Alexandre Bompard à Carrefour : la résistance syndicale s’organise
La succession de Georges Plassat, l’emblématique PDG de Carrefour, à la tête du groupe depuis 2012, s’accélère. Dans ce jeu de chaises musicales, habituel à ce niveau de responsabilités, plusieurs solutions sont envisagées, en interne comme en externe. Concernant la solution externe, le nom d’Alexandre Bompard revient avec insistance ces dernières semaines. Le PDG de FNAC-Darty serait même le « favori » et aurait déjà rencontré « tous les grands actionnaires de Carrefour ». Cette décision serait pourtant loin de faire l’unanimité : les salariés de Carrefour ont récemment lancé une pétition contre la venue d'Alexandre Bompard et les syndicats des deux enseignes ne devraient pas tarder à s’exprimer sur le sujet.
Après avoir pris les rênes de la FNAC en 2011, Alexandre Bompard est aujourd’hui aux manettes du groupe FNAC-Darty, à la tête duquel il semble avoir été pris de la folie des grandeurs. Son bilan social ne plaide pas pour lui. D’autant plus qu’il abandonnerait un groupe créé par une fusion voulue, à tout prix, par lui-même.
Peu avant l’annonce du nouveau gouvernement, il se murmurait même qu'Alexandre Bompard ne refuserait pas un poste ministériel. Malheureusement pour lui, Emmanuel Macron en a décidé autrement, preuve que tout n’est pas encore acquis pour notre PDG. Cependant, en plus de Carrefour, Alexandre Bompard serait également pressenti chez Orange, Vivendi ou Engie… Autant de rumeurs que le PDG n’a pas daigné démentir et qui se répercutent sur la santé financière de la FNAC : depuis le 9 mai, le cours de l’action a chuté de 8,5 %.
Quoi qu’il en soit, Alexandre Bompard ne devrait pas quitter la FNAC les mains vides. Après avoir empoché 11,5 millions d’euros en 2015, le PDG de FNAC-Darty a perçu, l’année dernière, un salaire annuel de 1,8 million d’euros, auquel devrait s’ajouter un superbonus de 12,1 millions d’euros, soit une rémunération totale de presque 14 millions d’euros. Le jackpot paraît disproportionné par rapport au bénéfice net réalisé par le groupe, qui s’élève en 2016 à 74 millions d’euros.
Si cette rémunération est confirmée par l’assemblée générale du groupe le 24 mai prochain, elle ferait d'Alexandre Bompard l’un des patrons les mieux payés de France, alors que son groupe ne fait partie ni du CAC 40 ni du SBF 80. En moyenne, un grand patron français du CAC 40 touche, environ, 5 millions d’euros par an.
En arrivant à la tête de la FNAC, son nouveau patron a d’abord fait la chasse aux coûts : un plan d’économies de 80 millions d’euros a été engagé en 2010, menant à au moins 500 suppressions de postes ; les syndicats, eux, évoquent plutôt le chiffre de 1 000 départs. Alexandre Bompard a aussi imposé aux employés une « politique de modération salariale » particulièrement mal venue.
Cette réputation de « cost killer » qui précède l’homme d’affaires a poussé les salariés de Carrefour à réagir : le 12 mai, un collectif baptisé « Nous sommes Carrefour » a mis en ligne une pétition contre la venue de l'homme d'affaires à la tête de l’enseigne française. Cette pétition (qui compte déjà plus de 8 000 signatures) n’est que la première manifestation de la crainte des salariés du groupe. En effet, au regard du goût prononcé d’Alexandre Bompard pour les suppressions de postes, il ne serait pas étonnant de voir, dans les prochains jours, les différents syndicats de Carrefour prendre part au débat sur l’éventuelle venue de l'homme d'affaires.
Et de mettre en avant des synergies « peu évidentes » de « deux groupes financièrement exsangues » : une FNAC « fragile » et une « situation de Darty […] encore plus inquiétante ». Selon lui, la rentabilité de l’opération n’est pas assurée. L’économiste pointe aussi le risque social, la FNAC ayant annoncé des économies de l’ordre de 130 millions d’euros et les syndicats redoutant la suppression de 3 000 postes supplémentaires.
