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06 / 12 / 2017 | 79 vues
Laurent Aubursin / Abonné
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Les salariés de Castorama et Brico Dépôt s’adressent au Président de la République

Les salariés de Castorama et Brico Dépôt (filiales du groupe britannique Kingfisher) s'étaient mobilisés le 1er décembre contre la délocalisation en Pologne de services administratifs de leurs entreprises. Ils ont adressé une lettre ouverte au Président Emmanuel Macron pour que le gouvernement intervienne contre « la fuite du travail ».

Les salariés de Castorama et de Brico Dépôt attendent du gouvernement qu’il mette tout en œuvre pour le maintien de l’emploi sur notre territoire. D’autant que Kingfisher a largement profité d’exonérations fiscales, financées par l’ensemble des contribuables, peut-on lire dans le courrier qu’ils ont adressé au Président Emmanuel Macron, signé par l’ensemble de leurs délégués syndicaux centraux (FO, CFDT, CGT, CFTC et CFE-CGC).

30 millions encaissés au titre du CICE et bye-bye

Le groupe britannique a encaissé 30 millions d’euros d’aides publiques dans l’Hexagone au titre du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) pour la seule enseigne Castorama.

Mais le 8 novembre, les salariés de Castorama et de Brico Dépôt n’en ont pas moins brutalement appris que les services de comptabilité et de gestion de leurs entreprises devraient être délocalisés à Cracovie, en Pologne, fin 2018. L’annonce a fait l’objet d’un simple communiqué vidéo de la directrice française du groupe.

500 emplois pourraient disparaître

Les syndicats craignent que les délocalisations ne menacent des centaines d’emplois. Selon le syndicat FO, environ 500 postes pourraient être supprimés au total dans les deux enseignes.

De son côté, la direction a refusé de donner des précisions sur le nombre exact d’emplois affectés, se contentant d’annoncer qu’elle apportera des réponses précises ces prochains mois. En attendant, chaque salarié n’aura qu’à vivre la boule au ventre, dans l’attente de savoir quel sort lui est réservé…

La colère est d’autant plus vive que le groupe est bénéficiaire. L'objectif est d'avoir des salariés à bas coût pour augmenter les dividendes des actionnaires

Pire, le syndicat explique que cette restructuration n’est que le début d’un vaste plan baptisé « one Kingfisher » qui a pour ambition de ramener 700 millions d’euros supplémentaires de dividendes aux actionnaires à l’horizon 2020 en sacrifiant les salariés qui sont priés de devenir low cost. Après les métiers de la comptabilité et du contrôle de gestion, d’autres seront vraisemblablement appelés à disparaître dans les établissements du groupe, dans un avenir plus ou moins proche.

FO pointe aussi les ordonnances sur la réforme du code du travail qui encouragent les délocalisations et la perte d’emplois en France puisque c’est désormais le périmètre d’activité national et plus international d’un groupe qui est pris en compte pour apprécier les circonstances économiques qui pourraient justifier des suppressions d’emplois.
Une mobilisation au-delà des salariés immédiatement concernés.

Les salariés se sont donc mobilisés le 1er décembre, bien au-delà du siège social, à Templemars, dans le Nord, où se concentre au moins la moitié des emplois immédiatement menacés.

Des débrayages, des rassemblements et des distributions aux automobilistes et aux clients de tracts et de la lettre ouverte envoyée au Président Emmanuel Macron ont eu lieu dans les magasins, sur l’ensemble du territoire.

Cette mobilisation fait écho à celle des agents de l’énergéticien Engie qui, il y a quelques jours, étaient en grève contre les délocalisations de leurs services de clientèle dans plusieurs pays étrangers.

De fait, les cas d’entreprises qui délocalisent leurs activités de support [1] se multiplient, constatent plusieurs économistes. Aujourd’hui, en France, la proportion d’emplois du secteur des services potentiellement délocalisables est évaluée par l’un d’entre eux (El Mouhoud Mouhoud [2]) à environ 30 %. De quoi nourrir encore beaucoup de colère.

[1] Les services dits « de support » sont les ressources humaines, les systèmes d’information, l’immobilier, la logistique, les finances, les affaires juridiques, les achats et la communication.
[2] Professeur à l’université Paris-Dauphine, auteur de Mondialisation et délocalisation des entreprises, éditions de La Découverte.

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