CV anonyme ou testing ?
Les déclarations de Yazig Sabeg, le commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances, sur le besoin de mesurer le sentiment d'appartenance à une minorité ethnique ont déclenché des débats qui attestent d'un net clivage.
C'est François Héran, le Directeur de l’Institut national des études démographiques, qui a été chargé de piloter le Comité pour la mesure et l’évaluation de la diversité et des discriminations (Comedd) avec l'objectif de rendre un rapport pour fin juin.
- À noter que l’INED avait recommandé en 2006 à des entreprises qui s'interrogeaient sur ce à quoi pourrait ressembler un questionnaire sur les origines des salariés de se borner à une question sur la nationalité des ascendants.
Axa faisait partie de ce groupe de travail et se met au diapason. Le questionnaire qui vise à en savoir plus sur les « origines » des personnes recrutées ne va, en effet, plus se contenter de demander la nationalité des ascendants mais va intégrer une question sur le « sentiment d’appartenance à une minorité ethnique » et bien entendu, à laquelle. Un questionnaire qui n'aurait pas de sens si le CV anonyme n'était pas en place en amont.
- Retrouvez dans le décryptage « Promotion de la diversité et lutte contre les discriminations : à chacun ses outils » les témoignages d' Antoinette Prost, responsable du développement durable et des études d’Axa-France; Sophie Levy, chargé de mission diversité et égalité des chances à la SNCF; Eric Cédiey, consultant chez ISM Corum; Christian Gamarra, le délégué syndical CFDT du groupe Casino et Serge Gonnelaz, le délégué syndical CFDT du site Valéo de l’Isle-d’Abeau (Isère) où la section compte 80% de salariés issus de l'immigration.
Une entreprise comme Casino a fait un choix différent. Plutôt que d’opter pour le CV anonyme, le groupe a préféré la formule du testing. Jamais aucun questionnaire n'a été administré dans l'entreprise pour inviter les salariés à formaliser un sentiment d'appartenance. C'est exclusivement au travers de l'analyse des fichiers du personnel sur la base des patronymes que la direction et les partenaires sociaux ont cherché à détecter des écarts discriminatoires.
- Retrouvez l'interview d'Eric Cédiey, consultant chez ISM Corum, une association lyonnaise qui effectue des testing et des enquêtes patronymiques pour le compte de grandes entreprises comme Casino, LVMH, Adecco ou encore le Club Méditerranée. Il estime qu’il ne faut pas mélanger mesure de la diversité et lutte contre les discriminations.