Outre les problèmes de dette (761 millions d’euros de dette fournisseurs pour la FNAC en 2015, sans compter la ligne de financement de 950 millions destinée à régler l’acquisition de Darty, lui-même endetté à hauteur de 200 millions), il faut désormais « bâtir un champion français capable de s’exporter, explique Frédéric Boublil, président de Boublil Conseil. C’est obligatoire car on ne peut pas construire un projet en se basant uniquement sur les réductions de coûts ».
Restent aussi les problèmes de compatibilité entre deux cultures d’entreprises antinomiques, la mise en place du travail le dimanche, arrachée après quinze mois de laborieuses négociations, ou encore la baisse d’activité de FNAC-Darty, dont le chiffre d’affaires a chuté de 3,2 % au premier trimestre 2017.
C’est donc à ce moment critique pour le nouveau groupe et juste après avoir empoché son superbonus qu’Alexandre Bompard, maître d’œuvre de la fusion, choisirait de le quitter pour rejoindre Carrefour. Cette éventualité n’est sûrement pas du goût des syndicats du groupe FNAC-Darty et plus particulièrement des deux délégués syndicaux CGT que sont Philippe Coutanceau et Jean Marc Miduri. Les deux hommes avaient en effet déclaré, en novembre 2016, qu’en rachetant Darty, Alexandre Bompard avait mis en péril l’équilibre financier de la FNAC. Alors si la fusion inquiétait les deux syndicalistes, la fuite de celui qui l’a orchestré, qui plus est après qu’il se soit rempli les poches, sera tout bonnement inenvisageable.
Après avoir pris les rênes de la FNAC en 2011, Alexandre Bompard est aujourd’hui aux manettes du groupe FNAC-Darty, à la tête duquel il semble avoir été pris de la folie des grandeurs. Son bilan social ne plaide pas pour lui. D’autant plus qu’il abandonnerait un groupe créé par une fusion voulue, à tout prix, par lui-même.
Mais que veut vraiment Alexandre Bompard ?
Patron de la FNAC, il n’a pu s’empêcher d’avaler Darty, au terme d’une bataille homérique avec Conforama, pour la somme astronomique de 1,16 milliard d’euros (60 % plus cher que l’offre initiale). Il viserait donc désormais la présidence de Carrefour...Peu avant l’annonce du nouveau gouvernement, il se murmurait même qu'Alexandre Bompard ne refuserait pas un poste ministériel. Malheureusement pour lui, Emmanuel Macron en a décidé autrement, preuve que tout n’est pas encore acquis pour notre PDG. Cependant, en plus de Carrefour, Alexandre Bompard serait également pressenti chez Orange, Vivendi ou Engie… Autant de rumeurs que le PDG n’a pas daigné démentir et qui se répercutent sur la santé financière de la FNAC : depuis le 9 mai, le cours de l’action a chuté de 8,5 %.
Quoi qu’il en soit, Alexandre Bompard ne devrait pas quitter la FNAC les mains vides. Après avoir empoché 11,5 millions d’euros en 2015, le PDG de FNAC-Darty a perçu, l’année dernière, un salaire annuel de 1,8 million d’euros, auquel devrait s’ajouter un superbonus de 12,1 millions d’euros, soit une rémunération totale de presque 14 millions d’euros. Le jackpot paraît disproportionné par rapport au bénéfice net réalisé par le groupe, qui s’élève en 2016 à 74 millions d’euros.
Si cette rémunération est confirmée par l’assemblée générale du groupe le 24 mai prochain, elle ferait d'Alexandre Bompard l’un des patrons les mieux payés de France, alors que son groupe ne fait partie ni du CAC 40 ni du SBF 80. En moyenne, un grand patron français du CAC 40 touche, environ, 5 millions d’euros par an.
