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« Les indicateurs de la santé doivent intégrer les parties prenantes de l’entreprise »
Interview de Jean-Pascal Gond, professeur adjoint à HEC Montréal où il enseigne et conduit ses recherches sur la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) et auteur de Gérer la performance sociétale de l'entreprise, l'un des huit ouvrages sélectionnés dans le cadre du Prix Malakoff Médéric pour l'innovation en santé au travail dont le Miroir Social est partenaire.
- Retrouvez les interviews des sept autres auteurs ou co-auteurs et les présentations de 3 projets de recherche sur le site dédié au prix où vous pouvez voter pour l'ouvrage et le projet de recherche que vous jugez les plus intéressants.
Quelle est la place de la santé en matière de responsabilité sociale des entreprises ?
La santé apparaît encore peu valorisée dans le champ de la RSE car les indicateurs associés sont exclusivement axés sur les salariés. Ils n’ont pas une dimension sociétale et ne permettent pas toujours de faire le lien avec la performance économique. Les champs à explorer sont pourtant très importants, comme le suggérait récemment Jeffrey Pfeffer, en avançant la notion « durabilité humaine » (human sustainability) qui s’oppose à une vision purement environnementale du développement durable et invite à tenir compte des conséquences de l’activité de l’entreprise sur son environnement humain entendu au sens large.
Comment aller plus loin sur les indicateurs de la santé au travail ?
Il est essentiel de se donner les moyens de mesurer les effets des décisions RH sur la santé des parties prenantes que sont les résidents d'un bassin d'emploi ou les conjoints des salariés par exemple. Il faut avoir une vision plus large de l’impact des entreprises sur la santé, qui aille au-delà du contexte de travail. Il est possible d’aller très loin. Cela pourrait conduire à mesurer les conséquences des conditions de travail sur les indicateurs santé d’une communauté locale (ex. : morbidité, mortalité) ou, pourquoi pas, les taux de divorces des salariés par exemple.
Faut-il nécessairement en passer par l’élaboration de nouveaux indicateurs ?
Les entreprises ne gèrent que ce qu’elles mesurent. Le cas des risques psycho-sociaux est très parlant. Il a bien fallu qu’un ministre du travail mette en ligne pendant 24 heures un site avec des feux rouge, orange et vert associés à une liste d’entreprises pour que de nombreuses directions commencent à se gratter la tête et à mettre en œuvre des démarches, alors que la série de suicides de salariés de France Télécom avait envoyé un signal fort aux entreprises françaises depuis de nombreux mois. Les systèmes de classement et de mesure contribuent à créer ce type de dynamique, même si les effets potentiellement pervers des indicateurs de mesure (manipulation possible, stratégie d’adaptation des acteurs etc.) doivent toujours être reconnus et intégrés.
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