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19 / 05 / 2011 | 5 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Vivendi : les terribles tentations de la finance

Les résultats obtenus au premier trimestre 2011 par Vivendi sont excellents et ceux du groupe Canal+ particulièrement satisfaisants

Notre pays sort d’une crise économique causée par les dérives financières de l’immobilier américain, venues polluer le système bancaire mondial. La France peut se considérer comme privilégiée alors qu’elle résiste aux intempéries sans trop de dégâts et avec une possibilité de repartir du bon pied…

Dans ce contexte, il faut se féliciter à Canal+ de notre niveau de rentabilité car il n’y a rien de pire qu’une entreprise affichant des pertes et sans autre alternative que le plan social.

Nous pouvons nous féliciter d’avoir ainsi maintenu le cap malgré la tempête, mais où allons nous maintenant ? Attardons-nous sur la page 11 du communiqué de Vivendi qui présente les données de base, filiale par filiale.

Loin de toute analyse financière sophistiquée (c’est un métier…), il est malgré tout possible de tirer quelques enseignements résumés dans le tableau présenté ci-dessous.




Cette présentation reprend dans ses grandes masses le pourcentage de chiffre d’affaires généré par chaque filiale, sa contribution au résultat du groupe et sa rentabilité intrinsèque (résultat/chiffre d’affaires).

Dans ce schéma, il apparaît que SFR reste le pilier de Vivendi, avec 43 % du chiffre d’affaires.
Mais sa rentabilité est au-dessous de la moyenne des autres filiales puisque sa contribution s’élève à I/3 du résultat total, soit 10 % de moins. Dans le cas contraire, sa contribution au résultat serait égale au pourcentage du chiffre d’affaire global

Cette situation chez eux se traduit notamment par la concurrence du marché du mobile en France que Free vient secouer en bon trublion…

Le groupe Canal+ représente un peu moins de 17 % du chiffre d’affaires et 16 % du résultat, ce qui fait de nous un bon élève puisqu’avec un écart de 1 %, nous flirtons avec la moyenne. Cela semble excellent si nous nous comparons à d’autres industries et surtout aux environnements des économies émergentes…

Taux de rentabilité

La troisième colonne a de quoi nous faire sursauter…

  • L’hallucinante rentabilité d’Activision Blizzard qui, avec un chiffre d’affaires comparable au nôtre, affiche une rentabilité… double !

Mais si j’étais Jean-Bernard, je ne ferais que de l’activision… Avec quelques développeurs géniaux qui fabriquent du logiciel dématérialisé, pas d’achat de matière première ni de soutien et en avant toute… C’est Las Vegas !

Passons sur Universal Music qui se débat dans les difficultés de l’industrie musicale plombée par le piratage.

SFR, Maroc Telecom et GVT font le même métier du mobile dans des environnements économiques et sociaux très différents. Édifiant : Maroc Telecom réalise 40 % de marge, suivi par GVT à 27 %, mais ils démarrent, et SFR qui affiche 18 % de marge.

Conclusion : il est finalement stupide d’investir en France. Il vaut mieux décrocher le pactole au Maroc ou au Brésil. Tous les traders qui roulent en Ferrari le savent !

RSE


Mais, si nous ne faisons que cela... Le doute peut surgir... Si nous souhaitons que nos enfants ne soient pas obligés de s’expatrier pour assurer leur subsistance, ce serait tout de même intéressant de consolider les emplois de SFR et de Canal+ en France ! Car la contribution de Maroc Telecom et de GVT à l’équilibre des comptes sociaux français est évidemment nulle. Peut-on piloter une économie et des entreprises seulement sur des critères financiers qui n’offrent qu’une approche désincarnée, sans aucune dimension sociale ?

  • Vous êtes salariés de Canal+, et donc actionnaires de Vivendi, (grâce à vos plans d’épargne ou d’Opus). Avez-vous comme seule envie de voir le dividende grimper sans jamais s’arrêter ?


Ces choix-là sont d’abord des choix politiques, mais pas seulement...

Avec l'approche de 2012, seul le pouvoir politique peut infléchir de manière durable les dérives du tout monétaire dans un système ou l’empilement des bonus managériaux peut inéluctablement conduire à prendre des décisions seulement orientée pour les bienfaits du compte d’exploitation de nos entreprises.

À l’heure où les entreprises affichent leur RSE (responsabilité sociale des entreprises) comme un étendard de bonne vertu, il serait judicieux de replacer le social au cœur du débat. La création de valeurs et de richesses ne saurait être seulement basée sur un système de rentabilité de court terme qui va inéluctablement nous conduire dans une impasse sociale.

Augmenter le résultat mais pour des investissement et des développements basés aussi en France. Cette rentabilité importante de nos activités doit nous permettre de développer nos entreprises dans de meilleures conditions d'emplois pour le présent mais peut être et surtout pour l'avenir.

Vivendi et ses filiales ont les moyens de soutenir l'emploi. Allons-y !

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