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Heures de délégation à problème, démissions à répétition et budget en question : plongée au cœur du groupe d’échange Facebook le plus actif entre élus des CSE
Sur les 1 400 membres du groupe Facebook pour les élus de CSE, ils sont une majorité à ne pas être syndiqués et travaillent dans des PME. Le point sur la nature des échanges avec Laurent Lugari, ancien responsable numérique de Solucia, co-administrateur de ce groupe très actif et fondateur de CSE-Guide.
« Nous sommes très vigilants dans la modération des échanges pour notamment éviter que des prestataires assurent leur promotion sans véritablement répondre aux questions posées. À ce niveau, nous préférons valoriser les réponses apportées par d’autres élus. C’est d’autant plus vrai que les experts sont capables de se contredire », explique Laurent Lugari qui, en 2017, a créé un groupe d'échange entre élus sur Facebook et CSE-Guide, un site d’informations pratiques et de mise en relation des élus avec les partenaires pour les appels d’offres. Après explications, certains prestataires ont accepté les règles et se sont prêtés au jeu. Ancien responsable numérique de Solucia, la filiale spécialisée dans l’assistance juridique de l’assureur April, l’initiateur de ce groupe Facebook a constaté l’énorme besoin d’informations des nouveaux élus des CSE des PME et mise sur une solide stratégie de referencement. Des élus le plus souvent non syndiqués et ne disposant donc d’aucun soutien potentiel vont donc à la pêche sur ce groupe. Chaque jour, de nouvelles questions sont posées avec, là encore, un important filtrage en amont pour sélectionner les plus intéressantes. Dès lors, les réponses ne sont jamais longues à arriver avec une communauté de 1 400 membres, dont 300 particulièrement actifs.
Morceaux choisis
Morceaux choisis des échanges de ce groupe Facebook qui illustrent la difficulté de l'exercice pour des élus non syndiqués dans des PME. L’une des difficultés les plus récurrentes tient à la non-prise en compte des heures de délégation par les employeurs. « Ils me mettent les 18 heures sur un cumul comme heures supplémentaires qu’ils ne payent pas », indique ainsi Sophie tandis que Virginie s’étonne que sa direction lui explique que sa formation économique, sociale et syndicale ne puisse pas être considérée comme du travail effectif. « Ce n’est pas la première fois que je fais ce genre de formation mais c’est la première fois qu’on me demande de refaire mes heures passées en formation », précise l’élue. La difficulté d’exercice de la mission étant renforcée par le renouvellement des élus. De nombreuses questions portent sur les actions à engager lors des démissions. La mission est lourde à porter, comme l’illustre le témoignage de Sarah : « employée depuis sept ans, j’ai toujours été d’une part bien vue dans l’entreprise et d’autre part, j’ai toujours fait mon travail correctement. Élue CSE depuis février dernier pour la première fois, je suis prise à partie et mal vue par le PDG depuis que j’occupe cette fonction. Or, je ne fais que souligner des sujets remontés par le personnel mais je sens que je suis clairement identifiée. L’un des problèmes majeurs est lié au protocole sanitaire, avec un PDG anti-masque ». À une autre salariée, élue depuis janvier 2020 dans une association, le président a dit : « je préfère te filer des primes plutôt que tu ailles au CSE ». Ces directions n’hésitent pas à passer des informations erronées, comme ce DG qui affirme en CSE que « le personnel de l’atelier ne devait se tourner que vers l’élu du collège atelier et que le personnel des bureaux ne devait se tourner que vers l’élu du collège bureaux ».
La répartition entre le budget de fonctionnement et celui des ASC soulève aussi beaucoup de questions. À une élue qui souhaitait proposer un « kit de rentrée scolaire » en utilisant 7 000 € de budget de fonctionnement pour acheter des fournitures, les réponses sont unanimement négatives, « avec ou sans logo du CSE sur le matériel ». Un élu est même prêt à acheter une construction mobile avec du mobilier sur le budget de fonctionnement, pour proposer une salle de pause aux salariés… Il y a bien là matière à formation pour faire prendre conscience aux élus de ce qui relève du fonctionnement et des ASC. Encore que sur ce dernier exemple, c’est à l’employeur de financer une salle de pause.