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23 / 01 / 2023 | 88 vues
Jean Claude Mailly / Abonné
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Retraites : le gouvernement a fait le choix du conflit social

Confrontés aux engagements pris au niveau européen, alors que la dette publique atteint 3000 milliards € et que le FMI recommande des réformes structurelles, les pouvoirs publics veulent montrer qu’ils sont déterminés à diminuer les dépenses. Mais lesquelles ? Et pourquoi, les retraites (et, dans une moindre mesure, l’assurance-chômage) ? Trois raisons expliquent ce choix : la volonté de s’inscrire dans une politique de l’offre, le souci de conduire la réforme des retraites promise depuis 2017 (même si ce n’est plus la même), et enfin le goût de l’adversité, le goût d’une prise de risque qui donne facilement l’air courageux.

 

De fait, c’est sur le point le plus conflictuel que se porte le choix du gouvernement : un recul de l’âge de départ à 64 ans en 2030, avec une accélération du calendrier portant à 43 ans la durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein.

 

Et ça n’a pas manqué : tous les syndicats, sans exception, ont exprimé leur refus d’un report de l’âge de départ. Les pouvoirs publics ont-ils misé sur l’éventuelle souplesse de certains syndicats (erreur !) ou bien ont-ils délibérément parié sur le conflit ?

 

Du côté des pouvoirs publics, tout recul serait désormais assimilé à un échec. Rappelons qu’il ne s’agit pas d’une négociation formelle nécessitant un accord signé, donc un compromis, mais d’une concertation préalable au débat parlementaire. Dès lors, qu’on ne s’y trompe pas : le gouvernement a beau s’essayer à la pédagogie, dans l’espoir que les manifestations et les grèves s’essoufflent, c’est bien le choix du conflit social qu’ils ont fait, en pariant sur le fait que la négociation avec les Républicains leur évitera un 49-3.

 

Les syndicats s’inscrivent également dans le conflit. Pour eux, la mobilisation a commencé  le 19 janvier  avec pour objectif un mouvement si massif (*) qu’il conduise le gouvernement à reculer. Ce qui suppose du monde dans les rues, un service d’ordre imposant et efficace, y compris pour les étudiants et lycéens qui répondraient aux appels lancés par leurs syndicats. Tout cela peut s’organiser mais la réussite n’est pas garantie, tant la météo sociale est imprévisible et parfois capricieuse.

 

Ce que nous vivons en ce moment, cette culture du conflit, est malheureusement une tradition : en France, dans les relations avec les pouvoirs publics, la co-construction n’est jamais la référence.

 

Plutôt que de viser le compromis et de passer des concessions, les parties tentent chacune de passer en force. Qui est responsable de cet échec collectif ? Le verticalisme gouvernemental ou bien la CGT, longtemps premier syndicat, plus adepte du conflit que de la négociation ? C’est indécidable.

 

Ce qui est certain en revanche, c’est qu’à tous égards, nous avons besoin de changer de méthode, de transformer l’opposition systématique en débat contradictoire, et d’introduire de la raison dans un conflit où tout le monde est perdant parce que chacun veut d’abord avoir raison de l’autre.

 

(*) NDLR: A l'évidence une journée particulièrement marquante avec plus d'un million de manifestants sur le territoire

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