Libérer la parole pour progresser tous ensemble : l’expérimentation du CNAM doit perdurer et se généraliser à l'usine Flins de Renault
Le conflit, la confrontation des idées, la parole libérée pour progresser tous ensemble… Telles sont les bases de l’expérimentation lancée il y a plus de deux ans par l’équipes du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) au sein de notre usine de Flins.
L’idée est limpide : elle part du principe que si nous réalisons un « travail de qualité », alors nous sommes en bonne santé psychique et physique. Pour soigner les gens, il faut soigner le travail, tel est son slogan. Il faut dès lors être en capacité de discuter et se disputer dans le sens premier du terme sur la qualité du travail. Car ce sont bien les acteurs de terrain, nous les ouvriers, techniciens et chefs d'unité élémentaire de travai (CUET) qui connaissent le mieux le travail au quotidien.
Il faudra ensuite étudier et/ou inventer les organisations du travail qui permettent et favorisent la production de ce travail de qualité. Cette démarche nouvelle doit permettre de porter tous ensemble les sujets et les difficultés rencontrés et de les résoudre rapidement.
Ce dispositif dérangeant doit permettre d’écrire l’avenir. Il nous faut donc tous, salariés, responsables et organisations syndicales, réfléchir aux conditions dans lesquelles ce débat sur les critères de qualité du travail seront réalisés, puis réfléchir ensuite aux organisations du travail qui stimuleraient naturellement le travail de qualité.
L’expérimentation à la croisée des chemins ?
L’équipe du CNAM a officiellement terminé sa mission depuis juillet, même si elle est encore dans nos murs pour apporter son aide et son expérience. Les acteurs sont en places, les « référents » sont désignés. Or, si les salariés (Renault ou intérimaires) de Flins laissent en majorité entrevoir une satisfaction de pouvoir s’exprimer sur leur travail, il devient évident que le mal dont souffre l’usine ne pourra être supprimé sans une prise en compte des difficultés rencontrées par les chefs d’UET et sans une stabilisation des organisations, en particulier une stabilisation des lignes managériales.
- Proche de Paris, l’usine de Flins est le tremplin pour tous les parcours de carrières. Les « chefs » se succèdent à une telle vitesse que le chercheur du CNAM, Jean-Yves Bonefond, à l’issue de deux ans de travaux, était en septembre 2014 le plus ancien du secteur, avec quelques intérimaires partis depuis...
La CFDT a porté seule, le volet « qualité de vie au travail » dans l’accord de compétitivité du 13 mars 2013 et elle a encore été la seule à ne pas accepter que les « référents » sur les chaînes de montage ne soient pas des élus du personnel. Le mélange des genres n’est jamais bon et les droits et devoirs des uns et des autres sont incompatibles, même s'ils sont complémentaires.
Cela fera deux ans en mars que nous avons présenté à la direction générale notre vision de la QVT et une méthode qui se rapproche de la démarche du CNAM. D’où notre soutien depuis le début à cette démarche.
Mais deux points sont mis en exergue, depuis le début de nos discussions : le premier concerne la stabilité des organisations et le second le pouvoir et les moyens redonnés aux chefs d’UET…
Rien n’a été fait depuis. L’usine ressemble de plus en plus à un hall de gare dans lequel les trajectoires professionnelles se croisent, les responsables passent et marquent les lieux de leur empreinte par « des actions en lien avec les performances », sans souci du lendemain et surtout sans souci des salariés qui subissent ces incessants changements d’organisation. « Après moi le déluge », serait-on tenté de dire.
Cela suffit ! Le temps presse et le risque de constater un rejet de la part du personnel est grand. L’arrivée de nouvelles activités, grâce à l’accord de compétitivité (Clio haut-de-gamme, future Micra…) demande encore plus de rigueur et donc encore plus de dialogue et de confiance entre les salariés (avec leurs organisations syndicales) et la direction. C’est vital pour la réussite des projets.
La mise en place de l’équipe de nuit, suite aux âpres discussions pour ne pas faire disparaître la deuxième équipe au retour des vacances, est un signe que le dialogue social peut et doit apporter un mieux.
Il faut donc maintenant continuer dans ce sens et donner de surcroît les moyens aux CUET (mais aussi aux autres niveaux de la hiérarchie) de faire leur travail avec les référents pour améliorer, les conditions de travail, la qualité de vie au quotidien… Pour arriver à une vraie « qualité du travail » dans notre usine, créer des emplois et dessiner et imaginer un avenir à notre usine.
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