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26 / 11 / 2025 | 31 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Fonction publique territoriale : l’état de la santé mentale des agents territoriaux ne s’améliore pas

Le Gouvernement a fait de la santé mentale la grande cause nationale 2025... et dans ce cadre, il convient de noter que  ces derniers mois nombreux baromètres ont dévoilés leurs résultats. Nous en avons fait régulièrement état dans ces colonnes.. 

 

Pour la seconde année consécutive, Moodwork, IdealCO et la MNFCT se sont penchés sur la santé mentale des agents territoriaux et ont publié mi-novembre  à point nommé les résultats de leur Baromètre 2025 pour sensibiliser les élus à l'occasion du Congrès des Maires de France.(*)
 

Plus de 6 000 agents de la fonction publique territoriale ( en fonctions  en mairie, dans les départements, les intercommunalités, les SDIS, les CCAS, les bibliothèques, les écoles, les services techniques) ont répondu à cette enquête..

 

Les principaux constats:

 

-  l’état de la santé mentale des agents territoriaux ne s’améliore pas en 2025 

Epuisement, Charge de travail, irritation : les signaux sont forts:

  • 42 % des agents se sentent épuisés régulièrement par leur travail.
  • 46 % des agents estiment avoir une charge de travail trop élevée (plus d’une fois par semaine). Ce chiffre grimpe à 49 % chez les femmes, 52 % en catégorie A, et 55 % chez les managers. Le pic concerne les 30-60 ans, avec près de la moitié concernés.
  • 42 % déclarent également être irrités régulièrement à cause de leur activité professionnelle.

Ces 3 indicateurs traduisent une pression chronique qui affecte le bien-être émotionnel, les relations interpersonnelles, et la capacité de projection à long-terme. Ils dressent le portrait d’une fonction publique territoriale dont l’épuisement concourt au manque d’attractivité

- Une charge mentale qui déborde le cadre du travail, plus que dans le privé !

  • 65 % des agents pensent à leur travail le soir ou le week-end. Ce chiffre atteint 75% pour le personnel encadrant.
  • 39 % déclarent travailler en dehors des horaires attendus chaque semaine (+3 points vs 2024). Ce chiffre atteint 56 % chez les encadrants et 47 % en catégorie A.

 

- Un déficit massif de reconnaissance et de soutien toujours mis en avant:

  • 43 % des agents disent ne recevoir que rarement de la reconnaissance de leurs supérieurs, moins de quelques fois par an. C’est particulièrement le cas pour les hommes (46 %), les catégories C (51 %) et les plus de 45 ans (jusqu’à 48 %).
  • 50 % des répondants déclarent recevoir rarement le soutien de leur hiérarchie. Ce chiffre monte à 63 % chez les catégories C et 56 % chez les plus de 60 ans.
  • Heureusement, une solidarité persiste et 55 % estiment recevoir un soutien régulier de la part de leurs collègues.

Des risques pour la santé mentale reconnus… mais peu pris en charge

  • 34 % des agents ressentent un risque pour leur santé mentale au travail plus d’une fois par semaine. Ce chiffre atteint 37 % en catégorie C.
  • 56 % estiment que leur collectivité ne se soucie pas de leur bien-être.
  • 49 % déclarent n’avoir jamais été sensibilisés aux RPS dans leur collectivité et seuls 31 % ont déjà suivi une formation sur les risques psychosociaux.

- Un attachement fort aux missions malgré tout, qui porte une capacité de résilience

Malgré ce tableau, les agents territoriaux ne se désengagent pas. Le baromètre révèle :

  • 75 % estiment donner du sens à leur travail.
  • 85 % le jugent important, 83 % utile à la société, 64 % stimulant.
  • 57 % pensent avoir une marge de manoeuvre, 64 % la possibilité de développer leurs compétences.

Ces chiffres montrent une forme de résilience. Mais jusqu’à quand ?

 

- L’absentéisme, un état de fait qui impacte la santé mentale des territoriaux

  • 33 % déclarent être en sous-effectif dans leur équipe à cause de l’absentéisme.
  • 39 % estiment que cela impacte leur travail de manière moyenne à forte.

L’absentéisme est le reflet d’une fonction publique éprouvée qui souffre de manque de moyens avec des agents à bout de souffle. Il est urgent d’agir.

 

(*) Pour plus de détails: 

Télécharger l’étude complète:

Baromètre national de la santé mentale des agents de la fonction publique territoriale – Edition 2025

 

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Baromètre santé au travail 2025 : l’entreprise, un acteur clé du bien-être et du lien social

 

Le groupe AG2R LA MONDIALE dévoile lui aussi  les résultats de la  1 ère édition de son Baromètre sur la santé au travail en partenariat avec Occurrence (Groupe Ifop).

 

Derrière une situation globalement positive, se dessine le portrait d’un monde professionnel qui poursuit sa mutation.

