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23 / 01 / 2018
Jacky Lesueur / Abonné
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Un expatrié français sur deux n'a pas de couverture de retraite

Pour sa sixième édition, le baromètre Humanis-Lepetitjournal.com [1] sur la protection sociale des expatriés français s'est penché sur leur couverture de retraite, qui semble en fait  la grande oubliée.

En fait, près de la moitié des expatriés déclarent ne pas cotiser à un dispositif de retraite au-delà du régime obligatoire local.

La question de la cotisation de retraite est donc d'autant plus importante qu’un nombre croissant des Français expatriés (63 %) est installé en dehors de l'Union Européenne [2] et ne bénéficie pas des accords intracommunautaires.

Selon cette enquête, on peut aujourd'hui estimer le nombre de Français vivant à l’étranger entre 2 et 2,5 millions.

Principaux éléments de ce baromètre

La couverture de retraite est celle à laquelle les expatriés ne pensent pas : 53 % déclarent ne disposer d'aucune couverture de retraite au-delà du régime local obligatoire pour eux-mêmes ou leur conjoint et 6 % ignorent même s’ils cotisent, selon l'étude Humanis-Lepetitjournal.com. Un chiffre inquiétant car l’accumulation des droits n’est pas automatique quand on quitte le territoire français. 

Or, même au sein des 28 pays de l’Union européenne, les conditions de retraite peuvent être très différentes des conditions françaises. Dans tous les cas, la question doit être préparée puisqu’elle expose les Français expatriés au moment de leur départ à la retraite à un niveau de pension moindre.

Seulement 40 % des expatriés français déclarent cotiser pour leur future retraite. Parmi ceux qui cotisent, plus en plus cotisent à un système privé local (65 %). Seulement un tiers (35 %) choisit de cotiser à un système de retraite français : la retraite de base, la retraite complémentaire AGIRC-ARRCO ou un système privé ou encore simultanément à plusieurs de ces dispositifs.

Les expatriés sont attachés au modèle français de protection sociale et de retraite.

Ils sont 75 % à juger important de garder le lien avec celui-ci et près de la moitié (49 %) déclare que la protection sociale « à la française » fait partie de ce qui leur manque le plus à l'étranger. D'ailleurs, plus d'un quart (26 %) des expatriés interrogés dans le baromètre Humanis-Lepetitjournal.com affirment revenir en France pour cette raison.

Pour autant, les Français préparent de moins en moins leur protection sociale avant leur départ : ils sont 37 % à partir à l'étranger sans se renseigner au préalable sur la couverture sociale du pays d’expatriation, contre 30 % un an auparavant.

Quand ils se préoccupent de la retraite, c’est de plus en plus tardivement : 52 % souscrivent plus de 3 mois après leur arrivée dans le pays, contre 39 % en 2015.

Ce choix s'explique sans doute par la méconnaissance du fonctionnement du système de retraite français pour une large majorité (60 %) estimant (à 43 %) que l'accès à l'information est trop complexe, selon l'enquête d'opinion de l'AGIRC-ARRCO d'octobre 2017.

L’effet du Brexit sur les expatriés français et sur leur retraite

Le Brexit suscite des inquiétudes parmi les Français expatriés car ils bénéficient aujourd’hui des droits liés aux accords européens.

Plus de la moitié des résidents français au Royaume-Uni interrogés exprime ainsi des craintes, dans le baromètre Humanis-Lepetitjournal.com, concernant le maintien de leurs droits relatifs à la retraite (54 %) et à la couverture de santé (55 %).

Aujourd'hui, si l'on travaille au Royaume-Uni, les trimestres sont comptabilisés par le système de retraite français et l'on bénéficie en complément des droits Français à la retraite britannique sur cette période travaillée. Or, la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, en principe prévue le 29 mars 2019, pourrait remettre en question ces conditions d'accès à une protection sociale « à la française » avec un effet sur les droits à la retraite : les périodes travaillées, chômées ou en arrêt de travail ne seraient plus comptabilisées pour les trimestres de retraite.

Par ailleurs, près de 30 % des expatriés installés au Royaume-Uni déclarent ressentir une tension vis-à-vis des Britanniques, alors que l'ensemble des expatriés français dans le monde se dit majoritairement bien intégré aux habitants locaux.

Le Royaume-Uni reste, pour l'instant, la deuxième destination des Français expatriés, après la Suisse. Leur nombre est estimé par le ministère des Affaires étrangères à 400.000, principalement à Londres et dans sa périphérie [2].

[1] méthodologie : enquête réalisée en ligne du 14 novembre au 1er décembre 2017 auprès d'un échantillon de 1 461 Français résidant à l'étranger âgés de 18 ans et plus.
[2] source : La communauté française inscrite au registre des Français établis hors de France, Ministère des Affaires étrangères, chiffres 2017.

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