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06 / 04 / 2018 | 219 vues
Valerie Gayte / Membre
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Deux réorganisations en une : Nestlé veut passer par un accord social plutôt que par des PSE pour en éviter les contraintes

L’attractivité de la France prônée par Emmanuel Macron, « France is back », n’est pas vraiment l’option prise par le groupe suisse Nestlé qui a très mal choisi son calendrier médiatique en annonçant une fois de plus un désengagement de l’Hexagone.

Les 400 suppressions de postes à l’horizon 2020, annoncées en comité de groupe le 25 janvier dernier, visent une fois de plus le territoire français. Cela s’ajoute à la longue liste des désengagements industriels du groupe suisse en France.

  • Entre 2012 et 2016, les effectifs sont passés de 16 770 à 12 350 CDI, soit une baisse nette de plus de 4 000 CDI. Même volonté du groupe de rationaliser ses activités sous la pression des actionnaires. L’intersyndicale observe qu’à chaque cession d’activité, les salariés transférés perdent gros car les repreneurs ne sont guère regardants socialement et Nestlé n’assume pas ses responsabilités envers eux alors que le groupe est encore présent dans les joint-ventures (Froneri, Lactalis...) issues de ces cessions.

Aujourd’hui, tout s’accélère. Après ces longues listes de désengagements industriels, ce sont les services supports des sièges et des centres de recherches qui sont visés.

Fin 2017, annonce de la fermeture du centre de recherche Galderma Nestlé Skin Health de Sophia Antipolis : 450 emplois supprimés et 100 transférés à Lausanne. Idem pour le siège de Galderma à La Défense où 90 emplois doivent aussi rejoindre la Suisse. L’activité de recherche et développement, toujours nécessaire au projet de réorganisation de l’activité, sera externalisée un peu partout dans le monde.

Concernant les 400 suppressions d’emplois liées au projet mondial « Nestlé business excellence (NBE) » qui viennent de s’ajouter, 300 sont déjà identifiées dans la structure. Elles concerneront pour 80 % le siège de Noisiel et les sites de soutien (Auzainvillliers, Bron et Garons) et pour 20 % les sites industriels. Ces derniers verront le volume d’emplois de leurs fonctions de support fortement diminuer puisque 10 % de ces effectifs seront supprimés. Certains métiers sont littéralement sacrifiés. Pour la seule fonction des ressources humaines, 40 % des effectifs (soit 130 emplois sur les 330 existants) seront détruits en France. Mais, comme on a besoin d’eux pour faire la sale besogne, la direction, magnanime, a annoncé qu’ils partiraient en dernier ! Sordide...

Ces annonces étaient attendues depuis plus d’un an et demi puisque le groupe Nestlé avait largement communiqué dans la presse qu’il n'allait plus orienter sa stratégie vers la croissance mais vers le développement de sa rentabilité, pourtant déjà parmi la meilleure des grands groupes multinationaux, avec l’ambition de gagner 2 points d’ici 2020.

Ce projet d’économie initié par le groupe suisse se fera entièrement aux dépens des salariés. Il consiste à regrouper et à concentrer toutes les activités transactionnelles « sans valeur ajoutées » au niveau mondial sur de grosses plates-formes interconnectées. En Europe, le marché français est de loin le plus gros contributeur aux résultats du groupe. C’est aussi le marché sur lequel se concentrent le plus de salariés. Pourtant, le groupe a décidé qu’aucun de ces « centres de compétences et administratifs » de services partagés ne seront basés en France. Des pays tels que l’Ukraine et le Portugal se prêtent bien mieux aux économies salariales et la Suisse est aussi choisie pour la facilité des procédures en cas de fin d’activité.

En France, l’intersyndicale est engagée dans un processus de négociation sur deux projets en un !

Afin de résoudre l’équation de la réduction d’effectif sans trop faire de vagues, la direction de Nestlé en France a rajouté au projet NBE celui du regroupement des 5 sièges parisiens en un même lieu en Île-de-France.

