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25 / 07 / 2008 | 51 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Les freins à la pluridisciplinarité

Les IPRP (intervenants en Prévention des Risques Professionnels) se comptent encore sur les doigts de la main dans les SST. Les raisons sont multiples. La première est financière. « Actuellement les services attendent les départs à la retraite des médecins pour recruter des IPRP », remarque Mireille Chevalier, secrétaire générale du Syndicat national professionnel des médecins du travail (SNPMT).

Freins culturels


Les freins sont tout aussi culturels. Les médecins du travail craignant en effet de perdre du pouvoir face à la montée en puissance des IPRP qui s'annonce. L’indépendance relative de ces nouveaux acteurs de la santé au travail à l’égard des employeurs est considérée comme un risque par certains médecins du travail. Les habilitations d'IPRP obtenues par les ergonomes, psychologues, sociologues ou hygiénistes auprès des CRAM (Caisse Régionale d’Assurance Maladie) et des ARACT (Association Régionale pour l’Amélioration des Conditions de travail) ne font pourtant pas l’impasse sur l’obligation d’indépendance.


« Nous adaptons notre convention collective pour qu’elle favorise cette pluridisciplinarité " - Gabriel Paillereau, CISME.Le plus souvent, c’est comme intervenants externes  que les IPRP interviennent pour le compte des SST. Une façon de maintenir un lien de subordination. Mais pour les IPRP recrutés comme permanents la question du lien hiérarchique se pose avec les médecins du travail. Pourquoi un IPRP en ergonomie ou en psychologie, au moins aussi diplômé qu’un médecin du travail, serait-il automatiquement placé sous la responsabilité de ce dernier ?

« Nous adaptons notre convention collective pour qu’elle favorise cette pluridisciplinarité. Cela passe par un repositionnement des métiers et des évolutions de carrières plus larges », explique Gabriel Paillereau, le Délégué général du CISME, l’Association nationale représentant les directions des Services interentreprises de Santé au Travail (SIST).

Pas de suivi longitudinal


La pluridisciplinarité passe aussi par un renforcement des liens avec les CHSCT, par exemple. La loi pourrait rendre obligatoire la transmission des rapports et autres fiches d’entreprise des médecins du travail à cette instance représentative du personnel. « Les élus des CHSCT ont parfois des difficultés à comprendre que les médecins du travail sont aussi leurs interlocuteurs. Beaucoup de médecins du travail leur transmettent déjà leurs recommandations sans être obligés de le faire », raconte Mireille Chevalier.

La pluridisciplinarité est une chose mais il faut bien avoir en tête que les dossiers médicaux des salariés ne peuvent même pas être partagés entre les médecins, qu’ils soient du travail ou de ville. Le suivi longitudinal de salariés de plus en plus mobiles est impossible. L’un des freins à la mise en place du dossier médical dématérialisé et partagé tient à cette notion d’avis d’inaptitude que peut comporter un dossier sans le consentement du salarié. La réforme de la réforme propose un avis de contre-indications. « Les contestations des avis d’inaptitudes par les salariés sont très rares. Il faut donc que l’avis ne soit rendu qu’avec le consentement de la personne concernée », estime Mireille Chevalier. 

A chacun son approche des risques psychosociaux

« Il ne doit pas y avoir de confusion de rôle: le médecin ne doit pas se prendre pour un syndicaliste, pas plus qu'un syndicaliste ne doit se prendre pour un médecin » - Patrick Légero, Stimulus.


A l’heure où les directions des grandes entreprises s’adressent de plus en plus à des cabinets spécialisés pour se donner les moyens de comprendre et de prévenir les troubles psychosociaux, la capacité à faire circuler les informations entre les différentes parties prenantes est essentielle. Une autre dimension de la pluridisciplinarité. « Il ne doit pas y avoir de confusion de rôle: le médecin ne doit pas se prendre pour un syndicaliste, pas plus qu'un syndicaliste ne doit se prendre pour un médecin. Cette confusion peut s’amplifier sur un sujet comme celui de la santé mentale où la formation des médecins est faible. Raison de plus pour les impliquer dans les démarches que nous conduisons à la demande des directions. Les médecins du travail sont très indépendants et chacun a ses petites recettes. Cela peut poser des problèmes de coordination », explique Patrick Légeron, le fondateur du cabinet Stimulus et co-auteur du rapport sur le stress au travail, remis à Xavier Bertand en mars dernier.

La reconnaissance de la problématique des risques psychosociaux atteste d’un clivage entre les approches des médecins du travail très axées sur l’organisation du travail et celle des cabinets de psychologie qui se focalisent sur l’individu. Les moyens pour mesurer le stress n’ont pas grand chose à voir. Selon Elisabeth Font Thiney, médecin du travail à l'AST Grand Lyon, « cette approche individuelle doit pouvoir s'accompagner d'une approche collective, meilleurs moyens d'objectiver, de rendre publiques les atteintes à la santé mentale et d'amener les employeurs à une réflexion sur leur responsabilité et les moyens à mettre en place pour une prévention plus efficace. »

En attendant les médecins du travail restent attachés à un système médicalisé. « Cela est d’autant plus nécessaire avec le vieillissement de la population active. Je crois beaucoup au rôle que vont jouer les infirmiers en santé au travail », souligne Gabriel Paillereau. Si les services internes de santé des grandes entreprises sont obligés d’employer des infirmiers en santé au travail, les SST n’ont aucune obligation à agir de la sorte.



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