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12 / 02 / 2025 | 82 vues
Secafi (Groupe Alpha) / Abonné
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2025, le retour au bureau ?

Amazon, Publicis, Ubisoft et, encore récemment, Free : depuis la fin de l’été 2024, les annonces d’arrêt ou de restriction du télétravail se sont multipliées dans les grandes entreprises. Un « retour au bureau » massif pour certaines d’entre elles et d’autant plus médiatisé qu’il concerne des acteurs souvent très insérés dans l’écosystème digital.


Ce mouvement s’explique en partie par le calendrier : les accords de télétravail, pour la plupart signés au fil de l’année 2021, afin de s’adapter aux vagues de confinement et d’instaurer de nouveaux modes de travail, sont arrivés à échéance courant 2024… à défaut d’avoir été conclus pour une durée indéterminée. 
 

La raison de ces renégociations visant plutôt à une baisse du nombre de jours de télétravail ? Le besoin de « réguler » une pratique que les salariés se sont totalement appropriée, mais dans des modalités et des proportions qui échappent parfois à l’entreprise, au-delà de ce que prévoient les accords. Qui ne connaît pas le cas d’au moins un salarié en « total remote », ayant profité de la crise sanitaire pour déménager à plusieurs centaines de kilomètres de son lieu habituel de travail ? Or, ce qui était accepté ou toléré pendant l’ère Covid est désormais jugé moins souhaitable, voire contreproductif, par certaines directions, désormais soucieuses de reprendre les choses en mains, même si, comme le souligne Françoise Bruna Rosso, consultante Secafi, « il existait déjà souvent un écart entre l’accord et sa mise en oeuvre ».
 

Pour autant, la consultante ne voit pas, dans les annonces récentes, une remise en cause profonde du télétravail en France, mais plutôt un réajustement (post-apprentissage) ; une période de régulation, voire de normalisation, pourrait désormais se dessiner. « Le principal problème auquel se heurtent les entreprises, c’est l’évaluation concrète du télétravail, explique-t-elle. On identifie un certain nombre de gains – moins de fatigue grâce aux temps de transport allégés, une baisse des coûts immobiliers, avec une réduction des surfaces occupées, une hausse de la productivité individuelle des salariés, une baisse de l’absentéisme – mais pas forcément les effets collatéraux négatifs ou limitants. Aurait-on innové davantage sans télétravail ? Plus de projets auraient-ils émergé ? Les situations de crise auraient-elles connu des résolutions différentes ou plus rapides ? Les entreprises restent dans le flou. »
 

Au quotidien, l’outil-roi du télétravail, la visioconférence, est devenu la norme, même au bureau. Au point que certains salariés viennent sur leur lieu de travail pour des réunions en visio auxquelles participent souvent des collègues installés un peu plus loin sur le même site ! Or, observe Françoise Bruna Rosso, la perte du partage de la dimension spatiale peut être préjudiciable à la créativité collective : afficher des documents de travail, des plannings, écrire sur des tableaux, travailler ensemble sur une réponse à un appel d’offres… Mais la distance est aussi préjudiciable à l’intégration des nouveaux entrants, au management et à la résolution rapide de problèmes… Les formations à distance, également, montrent leurs limites avec des stagiaires moins attentifs, parfois absorbés par d’autres tâches en parallèle, ou qui osent moins interagir… « Il faut trouver un juste milieu, résume la consultante. Beaucoup de salariés ont intégré les bénéfices personnels à travailler à distance : même si l’entreprise veut revoir à la baisse le télétravail, elle devra leur proposer une organisation souple, compatible avec un certain nombre de contraintes personnelles, comme un rendez-vous médical en milieu de journée ou une réunion à l’école à 17h. »


Enfin, dernier sujet mais non des moindres, un « retour au bureau » implique que les espaces le permettent ! Or, afin de réduire leurs coûts, de nombreuses entreprises ont choisi ces dernières années de déménager dans des locaux plus petits, ou de réduire leurs surfaces sans déménager, en mettant en place du flex-office au moment de la signature d’un accord de télétravail. Des choix immobiliers qui ne permettent pas toujours de revenir en arrière et qui exigent, a minima, en cas de renégociation d’accord, que les représentants du personnel s’assurent que le retour au bureau ne dégrade pas les conditions de travail et s’accompagne d’espaces de travail adaptés.

Traits d'Union N°161

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