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Absence de reconnaissance salariale des salariés des EPIC : l'expertise publique s'affaiblit
Les salariés des EPIC subissent une érosion de leur rémunération depuis plusieurs années. Les cadrages d’augmentation de la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP) accordés en 2021 par la Commission interministérielle d’audit salarial du secteur public (CIASSP) aux personnels de chaque EPIC ont été, sans exception, perçus comme particulièrement injustes et inacceptables, que ce soit pour leur niveau historiquement bas ou par leur incohérence face aux besoins ou aux résultats des établissements. Ces cadrages contraignent nos établissements à une dégradation progressive du pouvoir d'achat de la majorité des salariés.
Ce constat alarmant est dénoncé par la CFDT depuis plusieurs années dans chacun des EPIC, malgré leurs différences majeures de métier, de financement et de ministère de tutelle. Plusieurs initiatives intersyndicales en 2021 ont alerté leurs ministères de tutelles respectifs ainsi que le ministère des Comptes Publics sur cette situation. Aucune réponse concrète n’a pour l’heure été apportée à leurs demandes.
Pour les établissements de recherche, ces cadrages ont, de plus, rendu inaudible la mesure exceptionnelle de la Loi de Programmation de la Recherche en faveur de l’attractivité des établissements publics de recherche.
Dans tous les EPIC, cette situation est extrêmement pénalisante pour les salariés en poste : cela crée des difficultés de recrutements du fait de la politique salariale dégradée, ou cela conduit certains EPIC à devoir recruter à des niveaux salariaux supérieurs à ceux des salariés en poste à métier équivalent. Les difficultés croissantes rencontrées par les Établissements, tant pour recruter les meilleurs experts dans leur métier que pour les conserver dans la durée, mettent en péril l’exigence d’excellence par ailleurs demandée par nos ministères de tutelle, pour l’exercice de nos missions respectives. In fine, c'est l'expertise publique mise au service de la politique du gouvernement et des collectivités qui s'affaiblit, mettant en jeu leur crédibilité.
Malgré le contexte difficile lié à la pandémie, l’investissement et la mobilisation du personnel a été pour chacun des établissements à la hauteur des attentes de l’État dans le champ de leur mission respective. Dans cette période de fatigue généralisée notamment liée aux conditions de travail imposées dans nos Établissements, que ce soit par le recours au télétravail contraint depuis le premier confinement de mars 2020, ou au contraire à une présence tout aussi imposée pour assurer le service de l’État, les salariés des EPIC méritent autre chose que des cadrages parmi les plus bas jamais imposés à nos établissements.
Chacun de nos établissement se plie, selon les demandes de leurs tutelles, à des exigences de plus en plus fortes pour le contrôle budgétaire, la maîtrise des effectifs et des possibilités d'évolution des carrières, la refonte des rémunérations, les contrats d’objectifs... Ces pressions constantes conduisent à une dégradation des conditions de travail, une augmentation forte des risques psychosociaux et la perte du sens de notre travail. Tout ceci peut impacter la santé des salariés (arrêts de travail, burn out...). Enfin, la reprise de l’inflation ajoute de l’inquiétude au sentiment d’injustice et d’incompréhension qui domine à l’heure actuelle chez tous les salariés.
Devant l’impossibilité de négocier avec nos directions qui ne peuvent que nous opposer les cadrages qui leur sont notifiés et considérant la déclaration de l'ancienne ministre de la Fonction Publique, Amélie de Montchalin, du 14 mars : "... Nous ne pouvons pas laisser le pouvoir d'achat des agents décrocher par rapport au pouvoir d'achat des salariés du secteur privé...", nous demandons, que les cadrages 2022 proposés à nos EPIC intègrent le fort niveau d'inflation constaté et permettent une politique salariale reconnaissant l'expertise des salariés.
Nous sommes soucieux d’éviter à ce stade des conflits sociaux qui mettraient à mal les intérêts de nos établissements.