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19 / 06 / 2025 | 62 vues
Olivier Brunelle / Membre
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PSC à Bercy: ALAN ...personne ne se projette !

La Commission Paritaire de Pilotage et de Suivi (CPPS) réunie à Bercy le 23 mai 2025 avait pour objet de dévoiler l’opérateur chargé de gérer la Protection Sociale Complémentaire (PSC) des 130 000 agents de Bercy à compter du 1er janvier 2026 et pour les 4 prochaines années. Si 4 opérateurs étaient en lice (MGEFI, Malakoff Humanis, Crédit Agricole Prédica et ALAN) dans la procédure d’appel d’offre, l’annonce du candidat retenu, la licorne ALAN, a fait l’effet d’une déflagration.


Séisme diront certains. Révolution pour d’autres.

 

Ce qui est certain, c’est que ce choix marque une rupture totale dans l’histoire du mutualisme à Bercy.


Y a-t-il eu une volonté politique d’écarter la mutuelle historique de la maison au profit d’une start-up nourrie de capitaux issus de fonds de pension basés à l’étranger et dont le fonctionnement repose sur le numérique et l’intelligence artificielle ? C’est possible.

 

D’autant qu’ALAN s’était déjà imposée face à des acteurs mutualistes au ministère de l’environnement, dans les services de Matignon et de l’Elysée et quelques autres.


Entre l’ancienne procédure de référencement et la nouvelle procédure d’appel d’offre, le sérieux, l’expérience, la gouvernance participative des adhérents et la confiance des deux tiers des agents à leur mutuelle auront pesé moins lourd qu’une application pour smartphone !

 

La participation de l’employeur remplacera donc celle des adhérents qui n’auront plus voix au chapitre.


Pourtant s’il y avait un domaine dans lequel notre Ministère était une référence : c’est bien celui de la protection sociale. De ce point de vue, le couplage santé-prévoyance obtenu dans la négociation par les fédérations syndicales semblait aller dans le sens de l’histoire. D’autant que notre Ministère était le seul à avoir obtenu un tel couplage.


Bien que notre syndicat ne soit pas partie dans ce dossier négocié au niveau ministériel, l’issue ne peut nous laisser indifférent pour autant.


Tout d’abord par rapport à la situation incertaine des centaines de salariés de la MGEFI et de la MASFIP qui n’ont aucune visibilité au-delà du 1er janvier 2026. Ils peuvent compter sur notre appui et notre soutien. Ensuite par rapport aux nombreux militants qui se donnent sans compter depuis des décennies pour faire prospérer les valeurs de solidarité et de mutualisme au sein du Ministère.


Pour les 130 000 agents de Bercy enfin, pour lesquels le 1er janvier 2026 marquera le grand saut dans l’inconnu.


La soif de l'or


Car ALAN, c’est tout le contraire d’une structure mutualiste.


Chez ALAN, l’humain n’a pas de place. Tout repose sur le numérique et l’intelligence artificielle.


Chez ALAN, la solidarité n’a pas de place. Tout repose sur la recherche de bénéfice. Si les dépenses augmentent, les cotisations augmentent d’autant.


Chez ALAN, le mutualisme n’a pas de place. Tout repose sur l’individualisme avec des cotisations exorbitantes pour les ayants droits.


ALAN a remporté la procédure d’appel d’offre sur des promesses


Promesse d’embaucher des dizaines de collaborateurs pour répondre au critère du cahier des charges imposant une présence physique de conseillers sur tout le territoire.


Promesses d’effectuer des remboursements dans des délais rapides. Tout le contraire de ce qu’il se passe dans les structures où ALAN s’est implanté ces derniers mois.


Selon le célèbre adage : les promesses n’engagent que ceux qui les croient.


Les secrets de la licorne


Au cas particulier, ces promesses engageront, contre leur gré, les 130 000 agents de Bercy dès le 1er janvier 2026 et l’adhésion obligatoire, compréhensible pour garantir un espace suffisant pour un organisme mutualiste, se referme désormais comme un piège liant les agents avec cet opérateur spéculatif, financé par ses levées de fonds sur les marchés financiers plutôt que par son activité, au conseil d’administration trié sur le volet, sans management ni négociation annuelle obligatoire et sans obligation d’héberger les données de santé de ses clients dans un cloud souverain.


