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ADP : mobilisation contre les menaces de privatisation
À l'appel des quatre syndicats de l'entreprise, les salariés d'Aéroports de Paris (ADP) étaient en grève en fin de samaine dernière. Ils craignent en fait que l'État, actuellement actionnaire d’ADP à 50,6 %, ne cède ses parts prochainement. Les salariés demandent le « retrait du projet de privatisation ».
Les quatre syndicats représentatifs d'Aéroports de Paris (SA depuis 2005 détenue à 50,6 % par l’État) avaient appelé à une journée de grève le 31 mai et à des rassemblements (à Orly, Roissy, Le Bourget…).
Le personnel d'ADP (6 000 salariés) qui demande « le retrait du projet de privatisation, le maintien du statut du personnel et des acquis sociaux » craignent que le projet de loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) qui devrait être bientôt présenté en conseil des ministres ne porte la cession des parts de l'État dans ADP.
Début mai, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, avait confirmé ce souhait de désengagement regrettant que l'État « bloque neuf milliards d’euros par sa participation dans ADP pour environ 180 millions de dividendes, pas plus ». Le ministre indiquait encore être « convaincu que l'État a plus un rôle de régulateur que de gestionnaire. Il n'a pas à gérer les magasins de Roissy ou le Mercure d'Orly. Ce n'est pas ce que les Français attendent de lui ».
Face à ce genre de déclarations, « la mobilisation est plus que jamais nécessaire » insiste le syndicat FO-ADP. Pascale Lapierre rappelle ainsi que « les salariés d'ADP se battent aussi pour la défense des services publics ». Alors que les syndicats d'ADP avaient sollicité une rencontre la semaine dernière avec le chef de l'État, ils n'ont pas été reçus . Ils n'ont pas davantage d'information sur l'avenir d’ADP de la part du gouvernement, pas même de leur direction qui leur a indiqué seulement vouloir conserver le modèle industriel actuel de l’entreprise.
Les syndicats rappellent désormais l'historique d'ADP.
Constitué en 1947, ADP qui était un établissement public détenu à 100 % par l'État, est devenu une société anonyme en 2005. « La majorité du capital est restée détenue par l'État. Ce choix avait été décidé au vu du caractère stratégique et de la situation de monopole de l'entreprise », soulignent les syndicats. La situation n'a pas changé, le caractère stratégique « s'est même consolidé compte tenu du renforcement des mesures de sûreté et de la forte croissance du transport aérien mondial », insistent-ils.À l'époque, en 2005, indique Pascale Lapierre, « l'État a inscrit dans la loi qu'il restait majoritaire » dans ADP. Les syndicats remarquent encore que « l'État n'a jamais recapitalisé ADP ». Les salariés d'ADP remettent donc les pendules à l'heure en réaction aux propos du ministre de l'Économie… « Avant l'introduction en bourse, en 2006, l'État détenait 100 % d'une entreprise valorisée à 3,84 milliards d'euros. Entre 2006 et 2018, l'État actionnaire a engrangé 1,59 milliard d'euros en vendant ses actions à Schiphol, Vinci etc., ainsi que 1,32 milliard d'euros de dividendes, soit au total 3,91 milliards d'euros. C'est plus que la valorisation d'ADP en 2006 ! ».
Dans leur lettre adressée au Président de la République, les syndicats rappellent encore les efforts du personnel d'ADP et ses inquiétudes actuelles. En dix ans, au fil de trois plans sociaux, ces salariés ont vu fondre les effectifs de l'entreprise. Il y a dix ans en effet, « ADP comptait 8 000 salariés. Depuis, 2 000 emplois ont été supprimés ».
Si la participation de l'État dans ADP (50,6 %) représente aujourd'hui neuf milliards, ce sont surtout les salariés de l'entreprise qui sont à l'origine de cette création de richesses soulignent fermement les organisations. Or, « aujourd'hui, les salariés se sentent dénigrés par les orientations insufflées par le Président de la République et relayées par le gouvernement ».
« Les incertitudes pesant sur l'avenir d'Aéroports de Paris sont inacceptables et insupportables pour les milliers de salariés qui continuent chaque jour d’assurer leurs métiers et missions spécifiques, dont celle de service public, de sureté et de sécurité ».
Une consultation des salariés récemment organisée par les quatre syndicats représentatifs d’ADP a apporté une réponse claire : 98 % des salariés votants « se sont prononcés contre tout projet de privatisation », rappellent les syndicats.