Dans une société qui a plus que jamais besoin de relier les Français, l’entreprise apparaît comme un acteur essentiel du lien social.

Dans un monde du travail toujours plus connecté, plus flexible et plus exigeant, ce baromètre fait ressortir neuf grands enjeux liés aux conditions de travail, au statut professionnel ou encore à la situation d’aidant de certains salariés qui accompagnent, de manière régulière ou fréquente, un proche en situation de handicap, de perte d’autonomie ou de maladie invalidante.

 

Les chiffres clefs

• 89% des actifs se disent en bonne santé physique et 86% d’entre eux en bonne santé mentale, et 60% indiquent se sentir reconnus. Néanmoins, pour un tiers de la population active le travail pèse négativement sur leur santé physique (34%) et mentale (35%).

• 76% des actifs considèrent que le télétravail a un impact positif sur leur santé mentale ;

• La moitié des actifs se reconnectent en dehors des heures de travail et 1/4 est même en situation d’hyperconnexion ;

• Pour 6 actifs sur 10, le rythme des journées de travail est source de stress. Pour y faire face, les réflexes de préservation arrivent en premières positions : 39% font du sport, 35% prennent du temps pour eux et 33% passent du temps en famille ou avec leurs amis.

• 7 actifs sur 10 pratiquent une activité physique régulière ;

• Près d’un actif sur deux pense que l’IA aura un impact positif sur le bien-être au travail dans les 5 ans à venir

 

1. Mieux accompagner les salariés en difficulté

 

Le travail demeure très largement un espace protecteur : 89% des actifs se disent en bonne santé physique et 86% d’entre eux en bonne santé mentale.

De plus, 60% indiquent se sentir reconnus. Néanmoins, pour un tiers de la population active le travail pèse négativement sur leur santé physique (34%) et mentale (35%).

Parmi ceux-ci, respectivement 5% et 7% déclarent que le travail a un impact « très négatif » sur leur santé ; ce phénomène étant souvent lié à des contextes personnels et professionnels (taille de l’entreprise, possibilité de télétravail, statut managérial, parentalité, etc.).

Dans ce contexte, la moitié des actifs salariés (48%) indique que leur entreprise met en place des actions de prévention et d’accompagnement pour les collaborateurs en difficulté. Cellesci concernent en premier lieu les postures et l’aménagement du poste de travail (50%), les possibilités de télétravail ou d’aménagement d’horaires (42%) ou encore la mise en place de dispositifs de prévention de santé physique ou psychique (38%).

 

2. Maintenir le lien social dans une société où le télétravail se généralise

 

7 télétravailleurs sur 10 ont coconstruit leur télétravail, une démarche qui a fait l’objet d’une organisation réfléchie et organisée avec l’entreprise.

 

À l’heure où l’héritage de la crise Covid-19 est questionné, le baromètre affiche un constat clair pour les répondants en ce qui concerne le télétravail :

• Il permet de diminuer le stress pour 43% d’entre eux ;

• Il contribue à une meilleure santé mentale (76% contre 55% des non-télétravailleurs) et physique (75% contre 54% des non-télétravailleurs) ;

• Il offre un équilibre vie pro/perso renforcé (82% contre 63% des non-télétravailleurs). La dynamique du lien social est questionnée. En effet, 30% des télétravailleurs et 44% de ceux ne le pratiquant pas, identifient le télétravail comme un facteur de détérioration du lien social avec leurs collègues.

Face à la généralisation du télétravail, l’entreprise demeure un lieu de socialisation, voire même un rempart contre l’isolement.

 

3. Le statut d’aidant : une réalité encore invisible au travail

 

Un actif sur trois est aidant aujourd’hui en France. Dans une société qui doit répondre au défi des 4 générations, la population d’aidants ne devrait cesser de croître. Bien que les femmes, et en particulier les mères, tendent à être celles qui portent davantage cette charge en cumulant responsabilités professionnelles et personnelles, elles attribuent au travail un rôle positif sur leur santé physique (57%) et mentale (56%).

 

D’une manière plus générale, deux aidants sur trois (67%) admettent éprouver des difficultés à concilier leur vie professionnelle et leur rôle d’aidant :

• 37% se connectent en dehors des heures de travail (ce taux monte à 65% lorsqu’ils ont fait part de leur situation à leur employeur) ;

• 44% travaillent en horaire décalés (68% lorsque leur employeur est prévenu) ;

• 35% pratiquent du télétravail (68% lorsque leur employeur est prévenu). Il convient de noter que 44% des aidants n’informent pas leur entreprise de leur situation personnelle.

Parmi les raisons évoquées le souhait de maintenir une frontière vie privée - vie professionnelle reste majoritaire (31%).

