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14 / 04 / 2010 | 2 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Retraite : la capitalisation s’impose pour améliorer l’ordinaire de la répartition

L’ambition ne transpire pas de la réforme de la retraite qui s’annonce. Il s’agit avant tout de sauver les meubles en enrayant la baisse régulière du niveau des retraites. Pour augmenter le niveau des retraites, c’est du côté des formules de capitalisation qu’il faut se tourner. Voilà qui est loin d’être neutre quant au sens de la prochaine négociation.

Bien sûr, pour l’heure, les sommes en jeu restent marginales : 12 milliards d’euros de cotisations en capitalisation pour 230 milliards d’euros en répartition ; et 6 milliards en prestations contre 245 milliards, selon l’étude DREES.

Mais dans toutes les grandes entreprises, directions et syndicats intègrent de plus en plus l’abondement de l’épargne retraite dans les négociations sur les salaires. C’est le boom des Perco. La CGT du laboratoire GSK n’hésitait pas récemment à assurer la promotion du Perco : pour 240 euros placés, abondement de 300 % soit 720 euros en plus … Et peu importe que cette épargne ne serve pas à la retraite. L’Unsa de Total a ainsi lancé : « souscrivez au Perco, c’est la formule d’épargne logement la plus rentable ».

Les assureurs ne sont pas les seuls sur le marché de la capitalisation. Les institutions de prévoyance y sont aussi. Ainsi, le groupe Malokoff Méderic propose Perco, Article 83 etc. en marge de son activité de caisse de retraite complémentaire par répartition. Idem chez AG2R La Mondiale où l'on propose également un « contrat de préretraite ».

  •  « Pour répondre à la problématique de la gestion des fins de carrière à laquelle sont souvent confrontées les entreprises, AG2R La Mondiale propose la mise en place d’un dispositif de préretraite qui s’inscrit dans le cadre juridique et fiscal de l’assurance vie. Cette solution, qui laisse à l’entreprise et aux partenaires sociaux la maîtrise du cadre de leur négociation, permet d’inciter les salariés ayant atteint un âge donné, à quitter volontairement l’entreprise dans des conditions financièrement avantageuses, tant pour l’entreprise que pour les salariés eux-mêmes », peut-on lire en guise d’argumentaire.

L’ambition des entreprises à augmenter le taux d’emploi des plus de 55 ans est pour le moins mesurée. Les préretraites, plus ou moins discrètes, sont toujours au programme des restructurations. La réalité des accords seniors est largement défensive. Au mieux, il s’agit de maintenir dans l’emploi les seniors en ne les incitant pas vraiment à jouer les prolongations pour bénéficier de la surcote. L’hypocrisie est à l’honneur tant du côté des directions que des syndicats sur ce sujet. La priorité des directions penche plus pour une gestion prévisionnelle des départs des seniors que vers une politique volontariste d’augmentation du taux d’emploi de ces derniers. Et les risques de sanctions ou de judiciarisation ne font pas vraiment peur.

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Selon la FFSA, une épargne retraite est "une façon de contribuer au financement de l’économie, du fait de l’investissement à long terme des entreprises d’assurances (54 % de l’encours des assureurs est investi dans les entreprises et 33 % finance les dettes des États)." Voilà un argument qui n'est pas facile à vendre.