Fin de la trêve hivernale, des mal-logés occupent l'ACSE
Il y a quelques semaines, M. Benoist Apparu, Secrétaire d'État au Logement depuis maintenant presque deux ans, annonçait un soi disant « record » de la production de logements sociaux en France.
Dans la réalité, il n'y a jamais eu autant de demandeurs de logement social en attente : 120 000 pour le seul département de Paris.
En 2010, le chiffre record de 110 000 décisions d'expulsions locatives a été atteint, et le recours à la force publique a bondi de 182 % en quelques années.
Voilà les vrais records consécutifs à la politique du logement menée depuis des années.
Ils vont de pair avec d'autres, ceux de la hausse des loyers, qui précarise et appauvrit des millions de salariés, de retraités, de familles modestes, contraints de se priver de tout pour se loger, et plongés dans la spirale infernale de l'endettement puis de l'expulsion, dès lors que survient le chômage ou une baisse de revenus quelconque.
Les prix à la vente dans l'immobilier, notamment dans les quartiers populaires atteignent également des sommets : en conséquence, les propriétaires se séparent de leur bien, et les expulsions suite à des congés pour vente connaissent une hausse exponentielle, touchant des gens qui ont pourtant payé des loyers hors de prix pendant des années.
Vendredi dernier, nous étions une centaine de mal-logés à occuper l'ACSE (agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances), afin d'exiger l'arrêt immédiat des expulsions et le relogement de tous (voir la video).
Durant l'occupation, le Secrétariat d'État, le Ministère de la Ville, la préfecture de région, et la préfecture de police nous ont fait savoir qu'ils ne pouvaient s'engager sur rien, pas même sur des solutions d'hébergement pour les expulsés.
Voilà la réalité concrète : on a détruit des centaines de milliers de logements sociaux, on en vend des dizaines de milliers chaque année. L'État cède les terrains disponibles aux promoteurs privés, aux constructeurs d'immobilier de bureaux. Le budget du logement est utilisé pour subventionner les propriétaires au travers de l'ANAH, les exemptions d'impôt se multiplient.
Le résultat, c'est l'impossibilité d'accéder à un logement décent pour une partie croissante de la population, ce sont des expulsions sèches qui détruisent la vie sociale, professionnelle, scolaire et la santé des concernés.
Ce vendredi 11 mars, ce sont des centaines de CRS et de gardes mobiles qui ont été mobilisés pour nous évacuer de l'ACSE, gérée par le Ministère de la Ville.
La loi DALO, comme les mesurettes de Benoist Apparu, notamment la surtaxation hypothétique des petites surfaces louées trop cher, ne sont que de la poudre aux yeux.
Mais la détermination des mal-logés ne faiblit pas malgré le mépris et la répression : nous empêcherons la destruction du logement social, nous imposerons la seule solution à la crise du logement : une offre de HLM qui corresponde aux besoins.