la sécurité publique.

Plus de 800 signataires se trouvent être des associations, des partis et des syndicats. Ils trouvent une place sur le site du collectif pour faire connaitre les actions engagées. Le maillage est bien en place avec le développement de collectifs locaux.

Une action en ligne qui a largement contribué à contraindre le chef de l’Etat de ne pas passer en force.

  • C’est le RAS (Réseau Associatif et Syndical) qui est à l’origine du site du collectif. Depuis 1996, ce réseau alternatif héberge informatiquement des dizaines d’associations et de syndicats en leur donnant les moyens d’échanger. Le coût : en fonction des moyens des adhérents à l’association. « Notre vision est celle d'un Internet pour les citoyens, qui soit un outil de communication et de lutte et pas de télé-achat »,  voilà pour l’approche revendiquée par le RAS.


La ministre de l’intérieur a annoncé sa volonté de rencontrer les organisations les plus représentatives sur ce dossier afin de clarifier les choses et s’entendre sur les données à retirer comme celles relatives à la santé ou encore au comportement sexuel. Pour la FSU, « ces discussions doivent associer l’ensemble des organisations qui ont déposé un recours commun (au Conseil d’Etat) le 29 août, et le Collectif "Non à EDVIGE" dont elles sont membres. ».

Le 29 août, 12 organisations, membres sur collectif, ont en effet déposé un recours auprès du Conseil d’Etat. La CGT, la CFDT, la FSU, l’Union Syndicale Solidaire, le Syndicat des avocats de France et enfin le Syndicat de la magistrature sont les six syndicats à avoir déposé ce recours au nom du collectif. Des syndicats au cœur d’une approche sociétale au côté d’associations comme Aides, Inter-LGNT, le collectif contre l’Homophobie et pour l’égalité des droits ou encore la LDH (Ligue des Droits de l’Homme). Le 9 septembre dernier, c’est à la bourse du travail que le collectif tenait sa conférence de presse sans FO, la CFTC, la CFE-CGC ni le moindre syndicat patronal…

Petits rappels sur Edvige

 

  • Ce fichier vise à « centraliser et d'analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l'exercice de leurs responsabilités. »
  • Il vise aussi à « centraliser et d'analyser les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public. »

Un mélange des genres qui permet au collectif de fédérer syndicats de salariés et associations contre les discriminations.

Les données concernées :

  • informations ayant trait à l'état civil et à la profession ;
  • adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;
  • signes physiques particuliers et objectifs, photographies et comportement ;
  • titres d'identité ;
  • immatriculation des véhicules ;
  • informations fiscales et patrimoniales ;
  • déplacements et antécédents judiciaires ;
  • motif de l'enregistrement des données ;
  • données relatives à l'environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle.


Les données collectées sur les personnes qui ne sont pas susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ne doivent pas concerner le « comportement » et les « déplacements. »

Selon son profil, un responsable syndical pourra ainsi être fiché dans Edvige avec plus ou moins de données en réserve…


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La Confédération Force Ouvrière a été reçue ce jour en même temps que toutes les organisations syndicales et patronales par Mme Alliot-Marie, Ministre de l’intérieur, au sujet du fichier EDVIGE. FO ne sort pas rassurée de cette réunion. Elle constate que le Ministère n’a pas pris conscience de l’ampleur des risques induits par le fichage. FO dénonce le fait que les représentants du gouvernement mélangent les concepts de prévention et de répression, au détriment du principe républicain de la présomption d’innocence. Ce ne sont pas des déclarations de bonnes intentions qui protégeront les citoyens d’une utilisation abusive des fichiers. FO conteste le fait que le ministère s’obstine à passer par la voie du décret pour mettre en place le fichier. FO a fait savoir à la Ministre de l’intérieur qu’elle demandait que le décret du 27 juin 2008 soit immédiatement abrogé. Pour FO, seule une loi peut être garante du respect des libertés fondamentales des citoyens. Dès réception du nouveau projet de décret, que le ministère était d’ailleurs réticent à transmettre, FO se réservera la possibilité d’intenter un nouveau recours devant le Conseil d’Etat.