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Ferropem : en Savoie, les salariés luttent pour sauver le site et contre un PSE au rabais
Sur le site Ferropem de Château-Feuillet à la Léchère, en Savoie, les 221 salariés tentent de sauver l’usine de Silicium et ses emplois depuis près d'un an. C’est un vrai bras de fer avec le groupe Ferroglobe, auquel elle appartient. Celui-ci l’a condamnée comme étant non viable, ne veut ni la vendre ni faire redémarrer la production. Il a présenté un PSE au rabais que notre syndicat dénonce, rappelant les bénéfices de Ferropen.
En plus d’être ubuesque, la situation est insupportable et angoissante pour les 221 salariés du site Ferropem Château-Feuillet. FerroGlobe, le groupe auquel cette usine de silicium appartient (comme les cinq autres sites français, dont celui des Clavaux, en Isère, sauvé grâce à l’action syndicale l'an dernier) ne veut toujours pas la céder à un concurrent (la loi Florange de 2014 ne l’y oblige pas).
Il ne veut pas non plus redémarrer ses fours donc son activité, la jugeant non rentable, notamment face à la concurrence chinoise. Faux, rétorquent les syndicats, indiquant que les cours du silicium ont retrouvé de la vigueur et que les carnets de commande des différents sites sont pleins.
Ayant annoncé la fermeture de la Léchère en mars dernier, la direction a engagé un PSE qu’elle vise « low cost, au rabais », avec des licenciements sans indemnités supra-légales, fulmine Roger Roelandts, 56 ans et 22 ans d’ancienneté dans l’usine et délégué syndical FO sur le site.
Ferropem affiche cependant un bénéfice net de 58 millions pour 2021 et annonce un prévisionnel de plus de 100 millions cette année, indique le militant, rappelant que Ferroglobe a profité d’aides publiques dans le passé. Et de résumer : la direction n’avance aucun argument à cette fermeture qui serait catastrophique pour le bassin d’emploi de la vallée de la Tarentaise.
Une production stratégique cependant...
Le quotidien des salariés est totalement surréaliste, note Pierre Didio pour l’union départementale FO. Ils pointent matin, soir et week-end (organisation de travail en 5/8) à l’usine mais ne peuvent travailler. Notre syndicat a décidé d’attaquer devant les prud’hommes pour exécution déloyale du contrat de travail.
Le 3 février, une réunion tripartite s'est tenue avec le secteur de l'industrie du Ministère de l’Économie et la direction. Les syndicats y ont fait des propositions pour un redémarrage partiel du site et un soutien de l’État. Mais la direction ne veut rien entendre.
Par ailleurs, si les élus locaux des communes sont certes derrière nous, l’exécutif n’en fait pas assez, estime Roger Roedlandts. Le délégué évoquant les propos récurrents du gouvernement sur une nécessaire réindustrialisation du pays, rappelle le caractère stratégique, reconnu, de la production de silicium, dans le cadre de la souveraineté industrielle nationale.
Déterminés à sauver le site et ses emplois, les salariés restent mobilisés. Le 8 février, ils se sont réunis en assemblée générale ; le 10, certains ont fait irruption au siège de Ferropem, à Chambery, où la direction tenait une réunion et programmait la fin imminente des discussions sur le PSE. Ce qui a exacerbé la colère des syndicats qui lui demandaient d'ailleurs des documents leur permettant de montrer ensuite la viabilité du site. Ils ont dû attendre le 17 février pour les obtenir, lors d’une rencontre avec la direction.
Toutefois, cela ne règle pas le fond du problème et la direction essaye de nous endormir s’indigne le délégué. La négociation sur le PSE devrait encore faire l’objet d’une ou deux réunions avant de prendre le 1er avril, indique Roger Roelandts. « Ce n’est pas une mauvaise blague, c’est pire »...