L'UE doit se montrer plus ambitieuse pour sauver notre industrie automobile !
La Commission européenne a annoncé ce mardi l’assouplissement de l'interdiction des voitures à moteurs thermiques dans l’UE à partir de 2035 : l’objectif de réduction des émissions de CO2 n’est désormais plus de 100 % mais de 90 %. Les constructeurs pourront donc continuer de commercialiser ce type de véhicules sous réserve de conditions, notamment de compenser les émissions de CO2 par des crédits carbone : jusqu'à 3 % de réduction pour l'usage de carburants durables (e-fuels, biocarburants avancés) et 7 % pour de l'acier bas-carbone européen. Une mesure qui offre donc de nouvelles perspectives aux hybrides et aux voitures thermiques aux carburants de synthèse au-delà de 2035.
La Commission a également annoncé un plan de soutien au secteur automobile qui comprend : 1,5 milliard d'euros de prêts à taux zéro aux entreprises qui produisent en Europe des batteries pour véhicules électriques ; l'encouragement au« verdissement » des flottes de véhicules des entreprises à travers des objectifs chiffrés par pays ; le soutien au développement de petits véhicules électriques européens ainsi que l’instauration d’une « préférence européenne » par des obligations de contenus « made in Europe » dans les chaînes de production. Des précisions sur ce dernier point, qui répond à une revendication de FO Métaux, seront rendues publiques fin janvier.
Si ces annonces vont dans le bon sens, force est de reconnaître que cette volonté de redonner un peu d’oxygène à l’industrie automobile européenne ne suffira malheureusement pas. La concurrence chinoise continuera de tout écraser si une politique bien plus ambitieuse n’est pas mise en œuvre à l’échelle européenne et nationale. Comme nous n’avons eu de cesse de l’affirmer, nos constructeurs doivent produire à bien plus grande échelle des petits modèles électriques à des prix abordables pour répondre à la demande des consommateurs. Mais si les entreprises doivent faire preuve de créativité, elles ont besoin d’être véritablement accompagnées et protégées pour ne plus subir une concurrence faussée.
À l’heure où l’ensemble de notre filière automobile est menacée, avec en premier lieu les équipementiers qui perdent chaque année des dizaines de milliers d’emplois en Europe, nous n’avons plus le temps d’attendre. Cette industrie a besoin qu’on lui accorde les moyens de réussir sa transition énergétique dans des conditions socialement acceptables et économiquement viables.
Pour cela, il est vital de relocaliser la production en tirant parti de la transition électrique, de conditionner les aides publiques au maintien des emplois sur le territoire, d’imposer une réelle politique industrielle de souveraineté à l’échelle nationale et européenne, de garantir qu’une part significative (et non symbolique) des composants des véhicules produits localement proviennent du territoire national et de protéger l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur pour éviter leur effondrement.
En janvier, la Commission européenne devra transformer les précisions sur son plan en un signal clair de fermeté.
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Réindustrialisation : le temps presse
Réindustrialisation : le temps presse pour l’engagement d’une vraie politique
« L’emploi et la mobilisation des compétences pour la réindustrialisation » était l’un des thèmes évoqués lors de l’ouverture de la Conférence Travail-Emploi Retraites le 5 décembre au CESE.
Alors que les PSE se multiplient dans l’industrie, FO, qui par la voix de la secrétaire confédérale Patricia Drevon intervenait sur ce sujet, a revendiqué une réelle politique industrielle au long cours et déploré les dispositifs qui s’enchaînent sans suivi, comme celui de France 2030.
« Il faut une dynamique de réindustrialisation au service de l’emploi et des territoires », a ainsi souligné Patricia Drevon. L’état de l’industrie est préoccupant, rappelle la confédération : 2,4 millions d’emplois industriels ont disparu depuis les années 1970, et de nombreux secteurs stratégiques, comme l’automobile, la métallurgie ou la chimie sont aujourd’hui en difficulté. L’industrie accuse un déficit commercial massif, tiré par les importations de produits manufacturés.
À l’ouverture de la conférence le 5 décembre, FO a notamment défendu « un protectionnisme intelligent », permettant de défendre les emplois.
Face aux stratégies de délocalisation qui s’accélèrent, la confédération a aussi rappelé une revendication de longue date : que les aides publiques accordées aux entreprises soient conditionnées à l’engagement du maintien de l’activité et des emplois en France.
« La réindustrialisation est structurante. Nous demandons qu’elle soit coordonnée, adossée à un investissement massif dans les qualifications, et conditionnée à des engagements sociaux et territoriaux », a insisté Patricia Drevon. Vers un cahier FO de revendications spécifiques
Le 9 décembre, la confédération a lancé pour sa part un cycle de travail sur la réindustrialisation avec les fédérations FO (métaux, FGTA, cheminots, chimie…). Travail qui se poursuivra en 2026. L’objectif est « d’analyser les problématiques d’emploi dans chaque secteur, et de construire un cahier de revendications que chaque fédération pourra utiliser auprès de ses structures et auprès des ministères », explique Rachèle Barrion, secrétaire confédérale au secteur de l’Économie et du Service public.
Pour FO, la clé de voûte d’un travail de réindustrialisation, c’est la relance du Conseil national de l’industrie (CNI) qui définit les orientations stratégiques. Or cette instance, où siègent notamment les syndicats, pâtit actuellement de l’instabilité politique. « Il faut aussi réfléchir à l’attractivité des métiers industriels. Il y a un véritable enjeu autour de la fidélisation des salariés et de l’anticipation des besoins de compétences », souligne la secrétaire confédérale. La prochaine réunion se tiendra le 20 janvier au siège de la confédération.