Organisations
Gronde sociale chez Ryanair, la compagnie pourra-t-elle longtemps encore ignorer les syndicats ?
À Charleroi, cinq personnes témoignent à visages couvert pour les télévisions et la presse belges. Prostitués, trafiquants de drogue, criminels en cavale ? Non, il s'agit d'employés de Ryanair. Qu'ont-il fait d'interdit ? Rien, si ce n'est s'exprimer contre leurs conditions de travail. Cela seul suffit à les faire craindre pour leur emploi.
Et ils ont de bonnes raisons de craindre. Il y a quelques semaines, une de leur collègue, elle aussi hôtesse de l'air pour Ryanair, s'est fait surprendre en train de distribuer des tracts syndicaux. Étonnement, elle a été congédiée quelques jours plus tard. Bien entendu, officiellement, les deux incidents sont sans rapport. Ses collègues ont plus de mal à le croire. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'un employé de Ryanair se fait mettre à la porte pour avoir osé sortir un tract.
Pour autant, peu d'employés sont prêts à monter en justice contre Ryanair. La compagnie a de bons avocats, et les directeurs savent très bien trouver des prétextes suffisants pour se débarrasser d'un employé un peu trop gênant. Et pour ces derniers, pas moyen de se défendre, les syndicats y sont personae non gratae.
Du moins, pas si l'on écoute Ryanair. La compagnie low-cost se plaît à répéter dans ses rapports annuels qu'elle entretient d'excellentes relations avec ses employés, raison pour laquelle ceux-ci n'ont aucune velléité syndicale !
Pourtant, en dehors de ces comités, les employés de Ryanair n’ont accès à aucune autre instance de défense de leurs droits (à moins, bien entendu, qu’ils ne soient prêts à engager un procès). Ryanair, de son côté, se targue de l’échec de BALPA (le syndicat britannique des pilotes de ligne) à obtenir la représentation des pilotes de Ryanair en 2006. Toutefois, quand le syndicat est revenu à la charge en 2009, Ryanair a refusé tout net d’organiser un vote. Ceci alors que l’existence d’un forum en ligne privé (REPA) pour que les pilotes puissent s’exprimer sans crainte pour leur emploi illustre clairement l’importance du malaise social chez Ryanair.
Paradoxe ultime, ce sont les conditions de travail mêmes des employés qui en viennent à les gêner pour pouvoir s’exprimer. Les horaires intensifs, l’extrême insécurité de leurs emplois et la fragmentation géographique de ceux-ci à travers l’Europe, paralysent leur capacité d’organisation. C’est pour cela qu’EasyJet, pourtant connu pour de (relativement) meilleures conditions de travail, est en butte à deux menaces de grève en France et en Allemagne. Tandis que chez Ryanair, ce sont cinq employés belges qui témoignent, à visage couvert, hors de leurs heures de travail, contre un employeur qui n’a que faire d’eux et n’attend que de pouvoir les remplacer.
Et ils ont de bonnes raisons de craindre. Il y a quelques semaines, une de leur collègue, elle aussi hôtesse de l'air pour Ryanair, s'est fait surprendre en train de distribuer des tracts syndicaux. Étonnement, elle a été congédiée quelques jours plus tard. Bien entendu, officiellement, les deux incidents sont sans rapport. Ses collègues ont plus de mal à le croire. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'un employé de Ryanair se fait mettre à la porte pour avoir osé sortir un tract.
Pour autant, peu d'employés sont prêts à monter en justice contre Ryanair. La compagnie a de bons avocats, et les directeurs savent très bien trouver des prétextes suffisants pour se débarrasser d'un employé un peu trop gênant. Et pour ces derniers, pas moyen de se défendre, les syndicats y sont personae non gratae.
Du moins, pas si l'on écoute Ryanair. La compagnie low-cost se plaît à répéter dans ses rapports annuels qu'elle entretient d'excellentes relations avec ses employés, raison pour laquelle ceux-ci n'ont aucune velléité syndicale !
- Et pour assurer la défense de leurs conditions de travail ? Qu'ils ne s'inquiètent pas, la compagnie a pensé à tout. Les employés de Ryanair bénéficient de l'aide de « comités de représentation des employés », pâle copie de syndicat créée en interne. Au sein de ceux-ci, des délégués élus du personnel représentent leurs collègues face à la direction. Un détail cependant... Ces délégués sont choisis et nommés par la direction elle-même. Inutile de préciser que l'on entend rarement parler de ceux-ci quand il est question de conflits au sein de Ryanair.
Pourtant, en dehors de ces comités, les employés de Ryanair n’ont accès à aucune autre instance de défense de leurs droits (à moins, bien entendu, qu’ils ne soient prêts à engager un procès). Ryanair, de son côté, se targue de l’échec de BALPA (le syndicat britannique des pilotes de ligne) à obtenir la représentation des pilotes de Ryanair en 2006. Toutefois, quand le syndicat est revenu à la charge en 2009, Ryanair a refusé tout net d’organiser un vote. Ceci alors que l’existence d’un forum en ligne privé (REPA) pour que les pilotes puissent s’exprimer sans crainte pour leur emploi illustre clairement l’importance du malaise social chez Ryanair.
- On pourrait penser que Ryanair est voué à se retrouver en butte à la législation. L’échec de Ryanair à utiliser des biais légaux pour faire fermer le site de REPA ou bien la reconnaissance par une cour de justice irlandaise en 2007 que les comités de représentation des employés ne constituaient pas une forme suffisamment indépendante de représentation ont illustré les insuffisances graves du système Ryanair. Cependant, sans volonté politique derrière elle, la justice se contente de condamner, au coup par coup, les incartades du géant low-cost qui s’en tire à très bon compte.
Paradoxe ultime, ce sont les conditions de travail mêmes des employés qui en viennent à les gêner pour pouvoir s’exprimer. Les horaires intensifs, l’extrême insécurité de leurs emplois et la fragmentation géographique de ceux-ci à travers l’Europe, paralysent leur capacité d’organisation. C’est pour cela qu’EasyJet, pourtant connu pour de (relativement) meilleures conditions de travail, est en butte à deux menaces de grève en France et en Allemagne. Tandis que chez Ryanair, ce sont cinq employés belges qui témoignent, à visage couvert, hors de leurs heures de travail, contre un employeur qui n’a que faire d’eux et n’attend que de pouvoir les remplacer.
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