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15 / 09 / 2025 | 15 vues
Corinne Lefaucheux / Abonné
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Des crèches coopératives pour démarchandiser la petite enfance

La Fondation Jean Jaurès, en collaboration avec la CG Scop et Scic ainsi que le Crédit Coopératif, ont publié ce matin une note sur la nécessité de démarchandiser la petite enfance.
 

Vous trouverez ci-dessous et en pièce jointe le communiqué expliquant en quoi il devient urgent de soutenir les crèches coopératives, notamment par l’action des pouvoirs publics, afin de garantir une petite enfance de qualité.
 

Chaque rentrée, des milliers de familles peinent à trouver une place en crèche. Alors que 200 000 places manquent, le secteur privé lucratif domine les créations (40 %), captant financements publics et parts de marché, souvent au détriment de la qualité d’accueil et des conditions de travail.
 

Face à cette logique de rentabilité, les crèches coopératives proposent un modèle fondé sur la gouvernance partagée, le réinvestissement collectif et l’implication des salariés – parfois aussi des parents. Une quarantaine existent déjà en France, ancrées localement et centrées sur l’intérêt de l’enfant. À Lille, la crèche Mêli-Mêlo illustre ce modèle, mais se heurte à des appels d’offres publics favorisant les grands groupes.
 

Repenser les règles est indispensable : intégrer des critères qualitatifs, mobiliser le cadre SIEG, encourager la coopération. Autant de leviers pour permettre à ces initiatives locales de se développer.

 

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Des crèches coopératives pour démarchandiser la petite enfance

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A chaque rentrée, des milliers de familles affrontent la même difficulté : trouver une place en crèche. Malgré un déficit estimé à 200 000 places, le développement de l’offre est aujourd’hui largement porté par le secteur privé lucratif, qui représente près de 40 % des créations de places. En vingt ans, ce modèle a conquis un quart du marché, souvent au détriment de la qualité de l’accueil et des conditions de travail des professionnelles. Soutenu par des financements publics, il privilégie la rentabilité au détriment de l’intérêt de l’enfant, comme l’ont montré plusieurs enquêtes et rapports officiels.

 

Le modèle coopératif, une alternative crédible

 

Face à cette marchandisation croissante de la petite enfance, un modèle alternatif existe : celui des crèches coopératives. Qu’elles soient sous statut Scop ou Scic, elles reposent sur des principes inscrits dans la loi – gouvernance partagée, réinvestissement collectif des bénéfices, implication des salariés et parfois des parents dans la gestion. On en compte aujourd’hui une quarantaine en France, implantées pour moitié en milieu rural, employant environ 600 salariés. Ces structures modestes mais dynamiques incarnent une autre vision de la petite enfance, centrée sur la qualité, la coopération et l’intérêt collectif.

 

Fondée en 2015, la crèche coopérative Mêli-Mêlo à Lille illustre les potentialités de ce modèle. Elle associe parents, salariées, entreprises locales et collectivités dans une gouvernance partagée. Son projet pédagogique repose sur trois piliers : la mixité sociale, le respect de l’environnement et la coopération avec les familles. Mais cette démarche se heurte à des obstacles structurels : les appels d’offres publics, dominés par le critère du coût, favorisent les grands groupes capables de déployer des réseaux nationaux. Paradoxalement, Mêli-Mêlo, d’abord soutenue par la métropole, a fini écartée des appels d’offres, devenant sous-traitante d’un groupe privé… pour un coût plus élevé pour la collectivité.

 

Repenser les règles

 

Cette situation absurde appelle une révision en profondeur. Plusieurs pistes sont avancées :

  • intégrer des critères qualitatifs et de gouvernance dans les appels d’offres,
  • explorer le cadre des services d’intérêt économique général (SIEG),
  • favoriser la coopération entre structures non lucratives afin de mutualiser leurs moyens.

 

Ces évolutions permettraient de donner à ces initiatives locales les moyens de se développer tout en préservant la qualité de l’accueil.

 

Au-delà des enjeux économiques, la petite enfance engage un choix de société. Psychologues, éducateurs et scientifiques soulignent l’importance décisive des premières années dans le développement cognitif, affectif et social de l’enfant. La politique de la petite enfance ne peut être abandonnée à une logique de profit : elle doit privilégier des modèles où l’intérêt de l’enfant prime.

 

Comme le rappelle Lynda-May Azibi, déléguée aux affaires publiques de la Confédération générale des Scop et des Scic, l’objectif est clair : démarchandiser la petite enfance, car les enfants ne sont pas à vendre.

 

 

Télécharger la note

Des crèches coopératives pour démarchandiser la petite enfance

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