Éviction de Jean-Bernard Levy, président de Vivendi : vers des « licenciements boursiers » ?
Lettre ouverte au futur président du groupe Vivendi
Réuni en séance plénière le 28 juin 2012, le comité de groupe Vivendi (*) a porté à la connaissance des dirigeants de l'entreprise, la motion suivante.
Les élus du comité de groupe Vivendi sont très inquiets des déclarations de ses dirigeants et des supputations diffusées par la presse. Les rumeurs de vente, de démantèlement, de plans sociaux ainsi que les tentatives faites par les dirigeants pour soutenir le cours de bourse, sont pour nous l’expression d’un manque de confiance des marchés dans l’avenir du groupe.
Ce manque de confiance nous semble par ailleurs irrationnel. Selon nous, c’est plutôt l’absence de stratégie industrielle qui est à l’origine de cette défiance.
Le maintien de la rémunération des actionnaires est la seule stratégie visible. Pour preuve, les actionnaires ont même obtenu en 2012 une hausse de leur rémunération globale par rapport à 2011 de plus de 4,5 %, au regard du cours actuel de l’action.
Selon les dirigeants, le maintien à l’avenir de ces rémunérations passe nécessairement par des licenciements que l’on peut qualifier de « licenciements boursiers ».
L’inquiétude des salariés est d’autant plus vive que des annonces de suppression d’emplois dans certaines entités du groupe (SFR, Maroc Télécom, UMG, Blizzard) se répandent dans la presse. Des pressions importantes sont aussi exercées sur les sous-traitants, totalement dépendants des commandes du groupe Vivendi, générant ainsi un risque important sur l’emploi en France.
Le social ne saurait faire les frais d’une politique économique au seul service de la rentabilité à court terme du capital.
Les élus soulignent que cette politique poursuivie depuis plusieurs années a fait preuve de son inefficacité tant pour les actionnaires qui ont vu le cours de bourse s’étioler, que pour les salariés qui ont vu les emplois en France diminuer au profit d’emplois à l’étranger.
- À ce jour, 27 % des emplois du groupe sont en France, alors que la France représente 58 % du chiffre d’affaires du groupe Vivendi.
Les clients quant à eux subissent les conséquences de cette politique sur la qualité des services et de l’innovation.
Les élus du comité de groupe demandent formellement à la direction de Vivendi, de privilégier dans sa stratégie l’investissement et l’emploi en France au service de la qualité, de l’innovation, seul gage d’un développement durable.
(*) Le comité de groupe Vivendi est une instance de dialogue social regroupant des représentants des salariés des entreprises du groupe Vivendi implantées en France: SFR, CANAL+, Universal Music Group, Activision Blizzard, Holding Vivendi.
Vivendi en quelques chiffres : 2011 - 15 700 salariés en France 58 300 dans le monde, 28,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, un ebitda de 5,8 milliards d’euros, un résultat net de 2,9 milliards d’euros.