Les collègues retraités, grands absents de la négociation initiale, se retrouvent, de fait, hors du champ de l’adhésion obligatoire. En conservant leur liberté de choix, ils pourront, s’ils le souhaitent, choisir une véritable mutuelle et échapper à la vague ALAN, tout comme ceux qui pourront basculer sur la mutuelle de leur conjoint(e).


Les lecteurs de 7 à 77 ans savent que c’est le secret de la licorne qui aura permis au capitaine Haddock de s’offrir Moulinsart ! Pour l’heure, ce sont plutôt ses jurons qui nous viennent.


Cela étant à la DGFiP, nous avons une certaine expérience, pour ne pas dire une expérience certaine, des procédures d’appel d’offre. Et cette expérience nous apprend qu’il existe peu de procédures susceptibles d’en invalider le résultat.


Nous pourrions lancer une pétition. Une autre organisation l’a fait. Si nous regrettons qu’elle ne soit pas intersyndicale, notre syndicat invite, naturellement compte tenu des enjeux, à la signer massivement. Les fédérations syndicales pourraient retirer leurs signatures de l’accord sur la PSC (peut-être le feront-elles d’ailleurs).


Mais aucune de ces actions ne serait susceptible d’invalider le résultat de l’appel d’offre.


Seule une action judiciaire engagée par une personne partie à la procédure et capable de démontrer que l’appel d’offre est entaché d’un vice juridique pourrait remettre en cause le résultat. C’est bien l’objet du référé engagé par la MGEFI que nous soutenons sans réserve et dont nous espérons le succès face à une décision dont les tenants et aboutissants interrogent pour le moins.

 

La balle est désormais entre les mains du juge. Et la réponse devrait intervenir en fin de semaine.


L’autre issue serait qu’ALAN soit incapable de respecter, dans les 2 prochaines années, les engagements qu’elle a pris.


À son niveau, avec sa fédération des Finances, notre syndicat  veillera à ce qu’ALAN respecte scrupuleusement le cahier des charges sur lequel la start-up s’est engagée. Chaque manquement devra être mis à profit par les structures compétentes pour dénoncer le marché. C’est ce à quoi notre organisation syndicale  s’engage. C’est ce à quoi chacune et chacun d’entre nous doit s’engager.


Imposer la transparence


Un rassemblement intersyndical a été organisé  ce mercredi 18 juin devant BERCY pour manifester massivement notre opposition et défendre les valeurs qui sont les nôtres. 


La fédération des finances F.O. en appellera dans les prochains jours à la Ministre Chargée des comptes publics Amélie de Montchalin. En signant l’ordonnance PSC pour contourner l’indispensable revalorisation de la valeur du point d’indice, elle aura déguisé une attaque contre l’économie sociale et solidaire en mesure de réduction d’une inégalité public/privé. Le paquet salarial est une pochette surprise et le point d’indice, lui, est toujours gelé !


De telles évolutions ne peuvent se faire dans l’opacité.

 

S’il fallait respecter la confidentialité de la procédure, elle n’est plus de mise. Rien ne serait pire que de laisser les doutes en suspens. Toute la transparence sur l’appréciation des différents critères, sur les engagements pris, les garanties et sur les tarifs qui seront appliqués aux clients comme aux ayants-droits doit désormais être faite. Les agents ont le droit de savoir à quelle conséquences vont les exposer ce choix.

 


S’il est difficile aujourd’hui de se projeter dans le monde d’ALAN:

 

  • Restons mobilisés pour défendre le modèle mutualiste qui fait depuis toujours la force de notre Ministère,
  • Combattons sans relâche les dérives individualistes et mercantiles devenues monnaie courante depuis trop longtemps et dont la PSC n’est que le dernier exemple en date.


Nous sommes bien davantage qu’une carte de visite pour investisseurs.


Chassons le vague Alan !

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