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26 / 06 / 2009 | 74 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Generali : retour sur l'accord de la discorde

Le 18 juillet 2006, quatre syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC et CGT) signaient un accord relatif à la rémunération des conseillers commerciaux de son réseau de vente au porte-à-porte GPA (désormais baptisé Generali Proximité). Sauf que 20% des commerciaux ont refusé de signer l'avenant. Résultat : un PSE pour 220 personnes.

Le 24 septembre, le tribunal des Prud’hommes de Paris va se pencher sur les dossiers de 87 ex-commerciaux de Generali qui ne comprennent pas pourquoi les syndicats ont accepté de signer un accord tout en rupture. Objectif : plus de contrat même s’ils sont moins durables.

C'est ainsi qu'une prime aux nouveaux clients est apparue :
  • "Lorsque le nombre de nouveaux clients est strictement inférieur à 16 à la fin d’un quadrimestre la prime aux nouveaux clients est égale à zéro. Son montant sera de 400 euros pour les collaborateurs qui auront conquis 16 nouveaux clients par quadrimestre. Chaque client supplémentaire au-delà du 16ème et jusqu’au 35ème donnera lieu au paiement d’une prime de 100 euros. Cette prime sera de 150 euros à partir du 36ème nouveau client conquis par quadrimestre."

 

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Je tiens en premier lieu à remercier Rodolphe Helderlé d’avoir donné à chacun l’occasion de s’exprimer ce qui me permet de répondre ainsi aux assertions de certains protagonistes de ce conflit.

Au préalable, je confirme que nous sommes très confiants dans la justice, les faits nous donnant encore raison : aujourd’hui même, nous apprenons que Generali a  encore été d’être condamnée le 12 juin dernier.

Seulement, nous savons tous que la direction de Generali joue l’usure, l’appel et la cassation pour enfin, en dernière limite, faire face à ses responsabilités, elle le sait d’autant bien qu’elle dote chaque année ses provisions pour litiges de plusieurs millions d’euros supplémentaires (pour l’ensemble du groupe Generali France : 50 millions au 31/12/2006, 61 millions  au 31/12/2007, et 83 millions au 31/12/2008).

Quand à nous, nous souhaitons tourner la page de cette douloureuse expérience, faire reconnaitre tout simplement que nous avons été licenciés sous un prétexte économique fallacieux par une entreprise plus que prospère. Une entreprise qui n’aspire qu’à jouer le rôle de la grenouille plus grosse que le bœuf au risque de déstabiliser tous ses fondamentaux, à savoir une juste répartition des efforts et des bénéfices entre ses quatre composantes : l’entreprise (investissement), les actionnaires (investisseurs), les clients  (les acheteurs des produits et services) et les salariés (réalisateurs des plus values).

Monsieur Estimbre, dans le présent article,  donne des chiffres et évoque le témoignage d’un expert-comptable pour mieux marteler sa position : je suis au regret de lui signifier que les éléments qu’il nous expose sont erronés :

  • Le constat de la perte de clients : si la moyenne était de 17 528 perdus entre 1993 et 2002 (conséquence entre autre d’un « nettoyage » de portefeuille organisé à l’époque par la direction), elle n’était plus que 8679 entre 2003 et 2005 et, faute de communication à ce sujet, il nous est impossible de déterminer quel fut le résultat 2006, mais j’ai le souvenir que notre direction tablait sur un équilibre en fin d’année soit avant la mise en place de la nouvelle rémunération. Nous sommes donc loin des 15 000 clients perdus à fin 2005. D’autant que la politique managériale n’a fait que contribuer à cette désaffection de la clientèle. En effet, si les secteurs pourvus d’un conseiller voyaient croitre leur clientèle, il en était tout autrement des secteurs non pourvus, les clients résiliant leurs contrats faute de suivi et j’ai le souvenir de secteurs abandonnés depuis plus de 10 ans. Il est alors paradoxal de constater que notre licenciement eut comme effet d’augmenter le nombre de clients ne bénéficiant plus d’interlocuteur au sein de la compagnie.
  • Concernant les aspects financiers, je vais laisser la parole à M. Papeix, expert-comptable, qui présente ainsi  les comptes 2005 de GPA lors d’une réunion du Comité d’ Etablissement le 7 juin 2006 :« Résultat 2005 : GPA Vie (page 4) : Un bénéfice net après impôt de 51,911 M€ contre 28,814 M€ l'année dernière, soit une progression du simple au double pratiquement, » Comment l’entreprise GPA dont l’essentiel de l’activité se trouve dans sa partie vie pouvait perdre 55 M€ alors que nous venons de constater que le bénéfice de cette branche vie se situait à près de 52 M€ ? Monsieur Estimbre s’embrouille dans ses chiffres puisque nous découvrons dans le même document que : « les 55 millions de dividendes distribués à l’actionnaire GENERALI sont la contribution normale de GPA au Groupe ». Les voici donc, ces 55 M€, ce ne sont pas des pertes mais des dividendes, nuance ! GPA verse donc les dividendes attendus par les actionnaires, elle n’est donc pas victime de difficultés financières, mais ce n’est pas suffisant, et là, M. Estimbre, ce sont vos propres paroles que je cite : « GENERALI Trieste ayant pris l’engagement auprès de ses actionnaires de doubler les dividendes, » et c’est donc bien à ce niveau que doit se situer le débat.  Et c’est donc avec ces arguments que la direction de Generali avance le prétexte économique alors qu’il ne s’agit que d’une recherche du doublement des dividendes distribués.

