Après les maisons communes, voici les camping-cars des services publics !
Piloté par le Ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, le gouvernement , pour tenter de pallier à la suppression des implantations des postes et services en milieu rural, a instauré un réseau visant à faciliter l’accès des citoyens à « un panier de services publics », l'an dernier. L'initiative a été placée sous le label « France Services ».
L'objectif affiché est de permettre aux usagers d'effectuer diverses démarches administratives en un lieu unique et de se renseigner auprès d’agents polyvalents, formés de manière pointue et efficace ». Pas si évident, compte tenu de la diversité des services couverts...
En effet, les services proposés dans les maisons France Services sont ceux de la Poste, Pôle Emploi, CNAF, CNAM, CNAV, MSA, Ministères de l’Intérieur et de la Justice, Direction générale des finances publiques etc. C'est dire ! À l'évidence, les avis sont très partagés sur la qualité et le suivi des prestations.
Où en est-on et que faut-il en penser ?
Aujourd'hui, plus de 850 maisons communes ou points de contacts ont ouvert en métropole et en outre-mer ; l'objectif était d'arriver à 1.500/2000.
Après ces maisons communes, on a complémentairement vu émerger l'idée de services itinérants à bord de mini-bus, camionnettes ou camping-cars. Cet été, la liste des 30 premiers projets de bus France Services a été dévoilée et concernait uniquement les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).
Un second appel à projets a été lancé ce 26 octobre. Cette fois-ci, il s'adresse à la fois aux QPV et aux zones rurales et devrait mener à annoncer la mise en service d'une cinquantaine de véhicules supplémentaires pour la fin 2020.
Pour la ministre déléguée en charge de la politique de la ville, « qu’il s’agisse de minibus, de camions ou de camping-cars, les bus France Services renouvellent le service public par leur proximité et leur démarche innovante. Concrètement, des agents sillonneront les quartiers et s’installeront de manière temporaire dans les espaces de la vie quotidienne, comme au pied des immeubles, sur une place de marché, à proximité de la mairie ou d’un centre commercial. Les bus France Services inversent ainsi les relations avec les usagers : il s’agit ici moins d’accueillir que d’aller à la rencontre et d’accompagner nos concitoyens dans leurs démarches là où ils vivent ».
Au-delà des discours, des déclarations d'intention et des effets d'annonce pour tenter de masquer la détérioration des services publics (notamment en milieu rural), on peut être très perplexe sur la capacité de ces nouveaux VRP du service public (quelle que soit leur bonne volonté) de véritablement répondre à la diversité des attentes des usagers dans des domaines aussi multiformes et complexes...
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Des « Services Publics plus » déconnectés des usagers !
Le nouveau programme baptisé « Services Publics Plus », présenté en Conseil des ministres la semaine dernière, vise à accélérer la numérisation des démarches en ligne pour atteindre un objectif de satisfaction de 77% pour 2022 et simplifier les démarches des citoyens. Financé par le plan de relance et par le fonds de transformation de l’action publique de 700 Millions d’Euros (FTAP) créé en 2018, ce programme devrait concerner toutes les administrations et les opérateurs comme la CAF et Pôle Emploi via l’accès en ligne France Connect.
Alors que le dernier rapport du Défenseur des droits dénonçait un éloignement du numérique des publics les plus fragiles, et que la Commission des Finances du Sénat préconisait d’encadrer le développement des procédures dématérialisées en conservant une méthode alternative et la possibilité de disposer d’un interlocuteur physique, la ministre de la fonction publique propose au contraire d’accélérer les démarches en ligne pour satisfaire des objectifs comptables et indicateurs statistiques.
Or, FO constate parallèlement la poursuite des suppressions d’emplois du PLF 2021 dans certains ministères jugés non prioritaires comme celui du ministère de l’économie (- 2163 postes), celui du ministère du travail (-496 postes), celui de la transition écologique (-947) ou celles prévues chez l’opérateur AFPA tout comme dans l’enseignement du second degré !
FO, qui s’est adressée au Premier ministre récemment en ce sens, conteste que les réformes de la Fonction publique, mettant en œuvre la politique d’action publique 2022, se poursuivent, en pleine crise économique et sanitaire, dans plusieurs ministères, en ignorant le dialogue social.
Les suppressions d’emplois menées depuis le début du quinquennat dans la Fonction publique et l’adoption de la loi sur la transformation de la Fonction publique, dont FO demande l’abrogation, fragilise l’exercice des missions, la continuité et l’égalité de traitement, en favorisant l’emploi contractuel.
Alors que le Premier ministre lui-même a mis l’accent sur le rôle essentiel des services publics, dont les services publics de contact et de proximité, d’accueil des usagers, dans le contexte de la crise sanitaire et du re-confinement, FO estime que toute l’attention des pouvoirs publics devrait être consacrée aux dispositions indispensables en termes de protection des agents et de moyens d’assurer la continuité du service dans les meilleures conditions.
C’est pourquoi la confédération FO soutient ses fédérations de la Fonction publique mobilisées contre ces réformes et qui en demandent l’arrêt immédiat et l’abandon, estimant qu’elles mettent en péril les emplois, les missions et les conditions de travail des agents et participent à l’éloignement des services publics avec notamment la suppression de l’accueil physique de proximité.