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L'économie numérique : le rôle majeur des services de Bercy
L’économie numérique recouvre un vaste ensemble d’activités allant du commerce aux services, en passant par l’industrie, et dont la croissance est fondée sur l’innovation et le développement des technologies et des infrastructures.
Dans ce domaine, Bercy joue un rôle de tout premier plan. La revue Échanges a fait un large tour d’horizon sur le sujet, qu'elle nous a autorisés à reprendre dans nos colonnes.
L’économie numérique ne se limite pas à un secteur d’activité en particulier. « On devrait plutôt parler de « numérique dans l’économie » pour qualifier l’ensemble des secteurs qui s’appuient sur les services et technologies de l’information et de la communication (STIC) », relève l’observatoire du numérique, chargé de recenser et analyser les données de ce secteur.
La fabrication d’équipements de télécommunications, de composants électroniques, d’équipements électroniques grand public (comme les smartphones ou les tablettes tactiles) et d’ordinateurs, l’édition de logiciels, les industries du jeu vidéo et de l’image animée, les services de télécommunications et les services informatiques constituent le cœur producteur de l’économie numérique, mais la « révolution numérique » touche tous les secteurs de l’économie.
Les acteurs de l’économie numérique
L’observatoire du numérique distingue quatre catégories d’acteurs composant cet univers multiple. Première catégorie, les secteurs producteurs des STIC, dont les activités s’exercent dans les domaines de l’informatique, des télécommunications et de l’électronique, et dont la valeur ajoutée représentait 74 milliards d'euros en 2010. La nouvelle économie ensuite, dont l’activité est consécutive à l’émergence des STIC (services en ligne, jeux vidéo, e-commerce, médias…). Son chiffre d’affaires représentait en 2012, 45 milliards d'euros pour le commerce électronique BtoC1 et 94,5 milliards d'euros pour le commerce BtoB2 (via l’internet).
Ensuite, l’observatoire du numérique recense les secteurs économiques utilisateurs des STIC, qui gagnent en productivité grâce à elles, mais dont l’activité préexistait à leur émergence, telles les banques, les assurances, l’automobile, l’aéronautique, la distribution, l’administration ou encore le tourisme.
Enfin, vient le grand public, qui utilise les STIC dans ses activités quotidiennes, pour les loisirs, la culture, la santé, l’éducation, la banque ou les réseaux sociaux. Des clefs pour comprendre.
La DGCIS au cœur de la politique numérique
À Bercy, le Ministère du Redressement productif assure la « tutelle » de la plupart des secteurs qui produisent des biens et des services numériques, grâce à l’appui de la direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS) qui conçoit et met en œuvre une politique visant à accroître la compétitivité de la France grâce au développement et à la diffusion des services et technologies de l’information et de la communication.
Son action s’articule principalement autour de trois priorités : développer l’offre en matière de STIC (notamment en soutenant la recherche et développement et l’innovation), favoriser la diffusion des STIC dans les entreprises et veiller au développement équilibré du secteur des communications électroniques dans l’intérêt des utilisateurs.
L’objectif est de favoriser le développement des secteurs de l’économie numérique qui constituent une part importante de l’économie nationale. Mais c‘est aussi de tirer tout le bénéfice possible du caractère « diffusant » du numérique en facilitant la dissémination des technologies et services numériques dans les entreprises.
« Si chaque ministre reste responsable du développement du numérique dans le domaine dont il a la charge, le ministère a une fonction d’impulsion et de coordination de l’action du gouvernement dans le domaine du numérique », explique Pascal Faure, directeur général de la compétitivité de l’industrie et des services (DGCIS). Fleur Pellerin, la ministre déléguée chargée de ce secteur, a ainsi piloté la préparation de la feuille de route du gouvernement pour le numérique dans le cadre des objectifs fixés par la « stratégie numérique pour l’Europe en 2020 » et présentée fin février par le Premier Ministre.
Trois objectifs prioritaires
Les principaux chantiers en cours ou à venir s’orientent autour de trois axes prioritaires.
- Premier objectif, le très haut débit.
