Organisations
Comment la crise sanitaire a levé un tabou vis-à-vis de la place de la santé au travail
L’observatoire de la MNT vient de publier sa 26e étude, intitulée « Repenser la santé au travail et les organisations à l’aune du covid-19 ». Elle a été réalisée par des élèves administrateurs de l’Institut national des études territoriales (INET)*.
Cette nouvelle étude est élaborée à partir de 45 entretiens menés entre octobre 2020 et février 2021, auprès d’interlocuteurs de 34 structures territoriales (communes, départements, régions…) et représentant différents métiers (RH, insertion, éducation et santé au travail) ou rôles (élus et représentants syndicaux). Parmi les agents interrogés, certains ont été mobilisés dans le cadre des plans de continuité d’activité (PCA) mis en place dans les collectivités pendant la crise sanitaire.
La 26e étude de l’observatoire MNT s’appuie également sur un corpus documentaire composé d’articles de presse, de comptes-rendus de conférences en ligne, de documents internes de collectivités, complétés par les pratiques qu’ont pu observer les auteurs de l’étude au cours de leurs différents stages en collectivités.
L’étude montre que la crise sanitaire a notamment levé un tabou vis-à-vis de la place de la santé au travail, en démontrant que celle-ci était désormais un enjeu collectif pour les collectivités et les agents. Mobilisés pendant une crise sanitaire sans précédent, les agents ont dû faire face à des situations inédites, en restant engagés pour le service public de proximité, malgré des moyens très disparates en fonction des collectivités. Les employeurs publics ont d’ailleurs innové et inventé de nouvelles pratiques, notamment managériales, relatives au dialogue social, à la cohésion d’équipe malgré la distance et à la responsabilisation des équipes.
Sur le plan de la santé au travail, l’étude révèle que la santé mentale est désormais un véritable défi pour les employeurs territoriaux, au même titre que l’apparition de nouveaux risques pour la santé des agents, directement liés aux conséquences de la crise sanitaire (violences, isolement, conduites addictives…). Forte de ce constat, l’étude fournit des clefs pour apporter des changements structurels concernant la santé au travail des agents, en mettant celle-ci au cœur de la gestion des ressources humaines et des relations managériales.
Parmi les recommandations apportées par les auteurs de l’étude, l’accompagnement des agents et des managers apparaît comme primordial, afin de prendre la globalité des enjeux portés par la santé au travail en compte. L’étude propose notamment de mieux impliquer les agents dans les démarches d’amélioration de la qualité de vie au travail (QVT), en mettant les nouveaux outils à disposition en avant (télémédecine, utilisation adaptée des outils numérique, formations…).
L’étude recommande aussi de faire de la santé au travail un vrai fil rouge des politiques de développement des ressources humaines, en impliquant toutes les parties prenantes (médecine du travail, DRH, managers et organisations syndicales), dans la construction de nouveaux modèles d’organisation contenant des aspects de prévention, de communication, de dialogue social et de temps de travail.
Cette étude a été réalisée par cinq élèves administrateurs territoriaux dans le cadre de leur cursus à l’INET, promotion Abbé Pierre. Elle est à retrouver en intégralité sur : http://www.mnt.fr/la-mnt/observatoire-social-territorial.
(*) Situé à Strasbourg, l'Institut national des études territoriales forme et accompagne les cadres de direction en poste et en devenir des collectivités territoriales de plus de 40 000 habitants depuis 1997 : régions, départements, métropoles, inter-communalités, villes de plus de 40 000 habitants, communautés d’agglomération…