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10 / 08 / 2010 | 2 vues
Rémi Aufrere-Privel / Membre
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Congrès ITF (Mexico) : la FGTE-CFDT dresse un requisitoire de la libéralisation du rail

Lors de la reunion du comite ferroviaire de la Fédération Internationale des Transports (reunie a Mexico en Congrès du 4 au 12 août), la délégation a dressé un réquisitoire sans concession de la libéralisation du secteur ferroviaire en Europe et dans le monde.

Selon cette organisation, en Europe et sur d’autres continents, l’histoire se répète pour les transports ferroviaires. Après la création du mode ferré et sa prise en main par des intérêts privés, ceux-ci ont failli dans le développement du transport ferroviaire et la prise en compte de l’intérêt général. C’est la raison pour laquelle les chemins de fer ont été nationalisés.

Depuis trois décennies, un vaste mouvement de libéralisation et de privatisation touche l’exploitation et les infrastructures. 

Sous couvert de facilités budgétaires, les États n’hésitent pas à solliciter (voire à supplier) des investisseurs privés pour qu’ils prennent leur part de profit dans le secteur.

  • La forme la plus subtile, la plus dangereuse et la plus aboutie, de cette lame de fond est le « partenariat public privé » qui permet surtout au secteur privé de prendre très peu de risque financier avec la garantie de la puissance publique.

Ce financement est dangereux car il présente la finalité d’une privatisation des infrastructures ferroviaires, sans jamais en prononcer le nom, et de récréer les compagnies privées qui possédaient autrefois un monopole sur l’exploitation et la propriété des voies ferrées.

Pour la CFDT, organisation française intervenante durant la conférence ferroviaire de l’ITF, le mouvement syndical international doit combattre cette libéralisation, qui présente aussi l’inconvénient de n’être intéressée que par les segments à très fort trafic et de délaisser les autres voies ferrées, sacrifiant ainsi la capillarité du réseau. 

Ce chemin conduit à de nouvelles fermetures de gares et à la pose de centaines de kilomètres de rail.

  • La capillarité est, selon la CFDT, ce qui forme l’attrait essentiel pour la concrétisation d’une vraie politique publique de développement durable et d’aménagement des territoires pour en finir avec l’hyper concentration urbaine.  
  • Le syndicat français n’a pas manqué de saluer la combativité des cheminots estoniens et néo-zélandais qui montre que la reprise par le contrôle public des réseaux ferroviaires est possible. C’est en partie, selon la FGTE-CFDT,  la solution pour les défis environnementaux et sociaux planétaires.
Et de dénoncer les responsabilites...    

Depuis 20 ans, le dogme de la « concurrence libre et non faussée » appliqué au sein de l’Union européenne entraîne des conséquences dangereuses pour le chemin de fer.

La législation européenne oblige les entreprises nationales ferroviaires à se restructurer en groupe et à démembrer une large partie de leurs activités nationales pour favoriser de nouveaux opérateurs naissants et privés.

Les sociétés nationales se transforment en groupes constitués d’une multitude de filiales qui sont autonomes, voire très éloignées, de tout discours et pratiques sociales et sociétales de l’entreprise mère originelle.

  • Les groupes ferroviaires européens (et le cas de la France et de l’Allemagne, DB et SNCF, est éclairant à cet égard) mènent une véritable guerre économique par filiales interposées en multipliant les exemples basés sur le dumping social. 

Les directions de ces sociétés ont leur part de responsabilités. Les États aussi, notamment à travers l’établissement de cahiers des charges qui, selon la CFDT, ne répond plus aux impératifs de la sécurité et de la sureté ferroviaires.

Et de poser une question bien concrète...

Jusqu’à quand accepterons-nous, par exemple, de voir une entreprise ferroviaire prendre un marché comprenant l’obligation minimale (et scandaleuse) de ne faire accompagner leurs trains de voyageurs que sur 30 ou 40 % des circulations ?  

Les syndicats affiliés à l’E.T.F. (Fédération Européenne des Transports) ont conclu un accord paritaire avec le patronat sur le trafic transfrontalier.

Mais pour la CFDT, il faut dès maintenant travailler à l’écriture de règles sociales pour éviter à la fois l’obsession de la réduction des coûts du travail (traditionnelle au patronat), mais aussi de placer les pouvoirs publics face à leur responsabilité sociale devant des appels d’offres qui, demain, pourraient remettre en cause le haut niveau de sécurité de nos trains.

Pour la FGTE-CFDT, la libéralisation des transports ferroviaires n’est pas l’horizon indépassable, bien au contraire. 

Le XXème siècle prouve que c’est dans les moments de grande crise qu’il faut avoir l’audace d’investir massivement dans les infrastructures publiques (notamment dans les transports ferroviaires). C’est le moment du courage politique.

Réunis par ce congrès de Mexico en ce début août 2010, les syndicats affiliés à l’ITF sont réalistes sur le chemin qu'il reste à parcourir. Mais ils considèrent que, malgré des difficultés à développer la syndicalisation dans certains pays, ils seront plus forts pour réaliser leurs objectifs. Parce que les citoyens comprennent maintenant le sens du combat syndical contre le libéralisme dans les transports ferroviaires, libéralisme qui est à l’opposé d’une politique de service public et de développement durable.
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