Ce lieu aurait pu être le siège actuel de Noisiel abritant déjà la majorité des salariés (1 500), mais sous le couvert clinquant de vouloir créer « le premier pôle français d’expertise agroalimentaire », Nestlé a choisi Issy-les-Moulineaux.

Ce projet va permettre de combiner l’optimisation des 400 suppressions de postes de NBE et la diminution des autres effectifs car il faut craindre que bien des salariés actuellement localisés près de Noisiel ne feront pas le difficile et coûteux voyage vers Issy-les-Moulineaux.

  • Pour preuve, les 78 départs enregistrés (sur 200) il y a à peine 3 ans quand la division d'alimentation animale (Purina) a été transférée de Ruel-Malmaison à Noisiel. Aujourd’hui, cela ne pose aucun problème à la direction de Nestlé d’annoncer à ces salariés qui viennent tout juste de réorganiser leur vie autour de Noisiel qu’ils doivent repartir !

Aujourd’hui, l’intersyndicale est très inquiète sur plusieurs points.

  • Jusqu’où ces projets de rationalisation des activités et des marques vont-ils emmener l’effectif du groupe Nestlé en France et avec quelles compétences les exigences économiques vont-elles être assurées si « la matière grise » du siège de Noisiel ne suit pas le déménagement ?
  • Dans quelles conditions vont travailler les 12 600 salariés de Nestlé ces trois prochaines années pour assurer la continuité de l'activité dans un contexte de refonte complète des services de support et des manques d’effectifs liés au déménagement ?
  • Quel va être le coût réel de ce double projet pour Nestlé en France, avec quelles sanctions de la direction du groupe à Vevey si la rentabilité exigée n’est pas au rendez-vous (l’exemple de Galderma n’est pas rassurant) ?
  • Quel sera l’avenir du site actuel de Noisiel une fois le déménagement réalisé ? Là non plus, à part sa mise en vente, rien n’est annoncé. Que deviendront les centaines de salariés qui travaillent comme sous-traitants sur ce site ? Ce volet du projet est important car il peut être source d’opportunités pour ceux qui ne pourront pas partir à Issy-les-Moulineaux.

Face à ces défis, l’intersyndicale ne perçoit aucun signe positif. La négociation engagée au niveau du groupe est laborieuse. Un accord de méthode à minima a été trouvé fin 2017 mais a il a essentiellement porté sur les moyens et le cadre de la négociation sans engagements sur des principes.

Après de nombreux rendez-vous de négociation, l’intersyndicale fait le constat que le planning est sans arrêt rallongé, que la direction ne respecte pas ses engagements de transparence et de loyauté inscrits dans l’accord de méthode car elle ne nous fournit pas les informations nécessaires qui nous permettraient de compléter nos contre-propositions.

Les enjeux de cette négociation sont énormes et la direction de Nestlé en France, en ayant la volonté de passer par un accord de groupe plutôt que par des PSE par entreprise, cherche à en éviter les contraintes et vise la facilité. Nous n’en sommes pas dupes et il va falloir que la direction s’engage fermement sur un principe de « zéro départ contraint et respect du volontariat strict » à la fois pour NBE et le déménagement si elle veut espérer aboutir à un accord de groupe.

Communiqué de l’intersyndicale Nestlé en France
Contacts :
CFDT - Christophe Kauffmann, secrétaire du comité de groupe de Nestlé entreprises SAS / 06.60.35.62.32
CFE-CGC - Valérie Gayte, coordonnatrice SNI2A CFE-CGC du groupe Nestlé en France / 06.27.63.42.94
CFTC - Daniel Loget, coordonnateur CFTC du groupe Nestlé en France / 06.70.57.38.34
CGT - Olivier Almera, représentant syndical CGT du groupe Nestlé en France / 06.83.49.84.70
FO - David Ledoussal, coordonnateur FO du groupe Nestlé en France
/ 06.60.18.24.73
UNSA - Yves Bonifay, représentant syndical UNSA du groupe Nestlé en France.

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