L’idée est de déployer des réseaux à très haut débit, fixes, comme la fibre optique, et mobiles, comme la 4G. « Le développement d’internet est l’un des phénomènes les plus marquants de la période actuelle », explique Pascal Faure.
Dans ce domaine, les chiffres donnent le vertige. Selon certaines estimations, le trafic internet va quadrupler d’ici 2015 et sa croissance ne semble pas près de s’arrêter. Pour absorber ce surcroît de trafic, mais aussi pour développer de nouveaux services, il nous faut passer du haut débit au très haut débit. « L’objectif est de s’assurer que la totalité de la population ait accès au très haut débit en 2022 », souligne Cécile Dubarry, chef du service des technologies de l’information et de la communication à la DGCIS.
- Le deuxième axe prioritaire est le développement des technologies numériques de demain.
« Dans ce domaine, notre principal levier d’action est le soutien à la recherche et au développement, à travers le programme des investissements d’avenir (PIA), les pôles de compétitivité, les programmes européens ou des outils plus sectoriels, comme Nano, centré sur les technologies les plus avancées de la nano-électronique », précise Pascal Faure.
Fin avril, a été annoncé un investissement de 150 millions d’euros consacré aux appels à projets « cœur de filière » du Fonds national pour la société numérique (FSN), créé dans le cadre du PIA, et destiné à développer quatre technologies stratégiques : les technologies du logiciel embarqué et des objets connectés et intelligents, les technologies de la sécurité des systèmes d’information, les technologies de calcul intensif et de la simulation et les usages du cloud computing et le big data.
- Enfin, le dernier chantier est d’importance puisqu’il concerne la diffusion du numérique dans les petites et moyennes entreprises, particulièrement créatrices d’emplois.
Pour cela, la DGCIS a mis en place plusieurs programmes. « Le plus récent est le programme « transition numérique », lancé en novembre 2012 », précise Cécile Dubarry. Si les entreprises françaises sont très bien équipées en outils numériques « de base », début 2012, 98 % d’entre elles disposaient d’une connexion internet haut-débit, elles restent timides dans les usages associés à ces outils de base.
Ainsi, toujours début 2012, seulement 64 % d’entre elles disposaient d’un site web et seulement 14 % vendaient par voie électronique. Ce déficit dans les usages les empêche de tirer le meilleur parti de leur investissement de base et, globalement, nuit à leur rentabilité et à leur compétitivité. Le programme « transition numérique » s’est donc fixé plusieurs objectifs : structurer la montée en compétence du réseau des « conseillers au numérique » au contact direct des chefs d’entreprise, constituer une base de connaissance pour ces conseillers, afin de les aider dans leurs actions auprès des chefs d’entreprises, notamment de TPE, et enfin fournir une meilleure visibilité sur les usages numériques dans les petites entreprises, et les freins à leur développement.
L’observatoire du numérique a été créé en novembre 2011 afin de rassembler, sélectionner et diffuser les informations statistiques les plus fiables et les plus complètes possibles sur l’économie numérique et l’utilisation des TIC par les particuliers, les entreprises et les administrations. Son rapport d’activité 2012 livre ses premiers résultats : définition du périmètre de l’économie numérique, recensement et analyse des données disponibles et, surtout, liste des indicateurs permettant de caractériser et de suivre le développement du numérique. La DGCIS assure le secrétariat du comité d’orientation stratégique et du comité exécutif de l’observatoire du numérique.
Le Conseil national du numérique dont l’objet est de favoriser et accompagner la croissance et l’usage du numérique dans la société française, est une commission consultative indépendante. Ses missions ont été redéfinies et étendues en décembre 2012. Son rôle est de formuler, de manière indépendante, et de rendre publics des avis et des recommandations sur toute question relative aux effets du numérique sur la société et sur l’économie. Il organise des concertations régulières, au niveau national et territorial, avec les élus, la société civile et le monde économique. Le gouvernement peut le consulter pour tout projet dans le domaine du numérique. En avril 2013, une formation élargie du Conseil national du numérique a été mise en place grâce à la nomination des représentants des assemblées parlementaires et des territoires.