L'utopie du travail à distance devient réalité...
Encadré par la loi depuis 2012, le télétravail est désormais un acquis dans de nombreuses entreprises. Mais d’autres formules de travail à distance commencent à émerger à travers le co-working.
Longtemps resté inoccupés, les logements jadis réservés aux cheminots dans les gares sont en train de renaître dans le cadre d’un projet de « bilocalisation » lancé en 2012 sur le réseau transilien. Le principe est de proposer à des cadres administratifs de la SNCF de venir travailler jusqu’à deux jours par semaine dans une gare proche de leur domicile afin de limiter les temps de transport jusqu’à leur lieu de travail habituel. Ancien adjoint au directeur financier de SNCF transilien, Robert Piana œuvre aujourd’hui au développement de cette formule qui bénéficie pour l’instant à une quarantaine de salariés dans une dizaine de gares franciliennes et a également été déclinée en Bretagne. « Au-delà de la valorisation de locaux vacants et de la réduction des temps de transport, le dispositif présente un autre intérêt. Les salariés « bilocalisés » ont été formés afin d’apporter un appui à leurs collègues en gare pour guider les voyageurs en cas de perturbation », précise-t-il. La SNCF transilien répond ainsi à une demande du Syndicat des transports d’Île-de-France sur le renforcement de la présence en gare, tout en recréant des liens entre ses équipes de terrains et un personnel administratif souvent éloigné du ferroviaire.
Cette nouvelle offre de travail à distance, proposée comme une alternative au télétravail plus classique (également déployé par la SNCF), ne constitue qu’une dimension du projet. Car, pour amortir les coûts de réaménagement des locaux, Robert Piana mise aussi sur l’ouverture des gares à d’autres entreprises intéressées par la mise en place d’espaces dits de « co-working ».
Une grande variété de « tiers-lieux »
Imaginées au départ dans un esprit très « Silicon Valley », par des travailleurs indépendants en mal de relations sociales, ces communautés de travail réunies au sein de « tiers-lieux » ne sont aujourd’hui plus réservées à une poignée de geeks nourris de rêves californiens. Confrontées à la fois aux enjeux liées à la mobilité, à la qualité de vie au travail et aux nouvelles possibilités offertes par la culture numérique, des employeurs (par ailleurs sensibles au prix du mètre carré de bureau…) commencent à s’intéresser à ces possibilités de travail hors les murs. En 2014, Schneider Electrics, Colliers International, SteelCase et la Fonderie (l’agence publique numérique d’Île-de-France) ont ainsi participé à une expérimentation proposée par LBMG Worklab, une société spécialisée dans le conseil sur le travail à distance. « Pendant neuf mois, 50 salariés volontaires ont testé 35 tiers-lieux d’Île-de-France, détaille Nathanaël Mathieu, co-fondateur de l’agence. L’objectif était notamment de montrer l’intérêt de la formule en termes de performances et de bien-être mais aussi d’établir des profils de salariés en regard des différents lieux de travail à distance proposés ». Car, en matière de « co-working », l’offre est déjà très diversifiée entre les« smart work centres » proposés par les centres d’affaires, les lieux plus communautaires, fidèles à l’esprit pionnier, ou les espaces nomades dans les hôtels… « Certains lieux sont très calmes, d’autres plus conviviaux mais tous sont exclusivement consacrés au travail et équipés en conséquence », souligne Nathanaël Mathieu, également à l’origine de la plate-forme neo-nomade.com, qui recense l’ensemble de ces espaces en France.
S’il est encore très marginal, le « co-working » est assurément appelé à connaître un développement rapide, de la même manière que le télétravail qui constituait encore une utopie il y a quelques années.
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