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Nestlé dégraisse, les marchés applaudissent !
En annonçant 16 000 suppressions de postes, Nestlé a fait remonter son cours en bourse. C’était le but, analyse David Le Doussal coordinateur du syndicat Nestlé France FO et délégué syndical central de Purina, une des nombreuses marques de Nestlé, à côté de Maggi, Guigoz, Nespresso...
A peine nommé, le nouveau P-DG de Nestlé offre 6% des effectifs en cadeau à ses actionnaires. Dans un communiqué destiné aux investisseurs et intitulé « tendances positives ; priorité à la croissance », Philipp Navratil a annoncé, le 16 octobre, que l’entreprise suisse d’agroalimentaire employant 9 000 salariés en France allait supprimer 16 000 emplois dans le monde au cours des deux prochaines années. Nestlé waters [Perrier, Vittel...] n’est pas concerné, précise-t-il.
L’inquiétude est générale chez les salariés
Cette annonce a surpris tout le monde, y compris la direction France [qui] a appris la nouvelle en même temps que nous, témoigne David Le Doussal. Selon lui, la discrétion de la direction générale s’explique par les règles de communication des sociétés cotées. Mais pourquoi faire savoir urbi et orbi que l’entreprise va supprimer 16 000 postes alors qu’il y a quelques années Nestlé en a supprimé 6 000 sans en faire état ? s’interroge le délégué. Son hypothèse est que cette annonce vise à faire remonter le cours de l’action.
De fait, elle a été bien accueillie par les marchés. Le jour même où Philipp Navratil déclare qu’il va réduire les effectifs de 6% et réaliser 3,2 milliards d’euros d’économies d’ici fin 2027, l’action Nestlé gagne 6% à la bourse de Zurich. « +12,5% en cinq jours », constate amèrement Alain Wanègue, secrétaire fédéral de la Fédération générale des travailleurs de l’alimentation, des tabacs et des services annexes (FGTA FO).
Les salariés français sont-ils concernés par ces réductions d’effectifs ? Si oui, où et dans quels secteurs ? Impossible de le savoir pour le moment. La direction des RH France elle-même n’en sait rien, explique David Le Doussal. Selon lui, il s’agira peut-être de réduire les tâches administratives répétitives grâce à l’intelligence artificielle. Il faudra attendre le comité de groupe européen du 26 novembre et le comité de groupe France la semaine suivante pour y voir plus clair. Un mois à attendre, l’inquiétude est générale chez les salariés.
Créer de la valeur pour nos actionnaires
Le communiqué du 16 octobre précise que les suppressions de 16 000 postes au niveau mondial incluent environ 12 000 dans les bureaux et dans toutes les fonctions et zones géographiques et 4 000 postes dans le cadre de recherches de productivité déjà en cours dans la fabrication et la chaîne d’approvisionnement. Le groupe constate que son chiffre d’affaires progresse (+3,3% sur neuf mois) ainsi que sa marge opérationnelle (+3,3%).
Pour autant, le monde change, et Nestlé doit accélérer son évolution argue le groupe. Et « cela impliquera de prendre des décisions difficiles mais nécessaires pour réduire les effectifs au cours des deux prochaines années. Ces mesures permettront d’améliorer notre performance globale et de créer de la valeur pour nos actionnaires, explique encore Nestlé dont le chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de 2025 s’établit à 65,9 milliards de francs suisses.