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30 / 06 / 2011 | 3 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+ débauche son expert en rémunération du cabinet Hay

Johann Breton rejoint la direction des ressources humaines du groupe Canal+,
in English please : « compensation & benefits manager, Canal+ ». C'est en tout cas la fiche présentée sur Viadéo (et déjà mise à jour), nous annonçant sa venue., alors que cette nomination est encore de portée confidentielle en interne…

Compensation & benefits manager… Comment ? Vous ne savez pas de quoi il retourne ? Cette terminologie anglo-saxonne pourrait être traduite par « contrôleur de gestion sociale spécialisé dans la détermination et le pilotage de l’évolution de la masse salariale ».

Vous avez enfin compris… Les rémunérations à Canal+, c’est le problème numéro un. Il est vrai que, depuis la curée de ces dernières années, Canal+ était fortement démuni en compétences dans ce domaine. C'était donc une priorité absolue, passant avant la gestion des carrières (qui n’a plus de responsable depuis 3 ans), avant la direction de la formation (qui a perdu sa directrice il y a aussi quelques années), avant le renforcement des équipes de la paie ou du reporting ou encore des affaires sociales…

Cet expert ne vient pas de n’importe où mais du Cabinet Hay. Sur le site internet du cabinet, on peut lire cette présentation : « Hay Group est une société de conseil internationale, qui travaille avec les leaders d'entreprise pour les aider à transformer leur stratégie en réalité. Nous développons les talents, nous réorganisons les entreprises pour plus d’efficacité et pour conduire les ressources humaines à être plus performantes. Notre objectif est de promouvoir le changement et d’aider les entreprises à déployer tout leur potentiel… ». Quel programme !

Parmi les spécialités du groupe Hay, les rémunérations…

  • Le Cabinet Hay n’est pas inconnu des représentants du personnel et syndicaux de Canal+ . C’est en effet ce cabinet qui avait été chargé d'une enquête sur les rémunérations dans le secteur de l'audiovisuel. Ce fameux « benchmark » destiné à nous prouver combien nous avions tort de revendiquer une progression des salaires.


Depuis, chaque année, ce « benchmark » nous est resservi en hors d’œuvre des négociations salariales comme justification de compression de la masse salariale et des augmentations minimales allouées à chacun des collaborateurs de l'UES.

Enfin, un « benchmark », une analyse dont nous n’avions pu lire que les 5 dernières pages… Peut-être pourrons nous espérer maintenant disposer du document complet, afin d’en faire une analyse sérieuse et partagée ?

Mais c’est une autre affaire, qui nous occupera certainement en fin d’année…

  • La question qui nous effleure concerne cette priorité affichée relative aux rémunérations. La masse salariale c’est à peine 6 % du chiffre d’affaires. Considère-t-on que c’est encore trop ? Que les disparités salariales sont trop importantes ? Ou bien faut-il travailler sur les écarts entre les salaires les plus hauts et les plus bas, avec un écart pouvant atteindre 1 à 40 ou 1 à 66, si l’on prend la plus haute haute ?


Nous savons que comparaison n’est pas raison… Le « benchmark », proposé à l’époque par le cabinet Hay, mérite une analyse fine. Mais surtout, la problématique de l’emploi à Canal+ dépasse (et de loin) la simple question des rémunérations.

  • Depuis 2007, nous constatons une présence très élevée de prestataires et de consultants dans toutes les entreprises. Présents pour certains depuis de très nombreuses années, en dépit du bon sens, ces salariés-là n’apparaissent pas dans les bilans sociaux et salariaux et pour cause… L’entreprise règle une facture globale mais pas les salaires de ces collaborateurs. Pourtant, ces salariés exécutent des missions et fournissent un travail pour le compte de Canal+, faussant ainsi les analyses sociales globales.


Responsabilité sociale de l’entreprise, efficacité des organisations, dépenses faramineuses (le coût prestataire de bon niveau peut atteindre la masse salariale de 3 CDI…) : repenser le modèle actuel s'impose.

Travailler sur les rémunérations suppose donc avant tout de travailler sur les organisations, les objectifs des entreprises, la stratégie. Ce travail-là n’a pas encore vu la lumière. Espérons qu’enfin il s’engage en transparence, avec les représentants du personnel…

Au fait, le poste « compensation & benefits manager » à été publié sur intranet ? On n'a pas le droit de publier une annonce en anglais ? Naturellement !

Bienvenue, M. Breton, dans l’univers impitoyable mais tellement formidable de l’audiovisuel privé français !

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