JOstalgie
Les Jeux olympiques de Paris 2024 sont désormais officiellement clos. L’heure est aux bilans et chacun se félicite d’un succès qui comptait bien peu de supporters. Les cohortes de scrogneugneux, de ronchons ou de « peines à jouir » se sont subitement diluées dans une communion autour d’athlètes et de performances exceptionnels.
La capitale s’est même un temps vidée de ses habitants les plus inquiets, ou les plus cupides, avant qu’ils ne reviennent après avoir changé d’avis. Restaurateurs et hôteliers ont oublié les inconvénients de zonage, face à des taux de remplissage qu’ils n’osaient espérer.
Oubliés les dissolutions, les discussions, les déficits ou les milliards à trouver.
LA PLACE DE LA CONCORDE
Cette aberration économique et écologique, mais paritaire, s’est transformée en célébration d’une concorde nationale si nécessaire par les temps qui courent. Pour autant la facture sera, comme chaque fois, plus importante qu’annoncée pour les contribuables.
Qu’importe que la cérémonie d’ouverture fût controversée ou que les subtilités de la cérémonie de clôture nous aient échappé. Des goûts et des couleurs…
Qu’importe que tout ait été fait pour que rien ne vienne troubler le spectacle en cachant ceux qu’on ne voulait pas voir, ou déloger les étudiants pour héberger athlètes ou forces de l’ordre, qui ont pu découvrir à cette occasion leurs conditions de logement habituelles.
Qu’importe le mauvais retour du QR code.
BAIGNADES MISES EN SEINE
Peu importe que la Seine soit un jour baignable, puisque personne n’a jamais réclamé qu’on y consacra autant d’argent pour quelques baignades savamment mises en scène. Dans un Paris de carte postale, plus proche de celui de Ratatouille, lui aussi banni pour l’occasion, les transports qui ne devaient pas fonctionner ont fonctionné.
La sécurité a été assurée. Les rues ont été nettoyées.
Les délégations étrangères ont découvert les vertus de la sécurité sociale à la française, les hôpitaux si mal en point ont eux aussi été au rendez-vous. Les touristes ont été renseignés, guidés, accompagnés et, plus rare, avec le sourire et dans la proximité.
DES FONCTIONNAIRES DE FAIT
Tout ce que la France compte de fonctionnaires, dont bon nombre de nos champions, a été comme toujours au rendez-vous.
Personne ne se souviendra que cela a été au prix de limitations de congés, d’horaires décalés, de conditions de travail dégradées ou de sacrifices familiaux. On a même consenti, du bout des lèvres, au bout des grèves, des primes bien méritées qu’on serait bien inspiré désormais de véritablement leur verser et qu’ils n’ont pas volé.
Il n’en reste pas moins que le pari 2024 aura été relevé.
Il restera un temps de célébrations, des performances hors du commun, des athlètes surnaturels, des images exceptionnelles, des émotions à ciel ouvert, un record de médailles, un prestige international temporairement renforcé qu’on aurait aimé prolonger.
Une intense parenthèse d’union nationale dans un pays plus divisé que jamais. « BURN AOUT » ?
Las, le quotidien va reprendre ses droits et il parait même que certains en éprouvent déjà de l’abattement, ne savent plus, faute d’épreuves, comment occuper leur journée ou leur téléviseur. Une sorte de burn-Août en somme.
Vient parait-il désormais le temps de l’héritage.
Comme souvent en pareilles circonstances nombreux sont ceux qui se précipitent pour faire des croix sous les meubles ou soustraire une petite cuillère qu’on s’empressera de revendre sur internet.
UN PEU PLUS QUE DU PAIN ET DES JEUX ?
Mais de cette parenthèse olympique que retiendra-t-on ?
Qu’elle est la démonstration éclatante de la force du collectif, expression empruntée par le président de la République que F.O.-DGFiP aurait dû
déposer ?
Qu’impossible n’est décidément pas francais ?
Qu’elle est aussi la vérification, in vivo, de l’efficacité de la mobilisation de moyens supplémentaires avec une volonté politique forte au service de la cohésion nationale ?
La confirmation que le service public est un patrimoine précieux et un outil puissant porté par l’engagement quotidien de ses agents ?
Et si pour une fois ces leçons pouvaient être retenues.
Une fois tous les cent ans, ce n’est pas trop demander. À peine un tout petit peu plus que du pain et des jeux. Quand on veut on peut...