Organisations
Formation et éducation, une régression française
Peut-on donner des leçons d'écologie sans être soi-même éduqué ?
Alors que notre pays s’apprête à accueillir 40 000 représentants mondiaux pour parler climat, alors qu’une grande partie des maux dont souffre la terre sont dus à une éducation défaillante (mauvaise gestion des ressources, dégradation de l'environnement, mauvaise hygiène de vie, surconsommation chez les uns, surpopulation chez les autres, radicalisation religieuse…), nous avons de moins en moins de légitimité pour donner des leçons.
La formation disparaît en France sous les coups de la crise et de politiques court-termistes.
Depuis 2008 (le début de la crise) et 2012 (l’élection présidentielle), la France cède à la facilité et au court-termisme. Multipliant les mesures sociales vaines, diminuant continuellement notre effort de formation, finançant par la dette une administration centralisée, lourde et inadaptée (l’Éducation nationale), nous ne parvenons pas à admettre que beaucoup de nos difficultés actuelles (inflation des dépenses sociales, faibles capacités entreprenariales, étouffement de l’initiative individuelle par l’État) pourraient être dues à la piètre éducation dispensée aux Français depuis une quarantaine d’années.
La baisse drastique de l’effort de formation des entreprises depuis 2015 va handicaper notre pays pour des années.
En 2013, les pouvoirs publics ont décidé, pour des raisons sociales et politiques (diminution des droits des salariés en échange d’une baisse des cotisations formations des entreprises), de faire régresser les cotisations de formation au seuil minimal de 1971 soit à 0,8 % (ou parfois 1 %) de la masse salariale (contre 1,6 % pour la plupart des entreprises jusqu’à cette date).
La baisse de 60 % des cotisations obligatoires déstabilise toute la formation en France.
La forte baisse des cotisations de formation dans un pays qui a été habitué à ne payer que l’obligatoire, cette baisse conjuguée aux improvisations répétées d’un ministère du Travail censé mettre en œuvre un impossible et non financé compte personnel de formation (CPF) a contribué à massacrer le paysage (déjà fragile) de la formation professionnelle en France.
La France présente un environnement éducatif fortement dégradé :
- une école inadaptée au XXIème siècle (centralisation, pseudo-élitisme, découragement éducatif et faible efficacité de la dépense) : 2 millions de jeunes NEET errant dans les villes et les banlieues sans avenir économique, 200 000 jeunes supplémentaires tous les ans sans éducation ;
- un apprentissage en chute libre (baisse stupide des subventions en 2013 dans un contexte économique déjà difficile pour les PME/TPE ;
- la dégringolade de la formation des adultes : les entreprises désinvestissent dans les apprentissages s’en remettant à un virtuel et illusoire compte de formation hors d’usage sitôt mis en œuvre.
En septembre 2015, l’État a tenté le même coup avec les mairies : faire baisser la cotisation obligatoire de 20 %.
Présentée dans l’article 62 du projet de loi de finances 2016, la mesure prévoyait une baisse de 0,2 point (soit 20 %) du plafond de la cotisation due par les collectivités, qui n’auraient plus versé que 0,8 % de la masse salariale au CNFPT.
La réduction de cet effort minimal était présentée dans le PLF comme un allègement de charges équivalent à 68 millions d’euros « dans le contexte des baisses de dotations aux collectivités de 10,7 milliards d’euros sur la période 2015-2017 ».
Cette mesure a été finalement retoquée dans la nuit du 9 au 10 novembre par les députés qui ont rétabli la cotisation de 1 % pour le CNFPT (dont on peut par ailleurs s’interroger sur l’efficacité et la légitimité pour former, en dehors de toute concurrence, 1,8 million de salariés).
Donc, si la cotisation des mairies a été maintenue en l’état par les députés (et 1% de la masse salariale dans une grande organisation est bien évidemment très insuffisant pour déployer des formations de qualité), la mécanique politique et sociale à l’œuvre en France depuis 2012 est en revanche clairement démontée :
- on réduit les dépenses d’investissement (d’autant plus facilement que les investissements sont immatériels) ;
- on ne fait confiance qu’aux administrations publiques (l’Éducation nationale, le CNFPT) pour porter l’éducation, la culture ou la formation ;
- on proroge une vision dépassée du développement : centralisation, jacobinisme, planification par l’État, déresponsabilisation, règlementations sclérosantes…
Le changement, c’est dans les esprits qu’il peut se réaliser.
Pour préserver la planète, pour mener un développement harmonieux et respectueux, c’est sur l’intelligence humaine et la responsabilisation de chacun qu’il faudra s’appuyer et peut-être entendre cette petite voix pacifique du siècle précédent : « Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde » - Mahatma Gandhi.
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