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PLF 2015 : à tombeau ouvert vers l’austérité
Avec un ralentissement de la croissance et de l’inflation qui n’avait pas été anticipé (ou volontairement ignoré), dans un contexte de croissance européen lui aussi déprimé (l’Allemagne chute et l’Italie est de nouveau en récession dans des proportions inattendues), pour la première fois depuis 2010, le déficit public est reparti à la hausse malgré l’augmentation spectaculaire de la pression fiscale des ménages en 2013.
Le pari ainsi fait par le gouvernement, celui de faire repartir la croissance en misant sur une politique de l’offre que financeraient exclusivement les ménages est un échec, tant sur le plan budgétaire, par manque de recettes fiscales, que sur ceux de l’emploi et de la croissance, par manque de débouchés.
Dans ce contexte et alors que 50 milliards d’économies sont imposés d’ici 2017 (dont 21 milliards en 2015), les autorités européennes poussent le gouvernement à accélérer davantage le rythme de son « ajustement budgétaire » qu’elles estiment insuffisant.
Si elles n’ont pas formellement le pouvoir de « retoquer », c'est-à-dire de refuser le projet de loi de finance 2015, les autorités européennes disposent désormais de moyens de pression réels sur la France pour que cette dernière le revoie ou, à tout le moins, entreprenne dans un horizon assez court de nouvelles « réformes structurelles » libérales en théorie, si la Commission estime que le PLF n’est pas la réponse adéquate pour corriger la trajectoire budgétaire, des sanctions financières de l’ordre de 0,2 % du déficit peuvent être exigées à l’encontre d’un État membre qui, comme la France, est en procédure de déficit excessif.
Pour pouvoir accorder à la France le délai supplémentaire qu’elle demande pour parvenir au 3 % de déficit public en 2017 et considérer comme valables les « circonstances exceptionnelles » plaidées par Bercy, la Commission a donc besoin de gages, c'est-à-dire de réformes structurelles comme la flexibilisation du marché du travail et de nouvelles réductions de l’action publique (moins de missions publiques et moins de politiques sociales), des réformes libérales dont on sait qu’elles n’auront aucun effet favorable sur la croissance et l’emploi mais, à l’inverse, des effets délétères sur la qualité du travail et la cohésion sociale tout en poussant au dumping, à la récession, à l’augmentation du chômage et au creusement des inégalités.
Inadmissibles pour ce qu’elles induisent, à savoir la remise en cause des droits en matière de salaire et de droits sociaux, les conditions de ce marchandage tel qu’il a lieu en ce moment même à Bruxelles sont quelque peu révoltantes.
Le cœur des discussions (à savoir la mesure de l’effort déjà consenti par Paris) repose en effet sur un indicateur, le déficit public structurel, que personne ne calcule de la même façon. En d’autres termes, la survie de notre modèle économique et social repose actuellement sur des positions dogmatiques et sur une discussion entre statisticiens !
Ces discussions ont beau être très théoriques et techniques, les conséquences des politiques d’austérité sont bien réelles. À tel point que la FMI vient encore, dans son rapport d’automne sur les perspectives économiques mondiales, d’exhorter l’Europe et les États membres à réaliser des investissements publics afin de relancer à court terme l’activité économique et d’empêcher que le potentiel de croissance en Europe ne soit durablement dégradé.
Cet appel n’a pas été entendu par la France. L’objectif de réduction drastique des dépenses publiques, de l’ordre de 50 milliards d'euros d’ici 2017 est maintenu. Il porte en germe une aggravation de la situation macroéconomique avec des effets désastreux en cascade : casse du service public, suppressions d’emplois publics et privés, conséquences sur le pouvoir d’achat, effondrement de la commande publique, dégradation accélérée des finances publiques locales, récession faute d’activité par manque de capacité de demande. Le projet de loi de finances pour 2015 (analysé dans l’annexe à cette circulaire) est le symbole de cet entêtement suicidaire : l’austérité est socialement destructrice et interdit toute relance de l’activité.
Pourtant, le gouvernement accélère dans cette direction.
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