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Écosyndicalisme : deux ans après la loi climat, quels retours d'expérience des représentant·es du Printemps écologique sur le dialogue social environnemental ?
Le Printemps écologique, premier éco-syndicat de son état a partagé son approche globale du syndicalisme et les actions engagées par ses élu·es dans le cadre d'un direct organisé le 22 juin avec Miroir Social.
Le Printemps écologique, le premier éco-syndicat a 3 ans d'existence et revendique ses 400 premiers adhérent·es. 2 ans après la loi climat, il affiche des élu·es dans une dizaine d'entreprises représentatives de tous les secteurs d'activité. "Dans les grandes entreprises, nous ne sommes pas concurrents des syndicats déjà en place mais agissons en complémentarité pour faire évoluer les modèles de production et d'organisation. Nous avons d'ailleurs été déjà sollicités par des fédérations syndicales et des CSE où nous ne sommes pas encore présents pour former leurs élu·es aux leviers du dialogue social environnemental. Une chose est certaine, nos élu·es acquièrent des compétences très recherchées par les directions", souligne Anne le Corre, co fondatrice d'un syndicat qui développe en effet une approche ouverte comme l'illustre la boîte à outils, un centre de ressources méthodologiques, en accès libre, en ligne. Une boîte à outils qui s'adresse avant tout aux salarié·es des PME, où les syndicats historiques ne sont pas en place, qui voudraient s'engager dans l'action, avec le soutien d'une communauté d'élu ·es et d'adhérent·es où la priorité va au partage des retours d'expérience.
Les ressorts de l'engagement
"Je tenais à ne pas simplement être une adhérente. Je veux être dans l'action en contribuant par exemple à animer la communauté comme bénévole. C'est un bon moyen de ne pas devenir fataliste au regard des enjeux", témoigne Audrey Monssoh qui travaille chez TooGoodToGo, une start-up du recyclage alimentaire ayant bien grandi avec désormais plus de 100 salarié·es en France et plus de 1000 dans le monde. Du fait du turnover parmi les élu·es sans étiquette du CSE, il n'en reste plus que 3 sur 8, de nouvelles élections vont donc s'organiser..."J'ai désormais bien intégré l'intérêt de voir des syndicats présents dans les entreprises. Tant sur le plan social que environnemental, il y a des droits à garantir", ajoute Audrey Monssoh.
Élu au CSE d'Almond (300 salariés), une société de conseil en cybersécurité, Adrien Gaillard s'occupe du développement du syndicat dans les services et le conseil. "Quand je me suis présenté pour la première fois aux élections, c'était pour mieux comprendre le fonctionnement de l'entreprise et non par motivation écologique. C'est venu après. En adhérant au Printemps, je peux à la fois conjuguer mon travail et l'action environnementale. Cela aurait été autrement plus compliqué de m'impliquer dans une association écologique en plus de mon travail", souligne celui qui compte bien se présenter comme candidat officiel du Printemps aux prochaines élections chez Almond où l'éco-syndicat compte déjà sept adhérents.
Dominique Poitevin est quant à lui désormais élu Printemps écologique chez Orange Innovation, l'activité R&D de l'opérateur qui emploie environ 4000 personnes. Il vient de quitter la CGT face au constat d'une impossibilité à faire infuser un revendicatif fédéral (télécommunications et Poste) sur les enjeux climatiques, alors qu'on l'avait assuré d'une marge de manœuvre sur ce terrain en 2019. "Au niveau du terrain, les représentants CGT et d'autres syndicats en place sont alignés sur la nécessité de porter des revendications environnementales, mais c'est au niveau des appareils fédéraux que cela bloque", précise celui qui entend bien construire un cahier revendicatif dans la branche MIT (Média, Information et télécommunications) du Printemps écologique.
Force d'appropriation des sujets environnementaux
Les élu·es du printemps écologique saisissent tous les leviers de la loi climat pour agir avec la volonté de ne pas attendre que les directions initient les démarches. L'idée étant de mobiliser tout le "jus de cerveau disponible pour se positionner comme force de construction. "La direction n'avait pas les compétences pour mener l'analyse d'impact environnemental d'une nouvelle implantation à Rennes. C'est nous qui l'avons réalisé en tant que CSE. Cela a été l'occasion d'amener la direction à organiser une journée de la mobilité sur laquelle nous avons été pleinement impliqués", souligne Dominique Poitevin qui a impulsé la mise en place d'un groupe de travail environnemental dans le cadre du CSE innovation. "Il n'y a pas de moyens dédiés mais ce n'est pas une raison pour rester passif", ajoute-il.
La commission environnementale mise en place chez Almond n'a d'ailleurs pas plus de moyens en temps mais l'essentiel était d'obtenir que 3 des 10 membres de cette commission ne soient pas des élu·es. Un moyen indirect, tout aussi important, pour impliquer officiellement des salariés en forfait jours dans une dynamique qui rime là encore avec une volonté de maîtriser les sujets. C'est ainsi que les membres de la commission sont allés chercher eux-mêmes les données nécessaires à la réalisation du bilan carbone de la société. De quoi être en capacité de négocier avec la direction l'intégration des indicateurs clés du bilan carbone dans la BDESE avec des plans d'action associés pour les améliorer. Cette année, c'est la direction qui va produire elle-même le bilan carbone avec des élu·es en pleine capacité de suivre le projet. C'est avec la même logique d'appropriation du sujet que le CSE entend amener la direction à négocier des mesures sur la mobilité domicile-travail sur la base d’un diagnostic. "Nos actions ne se limitent pas à l'environnement. Nous avons par exemple aussi négocié que la participation soit redistribuée de façon strictement égalitaire", illustre Adrien Gaillard.
Et Dominique Poitevin qui plaide pour un droit à la compensation pour les salarié·es qui privilégient des temps de déplacements professionnels plus longs mais à plus faible impact carbone de conclure : "aller au contact des salariés est le meilleur moyen de ne pas tomber dans ce qui pourrait être perçu comme de l'écologie punitive par les salariés".