Social et politique : éclairage sur la démocratie sociale
Qui doit produire les normes sociales en France ? L’État ? Les syndicats ? Cette question des mouvements sociaux contre la réforme du Code du travail hier et sur les retraites aujourd’hui en montre la brûlante actualité. Tout cela est évoqué dans le livre Le social et le politique (1), ouvrage collectif rédigé par dix-neuf auteurs (essentiellement des historiens, sociologues, juristes, anciens conseillers de ministres et le directeur du bureau de l’OIT pour la France) et sur lequel le journaliste Christophe Chiclet s'est penché pour L'InFOmilitante.
Longtemps, en France, le politique et les partenaires sociaux ont relevé d’un rapport de subordination : le politique croyant en sa toute-puissance et l’État décidait, intervenant systématiquement dans le domaine social et dans les relations professionnelles. Longtemps aussi, une défiance mutuelle a régné entre syndicats et représentants du patronat.
Cher à la CGT-FO, le paritarime est régulièrement attaqué par les différents gouvernements. L’actuel traite les syndicats de « corps intermédiaires », terme passe-partout, bouche-trou et qui ne veut pas dire grand-chose. Ces « corps intermédiaires » n’auraient qu’à se mettre à genoux comme des vassaux ? À l’évidence, les travailleurs ne l’entendent pas de la sorte. Ils se permettent même de massivement sortir dans les rues contre le projet de réforme des retraites. Ils contestent comme ils l’avaient fait en 1995, contre le CPE puis encore contre les lois El Khomri.
Nouveaux rapports de la démocratie sociale et du politique
Cet ouvrage se divise en cinq parties : « démocratie sociale et démocratie représentative », « la démocratie sociale en Europe et ailleurs », « la démocratie sociale en pratique : un reflet de la démocratie politique ? », « la démocratie sociale face au législateur » et « des lendemains qui chantent ? ». La troisième partie est la plus intéressante pour les syndicalistes car elle aborde des questions fondamentales : participation des salariés, négociation collective, gouvernance d’entreprise, réforme de la représentativité syndicale, référendum d’entreprise, participation des salariés à la gestion des entreprises.
L’ouvrage revient sur le contexte qui a marqué la société française de 1945 aux années 1980, façonné par deux traits essentiels : l’intervention systématique de l’État dans le domaine social et dans les relations professionnelles ainsi que les relations entre employeurs et syndicats empreintes d’une défiance mutuelle.
L’intervention du politique et le rôle conféré à l’État pendant les Trente Glorieuses sont largement dus à un héritage historique majeur, celui du programme du Conseil national de la résistance (CNR). Ce programme a été le socle des progrès et acquis des travailleurs de notre pays.
C’est justement ce programme du CNR qui est aujourd’hui frontalement attaqué. La bataille pour la sauvegarde de nos systèmes de retraites est essentielle. Elle l’est aussi plus largement pour la préservation de tout l’édifice de la démocratie sociale.
(1) Le social et le politique, sous la direction de Guy Groux, Richard Robert et Martial Foucault, Paris, publié par CNRS éditions.