Les mutuelles: en voie de disparition?
Compte tenu des évolutions qui se font jour et des bouleversements liés à la mise en oeuvre de la réforme de la Protection sociale complémentaire de fonctionnaires, Serge Lesur, membre de la Commission exécutive de l'Union fédérale des retraités (UFR-FO) a tenu à faire part des ses réflexions pour Le Lien...
"À l’heure de l’instauration de la Protection Sociale Complémentaire (PSC) dans la Fonction publique d’État, on peut légitimement se poser cette question existentielle. En effet, en obligeant les salariés à adhérer à un système défini en haut lieu – haut lieu libéral et capitaliste – le principe même du mutualisme se trouve bien menacé.
Le mutualisme se base sur des valeurs de partage et de solidarité en excluant la recherche du profit. C’est l’humain qui est au cœur du modèle grâce à la solidarité, l’inclusion, la non-lucrativité et la démocratie. Ce système démocratique érige le sociétaire comme, à la fois, assureur collectif et assuré individuel.
L’adhérent, en effet, cotise à une mutuelle pour bénéficier de prestations mais, dans le même temps, participe au financement du système et aux décisions prises en son sein.
Sans but lucratif, la mutuelle n’a pas à rémunérer des actionnaires, des dirigeants surpayés, des fonds de pension, etc. mais a à répondre aux seuls besoins et aux attentes de ses sociétaires.
En définissant un cahier des charges ne prenant pas en compte ces critères, fondement du mutualisme et de l’intérêt des adhérents, les dirigeants ouvrent la porte en grand à des sociétés dont les buts sont tout autres.
Les entreprises assurantielles privées, les « start-up » ou autres « licornes » ont le champ libre pour investir un marché avec l’aval des autorités. Enlevant les appels d’offre, elles fragilisent les mutuelles, remettant en cause la base même de leur équilibre financier.
Les grands perdants de cette opération sont au nombre de deux : les adhérents-cotisants et les mutuelles.
Les gagnants, eux, voient l’avenir avec enthousiasme : actionnaires, fonds de pension et autres
requins de la finance qui vont pouvoir engranger de juteux bénéfices sur le dos des assurés et sur celui du système de santé, déjà bien mal en point.
Avec ce bouleversement, ces adhérents (ou ces clients ?) recevront-ils un courrier semblable à celui que j’ai reçu courant avril de cette année : « Grâce aux résultats positifs générés sur l’année 2024 et à votre fidélité, nous avons la possibilité d’activer notre dispositif de redistribution sous la forme d’un ’’ dividende Éco-santé ’’ » ?
Ce n’est pas sûr du tout ! Je suis ainsi destinataire, tout comme les autres adhérents de cette mutuelle, d’un virement de 44 € sur mon compte. Emboitant le pas de cette mutuelle, deux autres groupements annonçaient, pour la même raison, pour l’une un remboursement de 40 € par adhérent et pour l’autre le remboursement d’un mois de cotisation. Au total, ce sont plusieurs millions de bénéficiaires à recevoir les bienfaits du mutualisme.
Il y a fort à parier qu’Alan & Co reverseront les éventuelles plus values à… leurs actionnaires au détriment des cotisants, symbole d’une dérive d’un capitalisme débridé.
Nous profitons de cet article pour rappeler que notre organisation syndicale reste attachée au principe même de la Sécurité sociale et réclame toujours la prise en charge à 100% des soins santé et prévoyance."
- Protection sociale parrainé par MNH
- Relations sociales
 
 
 