Si vous voulez tuer votre chien, dites qu’il a la rage ! Alors, si on croit M. Estimbre, la situation du réseau salarié de Generali serait devenue idyllique depuis cette fameuse modification du contrat de travail  « Aujourd’hui, Generali Proximité recrute, les salaires ont progressé en moyenne de 10 % et le réseau ne perd plus de clients » dites-vous. Chiche, mais prouvez-le, car tous les échos que nous avons du réseau sont en complète contradiction avec vos propos : vous recrutez, certes, mais pour mieux perdre vos salariés et le turn over ne fait qu’augmenter, vos salariés sont si bien dans leur entreprise que structurellement, 10 à 12 % d’entre eux sont en arrêt de travail, les salaires ont peut-être progressé mais qu’en est-il si nous ôtons les mesures transitoires (jusqu’à fin 2009) et les accords individuels d’avances sur commissions , qu’en est-il donc de la réalité des rémunérations si nous leur ôtons les artifices n’offrant aucunes garanties de pérennité.  

Qu’en est-il également du nombre de clients, cela fait un moment que certaines organisations syndicales vous demandent des précisions à ce sujet sans que vous ayez daigné leur répondre. Vous avez voulu réformer les modalités de la rémunération du réseau commercial pour modifier totalement la nature du travail confié à vos salariés au détriment de ceux-ci comme des clients qui avaient mis leur entière confiance dans le GPA depuis de nombreuses années, sachez que vous avez licencié des conseillers commerciaux ayant plus de trente ans d’ancienneté comme aujourd’hui vous quittent des clients dont la fidélité remontait à plus de trente ans : quel gâchis !

Venons-en désormais aux propos de M. Forestier, délégué syndical CFDT : selon lui, la nouvelle rémunération représenterait une avancée grâce à ce fixe de 1 500 € qui aurait mis un terme aux avances sur commissions dont certains soldes était négatif.

Vous aussi, vous avez une curieuse conception de la réalité des chiffres, jugez sur pièces :Réunion des délégués du personnel du 24 novembre 2008 : 671 conseillers commerciaux bénéficient d’une RMM c'est-à-dire d’une avance sur commissions, 291 d’entre eux sont déficitaires au 31/10/2008 soit à un mois du terme de l’exercice. C’est encore plus parlant si nous nous penchons sur le cas des inspecteurs principaux : 127 déficitaires pour 133 bénéficiaires d’une RMM. Au 28 février 2009, soit seulement trois mois après le début de l’exercice, 28 salariés connaissent des déficits supérieurs à 5 000 € dont 15 supérieurs à 10 000 €. Il s’agit bel et bien d’une rémunération révolving !

Reprenons le fil des événements : le 18 juillet 2006, lors de la réunion du CE, les organisations syndicales sont au moins réticentes, et plus largement opposées à la signature de l’accord que leur propose la direction. Pourtant, en l’espace de 48 heures, 4 d’entre elles apposent leur signature sur cet accord, engageant ainsi l’avenir de l’ensemble du réseau. Que s’est passé ? Quelle est la cause d’un tel revirement ? Ces signatures auraient été obtenues sous la menace de la mise en œuvre du fameux plan B décrit par la direction ? Allons bon, soyons sérieux, cette menace ressemblait plus à du Poker Menteur, la pression était certes très forte mais la direction n’aurait pas pris le risque d’un conflit majeur avec l’ensemble du réseau… et vous êtes tombés dans le panneau.Effectivement, comme l’admet M. Scamorri, vous avez été très mauvais, vous avez signé un accord modifiant non seulement la rémunération du réseau commercial mais aussi totalement la pratique du métier de conseiller commercial de terrain, proche de ses clients. Vous avez organisée conjointement avec la direction la précarisation des conseillers et la transformation des clients en « vaches à lait ». Il s’agit donc de vendre du contrat pour du contrat quels que soient les besoins et attentes des clients.

Quoique vous en disiez aujourd’hui, vous en portez la responsabilité au même titre que la direction. Aujourd’hui, nous avons fait le choix de nous regrouper autour de notre avocat, Maître Denis DELCOURT POUDENX, nous avons rompu cet isolement, cet éparpillement sur tout le territoire,  qui nous a été si préjudiciables face aux renoncements de la majorité des représentants du personnel. Nous avons ainsi constitué un dossier solide, étayé de faits indiscutables, fruit de nombreuses heures de travail. Nous résistons également face aux provocations (action commando de 8 conseillers sur le secteur d’activité de Fabrice Barlet, désormais courtier indépendant) et la remise en cause par M. Estimbre de l’accord transactionnel qu’il avait signé avec Eric Pilot uniquement pour le sanctionner de nous apporter son témoignage de solidarité.

Nous sommes persuadés que le 24 septembre prochain, le Conseil des Prudhommes de Paris reconnaitra le préjudice dont nous sommes victimes et condamnera publiquement les pratiques de la direction de Generali.