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27 / 01 / 2021 | 463 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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ENA : réforme importante ou simples ajustements ?

La réforme de l'ENA et de la haute fonction publique est un peu l'Arlésienne depuis des années : souvent évoquée, rarement finalisée. 

Le Président de la République avait relancé le sujet « avec détermination » en 2019, en lançant une « vaste » mission de réflexion confiée à Frédéric Thiriez et dont les conclusions « pour une haute fonction publique plus agile, plus attractive et plus représentative » début février 2020 n'avaient pas manqué de susciter les réactions les plus diverses. Compte tenu de la crise sanitaire qui s'est ouverte au même moment, le sujet semblait bien avoir été légitimement relégué à plus tard. On n'a donc plus entendu vraiment parler de ce dossier mais, parmi les textes publiés au Journal Officiel en fin d'année, un arrêté s'est discrètement glissé modifiant le texte de 2015 portant règlement intérieur de l'école et qui acte certaines réformes touchant l'organisation et l'approche de la scolarité de l'ENA ainsi que les épreuves de contrôle pour la sortie de l'école.

 

Principales évolutions
 

L'ENA rappelle qu'il y a deux ans, elle s’est en fait engagée dans une redéfinition de la scolarité de formation initiale en mettant en place une approche par les compétences et une individualisation du parcours des élèves et que cette orientation était l’un des axes du plan de transformation de l’école, présenté par le directeur de l’ENA, Patrick Gérard, au conseil d’administration dès octobre 2018.

 

Dorénavant, les élèves effectueront deux stages : un stage international et un stage « territoire-entreprise » comprenant une « mission entreprise » qui s’effectue au sein d’une PME dans le département d’affectation. Depuis la crise sanitaire, l’école a prévu un stage en PME pour ses élèves afin de mieux comprendre la situation des petites et moyennes entreprises. Pour la première fois, tous les élèves d’une promotion (2020-2021) ont passé un mois en PME (et obligatoirement en PME). Ils ont également dû plus particulièrement s'intéresser à l’économie au niveau local.

 

À partir de la promotion 2021-2022 (élèves reçus aux 4 concours de 2020), la scolarité des élèves de l’ENA sera entièrement basée sur un parcours d’apprentissage, comprenant notamment un accompagnement des élèves durant les périodes de stages et de scolarité à l’école.

 

Leur scolarité sera alors entièrement basée sur un référentiel identifiant les apprentissages dans chacune des trois compétences :

  • « concevoir, mettre en œuvre et évaluer les politiques publiques »,
  • « piloter les transformations de l’action publique »,
  • et « exercer les missions essentielles de l’État »,

 

complété de deux socles précisant les techniques et savoir-être indispensables à l’exercice de leurs futures fonctions :

  • un socle technique,
  • et un socle comportemental.

 

Dès la réussite du concours, chaque élève sera amené à se positionner sur le référentiel de compétences afin de lui permettre d’adapter son parcours selon les besoins, attentes et acquis d’expérience, tout en s’inscrivant dans une logique d’appropriation de compétences.

 

Selon la nouvelle direction de l'ENA, « la scolarité de l’élève formera un ensemble lisible et cohérent dépassant la juxtaposition de temps d’apprentissage ».

 

Les nouvelles épreuves, étroitement articulées avec les enseignements, seront les suivantes :

  • trois mises en situation individuelles et collectives, sous forme orale et/ou écrite, permettant l’évaluation de chacune des trois familles de compétences du référentiel ;
  • une mission collective d’audit et/ou de conseil proposée par une administration commanditaire, en lien avec l’analyse et l’évaluation d’une politique publique ou un projet de transformation ;
  • un rapport individuel d’expertise, sur un problème du choix de l’élève dans le cadre de thématiques générales fixées par l’école en début de scolarité ; ce rapport fera l’objet d’une soutenance devant un jury ;
  • une épreuve orale de première langue vivante ;
  • une épreuve orale de deuxième langue vivante ;
  • un contrôle continu en éducation physique et sportive et une appréciation notée de l’engagement et de l’assiduité de l’élève.

 

Ces réformes s’appliqueront à la promotion entrant en scolarité le 1er janvier 2021 et aux épreuves de sortie de 2022. Dont acte.

 

Pour la direction de l'ENA ce texte constitue une réforme importante au regard des annonces du Président de la République et de souhaits exprimés concernant sa volonté de supprimer l'école. On peut en douter.
 

La réunion d'un cinquième comité interministériel de la transformation publique (CITP) du quinquennat est annoncée pour le 4 février prochain. Une nouvelle grand-messe pour quoi faire véritablement, à un an de la présidentielle ? Pour le Premier Ministre et le gouvernement est-ce un coup de communication ou un coup de pression sur l’exécution des réformes et lesquelles ? Les débats sur le recrutement et la formation semblent loin d'être clos. En effet, dans un rapport qui vient d'être remis au gouvernement, le président des jurys des concours d’entrée 2020 à l’École nationale d’administration estime que les épreuves écrites du concours interne et du troisième concours notamment ne sont pas adaptées aux profils des candidats et apporte ses propres réflexions et suggestions  en vue de les alléger, selon Acteurs Publics. Une contribution de plus...

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 Le président de la République a mis à profit une visite à l’Institut Régional d’Administration (IRA) pour annoncer les mesures qu'il entendait prendre pour permettre une plus large diversité dans l'accès aux écoles de la Haute Fonction Publique .

 

Finalement...

pas de suppression de l'ENA

MAIS...

 

plusieurs décisions visant à renforcer l’ouverture et l’égalité d’accès aux écoles de service public.

 

Les principales mesures:

  • l’ouverture de 1 000 places supplémentaires en classes préparatoires « Talents » (anciennement CPI donc) dès 2021. Soit 1 700 places sur l’ensemble du territoire ;
  • déploiement de ces prépas de façon à ce que chaque région en compte deux. Un appel à manifestation d’intérêt va être lancé en ce sens ;
  • le doublement de la bourse Prépa Talents, ancienne allocation pour la diversité dans la fonction publique. Elle passera donc à 4 000 euros par an, à la rentrée 2021 ;
  • le lancement des concours Talents. Dès cette année, une nouvelle voie d’accès à six concours de la fonction publique est ouverte à titre expérimental, jusqu’en 2024. Le nombre de places dédiées à ce concours sera compris entre 10 et 15 % des places offertes aux concours externes, soit par exemple 6 places pour le concours de l’ENA ou 5 places pour le concours de commissaire de police. « Ces places seront créées en supplément de celles déjà offertes aux concours externes », complète le ministère de la Transformation et de la fonction publiques. Cinq écoles sont concernées : l’ENA, INET, l’EHESP, l’ENSP et l’ENAP (1) ;