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02 / 01 / 2018 | 7 vues
Didier Cozin / Membre
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Pour réformer la formation, on n'a pas tout essayé...

Depuis vingt ans, les partenaires sociaux sont régulièrement convoqués pour réformer une formation professionnelle qu'ils sont évidemment incapables d'appréhender pour la transformer.

Les partenaires sociaux entre incompétence éducative et dérive organisationnelle

Dans un pays qui a tout misé sur son éducation initiale, une école publique et gratuite qui engloutit toujours le premier budget de l'État, la formation tout au long de la vie (qui concerne 30 millions d'actifs, soit plus du double du nombre des scolaires) reste un vœu pieux, une promesse sociale jamais réalisée, non financée et qui se perd dans les méandres paritaires et les tuyaux d'usines à gaz

En 2018, les travailleurs sont sans doute insuffisamment préparés à la société de la connaissance mais l'État a lui aussi sa part de responsabilité dans ces naufrages successifs de la formation.

Pouvoirs publics et syndicats se sont spécialisés dans l'enfilage des perles et poncifs éducatifs afin de rendre la formation toujours plus complexe et inefficace.

Premier poncif formation : la formation relèverait de la seule réglementation et les salariés comme les chômeurs seraient empêchés d'apprendre parce que les tuyaux de formation n'auraient pas le bon calibre.

Second poncif formation : les grandes entreprises accapareraient tous les dispositifs et les budgets de formation alors que dans les TPE, les salariés les moins qualifiés ou les chômeurs ne pourraient pas y accéder.

Troisième poncif éducatif : la formation professionnelle serait un marché fréquenté par des escrocs qui œuvreraient dans des « officines » louches. Les organismes de formation privés seraient soit des « pompes à fric », soit des repaires sectaires face à des organismes publics auxquels on pourrait donner le bon Dieu sans confession.

Quatrième poncif éducatif : « plus c'est long, plus c'est bon » ou comment il serait indispensable de reconstituer en formation le remake de l'école pour la rendre utile. Chaque travailleur poursuivant de longues études théoriques (en fac de préférence) augmenterait son niveau de compétences et son employabilité.

Cinquième poncif éducatif : les chômeurs ne trouveraient pas d'emploi faute de formation. Il suffirait de combler des cases de compétences pour un retour du plein emploi dans notre pays.

Sixième poncif éducatif : la sécurisation des travailleurs passerait par le développement de compteurs sociaux individuels (CPF, CPA, CEC etc.), le tout relié dans des usines à gaz de plus en plus complexes, imbriquées et numérisées.

Comme on peut le constater depuis presque vingt ans en France, tous ces poncifs éducatifs sont des leurres sociaux ; ils n'apportent rien au monde du travail mais permettent aux négociations syndicales de se tenir et à d'illusoires ANI d'être signés.

Les pouvoirs publics n'ont plus le choix : il leur faut siffler la fin de la récré et reprendre la main pour rebâtir l'avenir social des travailleurs.

En ce début d'année, la responsabilité des pouvoirs publics est immense sur ce dossier de la formation. La réforme du code du travail était secondaire (surtout destiné à redorer la réputation internationale de la France) mais c'est désormais le logiciel du système d'éducation des adultes qu'il faut moderniser car notre pays n'aura pas d'avenir s'il ne redevient pas compétitif et ses travailleurs compétents, mobiles et entreprenants.

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