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04 / 12 / 2024 | 60 vues
Eric Peres / Abonné
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Impacts de la numérisation: Quels risques psychosociaux en milieu professionnel ?

Publié conjointement par le Centre Commun de Recherche de la Commission européenne et l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, une étude analyse les risques psychosociaux que posent les technologies numériques dans les milieux professionnels. En explorant l'automatisation, la digitalisation des processus, le télétravail et la gestion algorithmique, cette étude met en lumière les répercussions directes de la révolution numérique sur la santé mentale des travailleurs, notamment en matière d’autonomie, d’intensité de travail et de surveillance.

 

Automatisation et perte d’autonomie

 

L’automatisation modifie la nature même des tâches, en particulier celles qui exigent des compétences cognitives. Si l’introduction de robots et systèmes automatisés réduit les efforts physiques et améliore l’ergonomie dans certaines fonctions, elle engendre des risques pour la santé mentale, notamment par la diminution de l’autonomie. Les travailleurs voient souvent leur pouvoir décisionnel limité et leurs tâches standardisées, ce qui conduit à un sentiment de déqualification.

 

Les données du Centre Commun de Recherche (CCR) révèlent que l’utilisation accrue de l’automatisation, bien qu’avantageuse pour la productivité, peut intensifier la charge de travail ainsi que la charge mentale. Par exemple, dans les secteurs hautement automatisés, les cadres rapportent une augmentation de la charge cognitive et un stress accru, lié notamment à la gestion algorithmique.

 

La numérisation et ses effets ambivalents sur la charge de travail

 

La numérisation offre aux entreprises des outils pour optimiser la gestion des tâches, améliorer l’interaction sociale et l’engagement des employés. En dématérialisant certaines fonctions, elle permet de réduire les risques physiques et d’améliorer les conditions de travail. Cependant, elle s’accompagne souvent d’une intensification de la charge de travail et d’une fusion des frontières entre le travail et la vie personnelle, générant ce que l’EU-OSHA appelle une « culture du toujours actif ».

 

Les chiffres montrent que 52 % des travailleurs en Europe signalent une augmentation de leur rythme de travail dû aux technologies numériques, tandis que 37 % évoquent une surveillance accrue. Ces transformations peuvent avoir des conséquences directes sur le bien-être mental, en accentuant le stress et les risques de burnout.

 

Télétravail et isolement social

 

Le télétravail, devenu une norme depuis la pandémie, représente un atout pour beaucoup de cadres en termes de flexibilité et de satisfaction. Cependant, une étude de l’EU-OSHA met en lumière des risques psychosociaux importants, tels que l’isolement social et la difficulté à concilier vie professionnelle et vie privée. Les travailleurs télétravailleurs déclarent souvent un manque de soutien et de feedback de leurs collègues, ce qui freine les dynamiques de groupe et le mentorat.

 

Selon les études, 43,5 % des travailleurs ressentent une forme de solitude liée au télétravail prolongé. Ce phénomène est exacerbé par l’augmentation des heures de travail et la difficulté à déconnecter, des facteurs particulièrement nuisibles pour la santé mentale.

 

Travail de plateforme et précarité

 

La montée des plateformes numériques de travail crée un environnement de travail fragmenté où les conditions d’emploi sont souvent précaires. Bien que ce modèle de travail offre flexibilité et accessibilité, il expose les travailleurs à des risques de santé physique et mentale importants. Le manque de protection sociale, combiné à une surveillance constante et des algorithmes de gestion du travail, crée un climat de stress élevé et de pression sur les performances.

 

Les chiffres de l’enquête COLLEEM montrent que les travailleurs des plateformes sont plus jeunes et plus éduqués, mais aussi plus exposés au stress, à la dépression et au burnout, avec des problèmes d’épuisement professionnel signalés par un nombre croissant de cadres.

 

Surveillance numérique et gestion algorithmique : une source de stress accrue

 

La gestion algorithmique, issue des pratiques des plateformes de travail, s’étend désormais aux environnements de travail classiques, avec des systèmes de surveillance numérique plus fréquents. Les cadres, sous cette forme de supervision constante, rapportent une perte d’autonomie et un sentiment de méfiance à l’égard de la technologie. Le contrôle algorithmique, s’il est mal géré, peut renforcer la charge mentale, en particulier pour ceux ayant un rôle décisionnel où l’autonomie est cruciale.

 

L’EU-OSHA souligne que la perception d’une surveillance omniprésente alimente l’anxiété, notamment dans les environnements où l’autonomie des travailleurs diminue significativement sous l’effet de la technologie.

 

Vers une approche globale et préventive

 

Les impacts psychosociaux des technologies numériques demandent une approche préventive axée sur la santé mentale et la sécurité des cadres. Il est essentiel que les entreprises engagent une consultation des travailleurs dès la conception des outils numériques pour prévenir l’intensification du travail et soutenir une gestion équilibrée de l’autonomie et de la performance. Le renforcement des compétences et la formation continue sont également primordiaux pour que les cadres puissent naviguer sereinement dans un environnement de travail en pleine mutation technologique.

 

Lien vers l’étude (en anglais uniquement) : urlr.me/jr2QC 

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