Les salariés de Carrefour vent debout contre Alexandre Bompard
La rémunération du patron de FNAC-Darty est, en fait, indexée sur le cours de l’action en bourse. Or celui-ci est passé, en quatre ans, de 20 à 65 euros. Le package à presque 14 millions d'Alexandre Bompard récompense donc les bonnes performances boursières du titre mais en rien son management. Car pendant qu'Alexandre Bompard engrange les bonus et autres actions gratuites, ses salariés, eux, se serrent la ceinture.En arrivant à la tête de la FNAC, son nouveau patron a d’abord fait la chasse aux coûts : un plan d’économies de 80 millions d’euros a été engagé en 2010, menant à au moins 500 suppressions de postes ; les syndicats, eux, évoquent plutôt le chiffre de 1 000 départs. Alexandre Bompard a aussi imposé aux employés une « politique de modération salariale » particulièrement mal venue.
Cette réputation de « cost killer » qui précède l’homme d’affaires a poussé les salariés de Carrefour à réagir : le 12 mai, un collectif baptisé « Nous sommes Carrefour » a mis en ligne une pétition contre la venue de l'homme d'affaires à la tête de l’enseigne française. Cette pétition (qui compte déjà plus de 8 000 signatures) n’est que la première manifestation de la crainte des salariés du groupe. En effet, au regard du goût prononcé d’Alexandre Bompard pour les suppressions de postes, il ne serait pas étonnant de voir, dans les prochains jours, les différents syndicats de Carrefour prendre part au débat sur l’éventuelle venue de l'homme d'affaires.
Fusion FNAC-Darty : tout reste à faire
Par ailleurs, une question reste en suspens : fallait-il vraiment fusionner la FNAC et Darty ? Car si tout le microcosme n’a eu de cesse d’encenser l’opération, d’autres voix cachent mal leur scepticisme. À l’image de l’économiste Marc Touati, qui met en garde contre « un consensus tellement fort qu’il en devient suspect » : « le groupe ainsi formé n’irait-il pas à sa perte ? », s’inquiète-t-il.Et de mettre en avant des synergies « peu évidentes » de « deux groupes financièrement exsangues » : une FNAC « fragile » et une « situation de Darty […] encore plus inquiétante ». Selon lui, la rentabilité de l’opération n’est pas assurée. L’économiste pointe aussi le risque social, la FNAC ayant annoncé des économies de l’ordre de 130 millions d’euros et les syndicats redoutant la suppression de 3 000 postes supplémentaires.
Outre les problèmes de dette (761 millions d’euros de dette fournisseurs pour la FNAC en 2015, sans compter la ligne de financement de 950 millions destinée à régler l’acquisition de Darty, lui-même endetté à hauteur de 200 millions), il faut désormais « bâtir un champion français capable de s’exporter, explique Frédéric Boublil, président de Boublil Conseil. C’est obligatoire car on ne peut pas construire un projet en se basant uniquement sur les réductions de coûts ».
Restent aussi les problèmes de compatibilité entre deux cultures d’entreprises antinomiques, la mise en place du travail le dimanche, arrachée après quinze mois de laborieuses négociations, ou encore la baisse d’activité de FNAC-Darty, dont le chiffre d’affaires a chuté de 3,2 % au premier trimestre 2017.
C’est donc à ce moment critique pour le nouveau groupe et juste après avoir empoché son superbonus qu’Alexandre Bompard, maître d’œuvre de la fusion, choisirait de le quitter pour rejoindre Carrefour. Cette éventualité n’est sûrement pas du goût des syndicats du groupe FNAC-Darty et plus particulièrement des deux délégués syndicaux CGT que sont Philippe Coutanceau et Jean Marc Miduri. Les deux hommes avaient en effet déclaré, en novembre 2016, qu’en rachetant Darty, Alexandre Bompard avait mis en péril l’équilibre financier de la FNAC. Alors si la fusion inquiétait les deux syndicalistes, la fuite de celui qui l’a orchestré, qui plus est après qu’il se soit rempli les poches, sera tout bonnement inenvisageable.
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