Parmi les répondants, 57% déclarent que leur entreprise propose des dispositifs pour les accompagner (aménagement des horaires, soutien psychologique, etc.) concourant ainsi à briser les tabous. Seulement 20% des aidants interrogés indiquent en avoir bénéficié.

 

4. Protéger le droit à la déconnexion

 

Si un tiers des actifs ne se reconnectent jamais en dehors des heures de travail, un actif sur deux consulte régulièrement ses outils professionnels après le travail, et jusqu’à plusieurs fois par semaine pour 28% des hyper connectés.

Cette pratique concerne davantage les catégories socio-professionnelles supérieures (62%) et les managers (66%) qui y voient un gain de liberté.

53% des sondés pensent que leur entreprise ne propose aucun dipositif d’accompagnement pour les collaborateurs confrontés à l’hyperconnexion (ou souffrant d’addictions).

 

Dans les entreprises qui en proposent, 19% déclarent ne pas en avoir bénéficié à ce jour et 6% n’osent pas en faire la demande.

 

5. Trouver des réponses durables à la gestion du stress

 

Pour 60% des actifs, les journées de travail sont synonyme de stress et 14% des répondants qualifient celui-ci de chronique. Trois grands profils se dégagent pour y faire face :

• Il y a ceux qui prennent soin d’eux : 39% font du sport, 35% prennent du temps pour eux, 33% passent du temps avec leur famille ou leurs amis.

• D’autres adoptent revanche des réflexes de compensation « toxiques » : 24% grignotent et se suralimentent, 22% dorment moins, 19% passent plus de temps sur les écrans et 18% consomment des stimulants.

• Enfin, seule une minorité tendent à adopter des comportements à risque : 9% déclarent s’auto-médicamenter et 7% augmentent leur consommation d’alcool.

 

Cependant il est à noter que la pratique du télétravail a un impact bénéfique puisque 43% des télétravailleurs estiment que leur niveau de stress a diminué.

 

6. Faire du sport et de la prévention des leviers majeurs de santé au travail

 

7 actifs sur 10 pratiquent une activité physique hebdomadaire. Une entreprise sur trois la promeut auprès de ses collaborateurs en proposant des dispositifs dédiés. A noter que seuls 17% des répondants déclarent y avoir déjà eu recours.

De même, la sensibilisation aux gestes et postures visant à limiter les troubles musculo– squelettiques progresse mais reste trop souvent superficielle.

 

En effet, si 7 actifs sur 10 y sont sensibilisés, seuls 22% se déclarent “tout à fait” sensibilisés et 9% ne le sont pas du tout.

 

7. Encourager la reconnaissance au travail, facteur relationnel moteur de bien-être et de motivation

 

60% des actifs se sentent reconnus, renforçant ainsi leur motivation et leur sentiment d’utilité au sein de l’entreprise, facteurs majeurs de bien-être.

Cependant les femmes avec enfants (56%), les non-managers (50%) et les employés de grandes entreprises (54%) ne se sentent pas suffisament reconnus à leur juste valeur. À l’inverse, les télétravailleurs (68%) et les managers (69%) affichent un sentiment de reconnaissance renforcé, probablement moteur d’engagement et a minima facteur de bonne santé mentale.

 

8. Envisager de nouveaux critères de réussite

 

Le bien-être au travail passe davantage par le ressenti personnel que par les perspectives professionnelles pures.

 

Les actifs sont davantage motivés et épanouis dans leur travail grâce à des critères liés au ressenti personnel : l’autonomie (39%), l’ambiance et les relations avec les collègues (38%), le bon équilibre vie pro/perso (36%), la reconnaissance au travail (29%) et le sentiment d’être utile (28%).

 

Les éléments liés à la carrière professionnelle arrivent en dernière position du classement : perspective d’évolution ou mobilité (10%) et possibilités d’apprentissages ou développement des compétences (9%). 9. Recourir à l’IA pour mieux vivre son travail ?

L’intelligence artificielle entre peu à peu dans les usages professionnels.

Si 12% des sondés déclarent l’utiliser au quotidien et 34% occasionnellement, les populations les plus soumises à l’hyperconnexion y ont davantage recours pour gagner en efficacité et en temps : les aidants (63%), les managers (62%), les femmes aidantes avec enfants (54%) et les catégories socioprofessionnelles supérieures (54%). Si un actif sur deux n’en fait pas l’usage dans un cadre professionnel, les collaborateurs des petites (50%) et moyennes entreprises (49%) sont davantage enclins à l’utiliser.

En intégrant l’IA dans le quotidien de travail des collaborateurs, l’entreprise contribue à préparer l’avenir : 48% des actifs s’accordent sur le fait qu’elle pourra être de nature à améliorer le bien-être au travail dans les 5 ans à venir. 71% des utilisateurs réguliers en sont même convaincus. Cette pratique renforce ainsi le rôle de l’entreprise, comme un acteur social responsable, qui place l’humain au cœur de sa performance.