Eric Woerth et andré Santini ont présenté au Conseil d’Administration de l’ENA le 25 mars les principaux axes des réformes envisagées par le Gouvernement.

Au-delà de la confirmation de la suppression du classement de sortie de l’école évoqué régulièrement ces derniers  mois, les autres axes  de réforme visent :

• Formation spécifiques pour les agents identifiés par les administrations comme étant des « hauts potentiels » à ouvrir d’avantage l’ENA pour « favoriser la diversité des talents et l’égalité des chances »
• l’organisation du cursus de formation (applicable dès la prochaine promotion)
• le rôle de l’ENA dans le suivi de la carrière des futurs cadres dirigeants. Pour reprendre les termes du Ministre, il sera proposé des séquences de formation spécifiques pour les agents identifiés par les administrations comme étant des « hauts potentiels ». Cela devrait couvrir des actions de formation de nouveaux Chefs de service ou sous-directeurs, directeurs d’administration centrale…et l’organisation de "cercles de réflexion" ou de rencontres avec des dirigeants, des séminaires, etc…

Favoriser la diversité sociale

 Favoriser la diversité sociale dans les recrutements, sujet souvent évoqué, est à l’évidence une nécessité si l’on observe au fil des ans la réalité des origines sociales des élèves ( 4 fils d’ouvriers dans la dernière promotion).

Dès l’automne prochain l’ENA se dotera d’une classe préparatoire spécifiquement réservée aux « publics défavorisés » , c’est à dire des candidats de milieu modeste ayant effectué par exemple tout ou partie de leur scolarité en zone d’éducation prioritaire…

Cette classe préparatoire qui ouvrira dès octobre 2009 devrait réunir 15 élèves, soit plus de 30% des places ouvertes au concours externe. Elle se déroulera sur dix mois d’octobre à juillet.

Par ailleurs des chartes de la diversité (quatre actuellement) et des conventions cadre ont été signées avec des IEP –Institut d’études politiques, pour renforcer la coopération avec l’ENA afin d’assurer les meilleurs conditions de préparation aux concours de l’ENA, et créer les  conditions d’une plus grande diversification sociale parmi les candidats au recrutement.

Formation plus opérationnelle

Sur la refonte de la formation , il s’agit de rendre les élèves plus rapidement et directement opérationnels ; la durée est actuellement fixée à 27 mois. Elle sera réduite dans sa partie « tronc commun » à 24 mois (dont 2 mois de procédure d’affectation)

Tous les enseignements académiques seront supprimés ; en revanche les types d’enseignement (études de cas, mises en situation…) seront renforcés

Les stages représenteront plus de la moitié de la période formation. Les stages en entreprises, en Préfecture et collectivités locales  seront allongés.

• Enfin sera mise en place une période d’alternance entre l’employeur et l’ENA juste après la procédure d’affectation…pour assurer une meilleure spécialisation dans le cadre d’une sorte de « junior administration » sur 3 à 6 mois ?

Affectations en fonction des besoins des administrations

La suppression du classement de sortie à compter de 2010 (souvent décrié, mais qui avait au moins le mérite de la transparence) va donc conduire à une nouvelle et bien complexe procédure d’affectation, qui ne se fera plus en fonction du choix direct des élèves mais en fonction des attentes des administrations , et le risque de revenir à des affectations « à la tête du client » est loin d’être levé par les mécanismes présentés (évaluation étoffée sous forme de dossiers d’aptitude, bilans de compétences renforcés,…) qui restent à finaliser sur certains aspects ( élaboration des critères de recrutement des administrations pour les fiches de poste proposées…)

Même s’il est prévu qu’un comité veille à la régularité de la procédure, on est en droit de s’interroger sur la manière dont toutes ces réformes seront déclinées ;

L’expérience nous a appris à rester vigilants car au-delà des déclarations d’intention quels seront les réels impacts de cette réforme ? L’avenir le dira !