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Si la médecine jouait plus collectif, on parlerait moins de trou de la Sécu
« Il y a encore beaucoup à faire pour développer la formation des étudiants en médecine aux questions de santé publique mais nous nous y employons », a souligné Axel Kahn, président de l’Université Paris-Descartes à l’occasion du colloque « liberté, égalité, santé », parrainé le 22 octobre par la MFP (Mutualité Fonction Publique). Le généticien répondait alors à une étudiante en médecine témoignant de la très faible sensibilisation des futurs praticiens sur le sujet, celle-ci mettant notamment en cause la faible capacité des formations à éveiller l’esprit critique. Et André Grimaldi, professeur à la Pitié-Salpêtrière de confirmer que la formation à la santé publique n’occupe pas la place qu’elle mérite. « En parlant chaque année du trou de la Sécu, on ne met pas à plat les dysfonctionnements du système », estime ainsi l’auteur de L’hôpital malade de la rentabilité, qui considère que la concurrence en matière de santé génère une augmentation des coûts et une baisse de la qualité.
« Les candidats à la présidentielle ne vont pas spontanément exposer les enjeux de fonds de la santé mais nous comptons bien les pousser à le faire », a affirmé Alain Arnaud, président de la MFP. Une patate chaude de plus en perspective.
- De concert, les intervenants de ce colloque ont mis à mal les fondements du « trou de la Sécu ».
« On ne se donne pas les moyens de mesurer le bénéfice collectif des dépenses de santé. Cela permet de plus facilement remettre en cause la socialisation des dépenses de santé. Le trou de la Sécu est un mythe largement entretenu dans le cadre d’un projet politique d’affaiblissement de la solidarité. Il s’agit de casser le lien entre soin et santé », considère ainsi le sociologue Frédéric Pierru.
Exercice solitaire sans esprit critique
Une approche plus collective de la médecine dans les soins permettrait justement de redonner un sens aux notions de santé publique et de solidarité. On en est loin avec une médecine qui relève largement de l’exercice solitaire. « La tarification à l’acte y contribuant largement », estime Martine Lalande, médecin généraliste à Genneviliers et rédactrice de Pratiques, un journal professionnel garanti sans publicité, qui édite aussi la revue Prescrire. Au Pays-Bas, seules 30 % des consultations se traduisent par la délivrance d’une ordonnance. En France, c’est l’inverse.
Et si l’on en arrêtait avec un culte de l’excellence de la médecine qui ne favorise pas justement les approches collectives ? À un médecin du travail qui se demandait si l’excellence de la médecine n’allait pas contre l’humanité de celle-ci, Alex Kahn a souligné son agacement face aux abus d’usage du terme excellence.
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