Dans un arrêt du 13 février dernier, la Cour de Cassation a rendu un avis définitif : les parachutes dorés d’un montant global estimé à 60 millions d'euros accordés à une dizaine de cadres de Canal+ sont maintenant sanctuarisés.

« Un recours manifestement irrecevable ou dénué de moyens sérieux » : c’est dans ce langage juridique, digne de notre République, que la Cour de Cassation met fin à dix années de procédure voulue par Bertrand Meheut, président du groupe Canal+.

Souvenirs, souvenirs…

C’était il y a dix ans, une éternité dans le monde des médias. Canal+  était alors au bord de la banqueroute. Cinq milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 5 milliards d’euros de dettes, la cessation de paiement n’était pas loin.

• À cette époque, les dirigeants de la chaîne valsaient à un rythme soutenu. Après l’éviction de Xavier Couture, Bertrand Meheut mettait la main sur l’entreprise et découvrait que plusieurs dizaines de cadres avaient quittés le groupe en empochant au passage de juteux parachutes dorés… 

Ni une, ni deux, notre nouveau patron décidait d’engager la « bataille morale » contre ceux qu’il considèrait comme des profiteurs alors qu’ils auraient laissés l’entreprise exsangue. N’était-il pas nécessaire de porter en justice cette affaire alors que plusieurs centaines de salariés ont été licenciés à cette époque, que des centaines d’autres étaient « externalisés » avec leurs activités ?

Après des années de palabres juridiques le verdict est tombé : circulez et laissons tranquille ces anciens dirigeants aujourd’hui recasés pour la plupart dans de grandes entreprises. Le jugement n’est pas encore disponible, il sera intéressant de se pencher sur ses attendus.

Les plus à plaindre seront les salariés de Canal+. À l'époque, nous avions proposé que le retour hypothétique de ces dizaines de millions d'euros dans la poche de Canal+ fassent l’objet d’une distribution aux 4 000 salariés du groupe. Cette suggestion avait été écoutée avec attention par l’ancien DRH de Canal+...
 
Fin de l’illusion et de l'espoir. Dommage, car le retour de ces 60 millions d'euros aurait été 20 fois le budget d’augmentation de la masse salariale de cette année. Une bouffée salutaire alors que les maigres augmentations distribuées pour 2013 sont particulièrement mal vécue par une grande partie de l’encadrement. Ajoutons à cela, un plan social qui ne dit pas son nom et une nouvelle année de politique budgétaire simplement orientée économies.

Alors que Bertrand Meheut s’apprête à passer la main, il partira sur une déception.