Elle aide les établissements de santé et médico-sociaux en élaborant et en diffusant des recommandations et des outils leur permettant de moderniser leur gestion, d’accroître leurs performances, afin de maîtriser leurs dépenses. À cette fin, elle peut procéder à des audits de la gestion et de l’organisation de l’ensemble des activités des établissements de santé et médico-sociaux.

Ces études sont presque gratuites, comme l’a souligné cet article du Canard Enchaîné. Par exemple, la facture pour apprendre à la direction du centre hospitalier de Lens à gérer son personnel s’est élevée à 754 196 euros. Depuis, c’est comme avant.

• Ainsi fait l’Agence nationale de l’aide aux performances (l’ANAP) des établissements de santé et médico-sociaux.

« L'optimisation du temps des professionnels hospitaliers auprès du patient »

C’est donc tout naturellement qu’elle est venue présenter ses derniers travaux à la réunion de la commission nationale d'hygiène, sécurité et des conditions de travail (CHSCT), réunie le 11 octobre dernier au Ministère de la Santé.

Un beau support powerpoint pour présenter « l'optimisation du temps des professionnels hospitaliers auprès du patient »

Pour cette agence, il s’agit sans le dire, de boucher tous les trous qui pourraient s’apparenter à des moments inutiles pour la production des soins. Par exemple, les absences du personnel sont assimilées à du « temps gaspillé ». Dans les milieux spécialisés cela s’appelle du « lean management ». Une solution présentée sous forme de bouillie pour mieux prendre en main les rênes de la rigueur.

Pour justifier son intelligente réflexion, l'ANAP précise « qu’aucun dispositif d’évaluation du temps de travail n’existe aujourd’hui dans les hôpitaux, qui ont des difficultés à dégager et à faire valoir des axes d’amélioration interne ».

• Plus loin dans le support présenté, on peu lire : « Des dizaines d’emplois improductifs dans chaque établissement par manque de cohérence générant du CET, du stock d’heures supplémentaires et de l’intérim… »

C’est la loi HPST qui nous impose cette nouvelle agence au « service » de l’hôpital !

Le pire est à venir

Mais le pire serait à venir car cette agence projète de réaliser d’autres outils pour régler le problème des risques psychosociaux. On se demande pourquoi il a fallu deux ans de négociation dans la fonction publique pour négocier un outil au service de tous, alors que l’ANAP a tout prévu. Nous sommes (presque) convaincus qu’avec les outils de la marque déposée, ANAP, les risques psychosociaux seront rangés au rang des mauvais souvenirs…

• C’est donc avec la plus vive inquiétude que nous apprenons qu’une centaine d’établissements a téléchargé les outils de l’ANAP dont il faut rappeler qu’elle a été créée avec l’aide d’une équipe de Capgemini consulting pour répondre aux demandes du précédent gouvernement !

Plutôt que de réflechir avec son CHSCT, avec les équipes sur le terrain qui sont les aptes à discuter du travail et des remèdes qu’il faut apporter à ces maux, ces directions hospitalières se réfugient dans la simplicité mathématique de raisonnements métalliques.

Ce pourrait être de l’inaptitude à règler les problèmes, mais avec l’aide de l’ANAP cela devient de « l’anaptitude »!.