France Télécom Orange est en passe de révolutionner le secteur de... l'échelle. Après trois années de cogitations, l'entreprise a mis en production chez Tubesca une « échelle magique en ce sens qu'elle permet de faire intervenir un seul technicien au lieu de deux. Le tout avec de meilleures conditions de travail, assure la direction. Mais la finalité de cette échelle, qualifiée de PAH (Plate-forme d'Accès en Hauteur), n'est pas là. Un document interne titré « L’impact économique des plates-formes d’accès en hauteur » est édifiant. Il simule les économies qui aurait pu être générées en 2008 avec un large déploiement des PAH chez les techniciens de la maison, et surtout chez les sous-traitants qui réalisent 70 % des interventions. »,

Par rapport à l’échelle classique, la PAH permet ainsi d’économiser 60 € sur chaque intervention d’un technicien de France Télécom Orange. Elle permet de réduire de 20 € le forfait unitaire des interventions des sous-traitants, qui est aujourd’hui à environ 80 €. Sur une année, France Télécom Orange peut dont réduire d’au moins 20 millions d’euros le coût des interventions en hauteur. Voilà qui pèse lourd dans une comptabilité analytique.

France Télécom invente l’échelle à réduire les coûts d’intervention en hauteur par deux > Retrouvez le décryptage avec les détails du « modèle économique » de ces « échelles », les différentes mises en garde sur les risques, le coup de gueule des sous-traitants, les témoignages des élus des CHSCT et enfin celui de Samuel Gaillard, l'avocat qui a obtenu en appel que le CHSCT de Valence puisse effectuer une expertise.

Le déploiement des PAH, qui devait être effectif fin 2008, a pris plus d'un an de retard. Il est contesté par certains comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), comme celui de l’unité d’intervention Rhône-Durance, avec un jugement au printemps dernier de la Cour d'Appel de Grenoble qui l'a autorisé a lancer une mission d'expertise sur les impacts des PAH. Plusieurs accidents ont eu lieu pour manque d'appréciation des conditions par des techniciens livrés à eux-mêmes lors des expérimentations.

Les inspecteurs de travail, les directions départementales du travail et même la direction générale du travail ont adressé à France Télécom Orange des mises en garde en lui enjoignant de garantir sur les PAH des conditions de travail « au moins équivalentes à celles résultant de l’utilisation des nacelles élévatrices. »

Pour l'inspecteur du travail de Rouen, « il est nécessaire de prendre en compte le sentiment d’insécurité dans le cadre de l’évaluation des risques psychosociaux. » Un sujet d'actualité dans le groupe.