Service médical : une transformation au forceps
Peut-on imaginer l’Assurance Maladie sans un Service Médical National indépendant ? Et sans praticien Conseil ?
La maltraitance des pouvoirs publics à l’égard des praticiens conseils est, avec le dernier rapport IGAS et les scénarios de transformation du service médical, parvenue à un stade tel qu’ils ne peuvent que se révolter, sinon disparaitre (ce qui déjà se profile avec le recrutement massif des
infirmiers du service médical). Par ailleurs cette restructuration entraîne un changement radical de nature du service médical .
Quel que soit le modèle retenu, le changement s’opère au détriment de la cohérence, de la transparence et de la lisibilité des actions du service médical. Les scénarios entrainent un accroissement des inégalités territoriales en matière de gestion des prestations.
Deux scénarios s’opposent :
1. Le rattachement des services médicaux aux CPAM, le directeur de la CPAM devenant le hiérarchique direct des praticiens conseils
2. La régionalisation des services médicaux avec un impact fort sur la pérennité des échelons locaux dans la forme actuelle .
Quel que soit le scénario, il n’a que deux finalités, générer des économies d’échelle en supprimant les échelons locaux du service médical et certaines fonctions supports régionales, supprimer à terme la sacrosainte indépendance du service médical .
Il y a toujours eu une alliance entre l’employeur CNAM et les directions de CPAM pour annexer à terme le service médical. Et ce, depuis son indépendance en 1967 ..
Avec une direction administrative, hormis un conflit des valeurs qui ne pourra que se faire jour, nous identifions deux écueils :
- Chaque CPAM suivra ses règles de fonctionnement propres,
- Les personnels seront dans l’ignorance des rôles et directives des directions métier.
La régionalisation des services médicaux qui supprime l’échelon départemental a aussi ses propres contraintes. Avoir une vision large ce n’est pas avoir une compétence large. La vision doit exister sur le terrain . La difficulté de ce modèle qui coche quelques cases intéressantes comme le maintien de l’indépendance médicale et le maintien d’un corps de praticiens conseils rattaché à la CNAM, réside dans le partage des compétences entre la région et les départements qui pourrait disparaître aux profits de plateformes régionales de traitement.
Certes la pénurie de praticiens conseils a rendu le devenir de cette profession précaire , d’autre part, l’investissement consenti pour faire face à la demande toujours grandissante de la CNAM à moyens constants, pousse certains vers la sortie . Ne nous y trompons pas attaquer la profession des praticiens conseils c’est quelque part attaquer la profession des médecins et le service rendu aux assurés.
Moins de Praticiens Conseils c’est avant tout les assurés qui risquent d'attendre après leurs prestations. Avec des délais qui s’allongent s’allongent avec des risques de ruptures financières pouvant être dramatiques pour les plus précaires... et ça pour les praticiens conseils c’est inadmissible.
Dans les suites du rapport Seiller nous avons depuis 10 ans développé des relations de proximité avec les médecins du travail et les médecins traitants et géré les prestations en dehors de toute pression fut elle amicale d’un supérieur hiérarchique direct.
Avec la même indépendance, nous procédons à l’analyse d’activité des professionnels de santé. Protégée par son code de déontologie, avec à sa tête un médecin conseil régional, la profession des praticiens conseils ne peut se voir opposer des objectifs de résultats en matière de récupération d’indus ou de suites contentieuses.
Les personnels des services médicaux ont souvent servi de variable d’ajustement et souffert des réductions d’effectifs et ce, bien que leurs actions aient un impact direct sur les dépenses de l’Assurance Maladie.
Alors que le service médical s’est construit autour du praticien conseil., le corps des praticiens conseils se réduit comme peau de chagrin.
Les effectifs sont en forte baisse
En vingt ans 1000 postes de praticiens conseils ont été supprimés sur une population de 2700 au départ.
Pour autant, cela ne peut être un argument pour installer une transformation du service médical au forceps, dans la précipitation, sans dialogue préalable dans l’élaboration et la construction d’un futur scénario qui nous sera présenté clés en mains à la rentrée.
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